Depuis mon retour à Londres j'avais l'impression que plus rien n'était comme avant, peut-être était-ce mon long exil New Yorkais qui m'avait changé … allez donc savoir. Déja que je trouvais pénible de faire mon deuil de Rebekka, d'autant plus que je ne pouvais m'empêcher de culpabiliser, je devais composer avec une version de Londres qui me semblait des plus étrangères … en effet je ne reconnaissais plus cette ville qui – pourtant – m'avait vu naître , ajoutons à tout ceci la détresse qui m'animait en assistant à la lente agonie de ma mère … il y avait de quoi y perdre son latin.

J'avais passé une partie de la journée au chevet de ma mère , à l’hôpital, avant de devoir me rendre au bureau afin de me pencher sur le dossier d'un client médecin poursuivi pour faute professionnelle, j'avais bon espoir de le sortir d'impasse mais ce n'était pas gagné d'avance. Malheureusement pour moi j'avais donné congé à mon assistante ce qui fais que j'avais du me résoudre à me taper tout le travail de recherche, alors que je tentais vainement de dénicher un élément pouvant faire preuve de jurisprudence … j'étais à l'affût du moindre détail pouvant le permettre de faire innocenter mon client et au final j'avais trouvé un truc qui allait – peut-être - militer en notre faveur.

Au final lorsque je finis par éteindre mon ordinateur je m’aperçus qu'il était près de 20 heures , lorsque je levai les yeux en direction de mon horloge, et je sortis de mon bureau enfilant ma veste. Arrivé au stationnement je me glissai derrière le volant de ma voiture et je conduisis jusqu'au centre-ville, je commençais à avoir faim et connaissant mes talents culinaires il était mieux que je laisse faire les professionnels. Me stationnant à l'entrée du Leicester Square , je me rendis en empruntant la voie piétonnière au Venezia … je dois avouer que la bouffe italienne était mon péché mignon. Arrivé sur place je souris à l'hôtesse et comme je n'étais pas accompagné et que l'endroit semblait bondé de client j'acceptai de patienter au bar en attendant qu'une table se libère … j'allais bien pouvoir m'enfiler un verre ou deux histoire d'oublier ce qui pouvait bien me tracasser.

Une nouvelle journée se levait notre chère capitale : Londres... La ville de tous les rêves. On peut dire que j'y ai passé ma vie. En effet, j'étais née ici à l'hôpital saint James d'ailleurs et aujourd'hui j'y travaillais. Était-ce l'ironie du sort? Je ne sais pas mais une chose est sûre j'aimais mon métier et pour rien au monde je ne voudrais l'échanger. La vie n'avait pas toujours été des plus gentille avec moi mais je m'efforçais de sourire a la vie quoi que cela m'en coutais. J'aimais ma vie, j'avais un bon boulot, des amis géniaux, une famille en or... Il ne me manquait plus que l'amour pour être totalement heureuse et épanouie. En parlant d'amour, on ne peut pas dire que je suis des plus gâtées en ce moment.

J'étais en arrêt de travail depuis deux petites semaines maintenant. Pourquoi vous demanderez vous sûrement... Eh bien figurez vous que je sors d'une fausse couche... J'étais enceinte de presque quatre mois... J'allais connaître le sexe de mon bébé mais mon corps en a décidé autrement... Il n'en voulait pas et j'étais des plus malheureuse face a cette épreuve... Je tenais tellement a être maman et pour moi ce bébé représentait bien plus qu'une simple coucherie mais l'amour que je ressentais pour son père. Bref, pour me distraire, je décidais en cette soirée étoilée de me rendre dans l'un de mes restaurants préférés de la ville... J'adorais la cuisine italienne et ce pays me faisais toujours rêvé... J'espère qu'un jour j'aurais l'occasion d'y aller. Alors que je rentrais dans le restaurant afin de chercher la table que j'avais réservée pour mon amie et moi, j'entendis mon téléphone sonna... C'était cette amie en question qui me posait comme qui dirait un lapin. J'avançais alors vers ma table... Je n'allais pas me priver d'un bon restaurant a cause d'elle après tout. Puis en m'avançant près du bar je vis un jeune homme de dos qui ressemblait a celui qui faisait battre mon cœur... - Cedric, si tu savais comme tu m'as manqué lançais-je en posant ma main sur son épaule puis le jeune homme se retourna et j'eus la surprise de voir que ce n'était pas Cédric mais un autre homme que j'avais aimé quelques années plus tôt... - Julian mais qu'est ce que tu fais là? ajoutais-je choquée de le revoir après tout ce temps sans avoir eu de ses nouvelles...

