Aujourd'hui j'étais décidée à aller rendre visite à mon père. Ca faisait quelques jours que j'étais à Londres et je n'étais toujours pas aller à l'hôpital où il travaillait. Abygail essayait tant bien que mal de me forcer à ne pas y aller mais aujourd'hui j'irais le voir avec ou sans elle, je m'en fiche. J'avais besoin de réponses aux multiples questions que je me posais et tant pis si je souffrirais. Je préfère une vérité qui fait mal qu'un mensonge qui me rend heureuse. Au moins je serais fixée et tant pis si je suis déçue ou si je souffre. De toute façon j'ai l'habitude depuis dix sept ans, bientôt dix huit. J'avais besoin d'une présence paternelle, surtout depuis que j'ai sur pour mon problème au vagin. Peut être que lui il pourrait m'aider vu qu'il travaille dans un grand hôpital et que c'est un médecin très reconnu. J'avais quand même trouvé son nom sur google. Bon c'est vrai que j'avais eu des grands parents formidables mais maintenant j'avais besoin de quelqu'un d'autre, d'un père. Et là j'allais le retrouver. Je ne savais pas encore ce que j'allais lui dire mais je trouverais bien. Sous le coup de l'émotion il y aura sûrement un grand silence mais avec mon fort caractère, j'allais lui en balancer des choses !

J'arrivais au grand hôpital de Londres. Je filai directement vers l'accueil pour savoir où je pouvais trouver Hilton Colins. La fille, très gentille, me répondit que je pouvais le trouver au cinquième étage au laboratoire. Apparemment il est tout le temps là bas, il y passe tout son temps là bas. Parfait ! J'espérais qu'il soit tout seul pour pouvoir lui parler en tête à tête et lui balancer tout à la gueule. Je parcourais l'hôpital et pris l’ascenseur qui me mena directement au cinquième étage. Je demandais à une infirmière qui passait par là où était le laboratoire et elle me dit un truc compliqué. Je dis que j'avais compris mais bon je me perdis. Au bout d'un quart d'heure j'ai trouvé. Je toquais et rentrais et là je vis ce fameux Hilton qui devait être mon père. Alors c'était lui ! Je m'approchais tout doucement sans piper mot et lui dis quand j'arrivais vers lui :

Hilton ?

Et je ne dis plus rien étant prise par l'émotion qui me submergeait.

J'étais arrivée dans le laboratoire comme me l'avait dit la jeune femme. Hilton, soi disant mon père, était là accoudé à son bureau. Je le dévisageais, j'essayais de voir quelques ressemblances avec Aby ou même moi. C'est vrai que je possédais quelques traits de mon père ainsi que la couleur des cheveux. Une tonne de questions hantait mes pensées mais là devant lui je ne savais pas quoi dire, aucun mot ne sortit et un grand silence s'installa entre nous. Je restais bouche bée devant lui. En plus, lui il n'avait pas l'air de me connaitre. Il n'avait alors jamais eu de nouvelles de nous, pas même de ma mère morte à notre naissance ? Je lui en voulais, j'étais en colère contre lui, comment pouvait il nous avoir abandonné, d'abord ma mère et ensuite ma soeur et moi. Finalement, je croisais les bras devant ma poitrine et m'approchais de plus en plus de lui. Je commençais par lui dire :

Que puis je faire pour vous ?! Vous vous foutez de moi. Je suis votre fille, vous savez celle que vous avez abandonné. Vous êtes un lâche, vous avez laissé ma mère se débrouiller toute seule avec cette grossesse.

Voilà ça c'est dit, et pourtant je n'avais pas fini. Mais bon il fallait qu'il digère ce que je lui avais dis. En plus étant plutôt impulsive, je laissais beaucoup les mots dépassés ma pensée. Mais là je voulais vraiment qu'il comprenne que ce qu'il avait fait c'était mal, très mal. Au lieu qu'on est des vrais parents, Aby et moi, on s'est faite élevée par nos grands parents. Les pauvres, ils en ont vu des vertes et des pas mûres avec nous. Et normalement ça aurait dû être lui de supporter tout ça. D'un côté j'avais envie de sympathiser avec mon père mais d'un autre côté, j'avais envie de lui jeter toutes les pourritures à la gueule et le détester à en crever. En attendant, j'allais lui dire toutes les vérités en pleine face, tout ce qu'il avait loupé. Ca se trouve, il ne savait même pas qu'il avait eu deux filles et en plus de ça des fausses jumelles. Oui d'ailleurs c'était même sûr. Mais là, j'allais lui rappeler le temps perdu, toutes ces années passées loin de nous.

Alors là il me prenait maintenant pour une menteuse. Ce n'était pas croyable. J'avais fait tout ce déplacement de Paris jusqu'à Londres, ce n'était pas pour rien. Je m'étais très bien renseignée avant de partir. Je voulais être sûre de ne pas changer de vie pour du vent. Il fallait que je sois sûre que ce soit mon père. Sur internet on m'avait donné toutes les informations que je voulais, j'avais même vu sa photo étant donné que c'était un grand scientifique qui faisait des recherches sur la médecine. En arrivant dans l'hôpital Saint James, j'avais demandé à une infirmière où je pouvais trouver le docteur Colins. Et quand j'entrais dans son bureau, je l'avais bien reconnu. Alors j'étais formelle, je ne m'étais pas trompée sur son compte. Après je ne connaissais aucun autre médecin de cet hôpital alors j'étais sûre que c'était lui et puis il fallait tout de même respecter un certain âge. Si l'autre Colins était plus jeune que lui, il n'allait pas me faire à huit ans non plus, ce ne serait pas très très logique. Et puis c'était sûr qu'il disait qu'il n'avait pas d'enfants, en même temps il nous avait abandonné comme un lâche, comme le dernier des enfoirés en fait...

Assumez au moins ce que vous avez fait. Vous avez planté ma mère comme ça avant même de nous connaitre. En fait, vous êtes peut être un médecin de renom mais vous êtes le dernier des bons pères.

Puis sa dernière question me tilta. Pourquoi me demandait il comment je m'appelais ? Peut être qu'il s'était renseigné sur nous ou alors qu'il avait essayé de prendre de nos nouvelles pendant notre enfance mais mes grands parents avaient bloqué les lettres. Non je ne sais pas, je ne pense pas. Il ne sait même pas qui je suis, il l'aurait tout de suite su quand j'étais rentrée dans la pièce. Il ne fallait pas que je me fasse des faux espoirs, je serais très vite déçue. En fait Aby avait raison, j'aurais jamais dû venir à Londres pour le voir. Mais je ne l'avais pas prévenue que j'étais ici, à ce moment même. Je répondis tout de même à l'homme en face de moi qui me servait accessoirement de père :

Je suis Beth De Rohan. Ca vous dit peut être quelque chose.

J'employais un ton plutôt sévère.

C'était incroyable ! Je n'en croyais pas mes yeux et mes oreilles. Il me prenait pour une menteuse, comme si j'inventais toute cette histoire ou que je me trompais de personne. Je m'étais bien renseignée avant de venir pour savoir si je n'allais pas me tromper de personne. J'avais bien observé sa photo sur internet, son nom ainsi que son prénom pour être sûre que ça soit bien lui. Et oui c'était bon, je l'avais enfin trouvé et il était devant moi. D'ailleurs, je possédais quelques traits de son visage, c'est incroyable. J'avais vu de nombreuses photos de ma mère mais jamais de mon père et je vous avoue que ça fait drôle de l'avoir en face de moi. Mais bon, apparemment il avait besoin de plus de preuves comme quoi j'étais sa fille. Rien que mon nom le fit changer de couleur. D'un seul coup il devint blanc comme un cachet et il commençait à trembler. Ah enfin ! Il se rendait compte de l'erreur énormissime qu'il avait fait. Eh beih, il en avait mis du temps. En tout cas, j'étais contente de le faire réagir un petit peu. Il se croyait dans sa petite vie parfaite de chirurgien célibataire (ou non ?) et bah non, il avait deux filles sur le dos.

Oui je suis bien la fille de Deborah De Rohan. Ca vous en bouche un coin hein ?!

Je ne savais pas si je devais rire de plaisir ou pleurer de retrouver mon père. En tout cas, ça y est il voyait le mal qu'il avait fait il y a dix neuf ans maintenant. Et en plus je n'avais pas fini de lui en mettre plein la gueule, il le méritait. D'ailleurs là où il allait plus souffrir et en prendre plein la gueule, ça sera quand il verra Abygail. Elle est bien pire que moi ! Et là sans m'en rendre compte, j'avais dis "nous". Ah j'allais le faire souffrir encore un petit peu plus. Je pris un sourire narquois tout en croisant les bras devant ma poitrine.

Et oui nous sommes deux. Maman a accouché de jumelles.

Hilton ne s'y attendait pas à ça. D'ailleurs j'en rajoutais bien une couche.

Et elle est morte quand elle nous a mis au monde.

Je baissais la tête et j'étais à la limite de pleurer maintenant. C'est fou ce que des pensées peuvent faire. Je ne voulais pas me ressasser ce mauvais souvenir. Je me sentais coupable de la mort de ma mère. Après tout si elle nous avait pas mise au monde, elle serait toujours de ce vivant.

Cela devait être un choc pour lui d'apprendre qu'il avait pas une mais deux filles. Déjà rien qu'une c'est totalement bouleversant alors deux, tu tombes à la renverse. En tout cas je lui balançais bien à la figure qu'il nous avait abandonné et que ce n'était qu'un lâche. Je voulais le faire culpabiliser car c'est ce qu'il méritait. Je voulais lui montrer que c'était horrible ce qu'il avait fait : abandonner une femme qu'il aimait juste parce qu'elle était enceinte. Non mais franchement, c'est monstrueux de faire ça. En tout cas, avec Abygail et moi il allait regretter de ne pas s'être protégé il y a dix huit ans. Il va souffrir avec nous comme il nous a fait souffert. Je pouvais voir sur son visage qu'il ne savait pas comment prendre la nouvelle, s'il fallait qu'il nous intègre à sa vie ou non, ou quoi faire avec nous.

Eh oui comme quoi à l'école on ne vous avait pas assez rabâché qu'il fallait vous protéger. Ecoutez, on a déjà vécu sans vous donc on peut continuer de vivre sans vous. Maintenant on va être des adultes, on n'a plus besoin de personne et notamment d'un père.

Pan ! Ca c'est fait ! Je voulais lui faire mal au coeur comme lui il nous a fait mal durant toute notre enfance ainsi que notre adolescence. Puis enfin il m'avoua qu'il pensait que ma mère allait avorter. Je ne savais pas comment ça c'était passé avant que ma soeur et moi nous naissions mais je pense que ça n'avait pas dû être facile pour elle tous les jours. En tout cas, je savais quelle était la fin de la phrase d'Hilton et je ne m'empêchais pas pour le lui cracher à la gueule :

D'avorter. Si vous vouliez tellement qu'elle fasse ça, fallait l'accompagner jusqu'au bout au lieu de la laisser faire toute seule.

Et maintenant il s'excusait, encore heureux. On dirait qu'il se sentait coupable de la mort de ma mère. Mais parler de sa mort me faisait rappeler de mauvais souvenirs. Je ne voulais pas lui montrer que j'étais triste c'est pourquoi j'avais baissé la tête. Lorsqu'il s'approcha de moi, je ne pus m'empêcher de relever la tête et de m'écarter un peu plus de lui. Puis je recommençais à prendre mon air sévère :

Au pire le mal est fait maintenant.

Je voyais que j'avais complètement déstabilisé cette homme, il tremblait de tout son corps et il ne savait pas quoi dire ni comment réagir. En même temps c'était plutôt choquant de voir une adolescente se pointait devant toi et te dire que tu es sa fille. Mais je n'avais pas fini dans les révélations. Il fallait rattraper dix huit ans de vie aussi, j'avais une tonne de choses à lui dire notamment ma malformation mais je pense que c'était un peu trop tôt pour lui en parler. Déjà, il fallait qu'il accuse le coup qu'il avait deux filles et que son ex petite amie était morte lors de l'accouchement. Mais je voulais qu'il ait mal, qu'il ait peur car c'est tout ce qu'il méritait, il ne me méritait pas, ah ça non, jamais je voulais l'avoir dans ma vie. La présence de mon père, je voulais l'avoir avant, maintenant c'était bien trop tard. Il tenta - peut être - de faire une blague mais je ne trouvais ça pas drôle.

Et là, alors que je ne m'y attendais pas, Hilton me dit qu'il voulait assumer son rôle de père, qu'il voulait être près de ma soeur et moi. Je ne voulais pas de sa présence, absolument pas, il ne nous méritait pas. Et si j'étais là c'était pour une autre raison : mon problème au vagin. Bon j'étais curieuse de savoir qui était mon père et je voulais lui en mettre plein la gueule pour évacuer toute la rage que j'avais en moi. Finalement, je lui avais tout dit et j'avais été bien plus gentille que ce que je le pensais. Avec Abygail, ça ne serait pas la même et là il pleurera limite. En tout cas, il n'avait pas à me dire ça, pas à me dire qu'il voulait continuer sa vie à nos côtés car on ne voulait pas. Et puis j'allais le rembarrer tout de suite, il voulait faire le père modèle mais ça ne lui allait pas du tout à la peau.

Vous vous prenez pour qui ?! Non, je ne veux pas de vous, ni moi, ni ma soeur. Pour nous vous n'êtes rien. Vous vouliez nous tuer et maintenant vous voulez poursuivre la vie avec nous, c'est du grand n'importe quoi. Je ne suis pas venu à Londres pour vous, je suis venue pour autre chose. Enfin bref, tant pis, c'est le cours de la vie. Sur ceux, je m'en vais.

Je commençais à prendre mes clics et mes clacs et partir comme j'étais venue.