Il y de ces moments ou plus rien ne va , le genre de moments ou vous avez l'impression que votre univers semble vouloir s'écrouler tel un vulgaire château de cartes, et c'est exactement ce genre de moments qui semblait vouloir meubler mon existence – morne et monotone – ces derniers temps. Il est vrai que depuis la perte – aussi tragique qu'inexplicable – de Rebekka je n'étais plus le même homme, si on ajoute à tout ceci le fait que j'assistais impuissant à la lente agonie de ma mère vous avez les ingrédients d'une profonde dépression de laquelle uniquement la bouteille semblait pouvoir me sauver. Une des choses qui caractérise les alcooliques est le fait que bien qu'ils soient conscients de leur état ils s'entêtent à nier leur problème, pour ma part je ne niais pas mon alcoolisme , bien au contraire, je l'assumais et je tentais d'atténuer ce mauvais penchant de ma personnalité en me consacrant à mon boulot mais bien évidemment lorsque je ne travaillais pas et que je m'ennuyais ferme il m'était difficile de ne pas ressentir l'appel de la bouteille.

Ayant quitté le bureau et commençant à ressentir les effets de la faim j'avais décidé de me rendre en ville afin d'aller manger un morceau à mon restaurant préféré, je dois avouer que les pâtes que l'on y servaient été tout simplement succulentes mais vu la cohue qu'il semblait y avoir on m'expliqua que je devais composer avec une certaine attente et on me proposa de patienter au bar, le temps qu'une table se libère, cette suggestion était des plus providentielles puisque j'avais bien envie de m'envoyer un verre ou deux. M'installant au bar je me commandai un verre de scotch et je commençai à m'y tremper les lèvres lorsque j'entendis une jeune femme s'adresser à moi, tout en se jetant sur moi, elle me prenait pour un Cedric.

Non désolé je ne suis pas votre Cedric

Lui dis-je tout en me retournant afin de lui faire face et c'est alors que je me trouvai face à Faith, je ne savais plus trop quoi penser, il est vrai que notre histoire remontait à loin mais néanmoins – bien que je gardais un souvenir des plus agréables de nos bons moments – je ne pouvais que regretter la fin abrupte de notre relation qui – encore aujourd'hui – me laissait un goût amer. La jeune femme, qui était d'une grande beauté, me demanda ce que je faisais dans cet endroit. Et bien comme le font plusieurs habitants de cette ville je patiente au bar, savourant un verre, en attendant que l'on me déniche une table pour afin pouvoir manger et truc. Et toi?

Je commençais a trouver le temps long... Me sentir si faible et impuissante face au contrôle de mon corps me rendait encore plus malade que je ne l'étais déjà je pense... La vie était faire d'embûches plus ou moins agréable et moi même je sortais d'une période des plus triste... J'avais perdu l'homme que je croyais être l'homme de ma vie, celui qui faisait battre mon cœur et qui m'avais mise enceinte... Et voilà que désormais c'était le fruit de notre amour que je perdais... Un amour a sens unique? Oui sans doute mais pourtant si fort. Une complicité tellement fusionelle qu'il était difficile de croire que cet homme ne ressentait rien pour moi. Cédric c'était son prénom... Et l'espace d'un instant dans ce restaurant j'eus l'impression qu'il était la... Cela devenait une obsession. Je le voyais partout mais c'était bien la première fois que je voyais quelqu'un qui lui ressemblait temps et j'étais comme persuader que ce jeune brun mystérieux c'était lui... Cependant je connaissais cet homme... Julian, mon premier amour... Quatre mois de pur bonheur et pourtant une douloureuse séparation... Cela dit Julian et moi ça avait été une longue histoire... Nous nous sommes aimés d'une façon vraiment forte mais notre passion était tellement forte que la raison devait l'emporter... Et nous devions nous séparer pour prendre l'air...

Une séparation douloureuse qui parfois revenait dans mes pensées. Il est vrai que Julian faisait encore partie de ma vie aujourd'hui mais je savais que lui avait tourné la page. Est ce que j'avais moi même tourné la page? Je pense que oui... Mais le revoir me faisait un léger pincement au cœur... Il n'avait pas changé toujours aussi craquant et j'étais contente de le voir. C'est pourquoi lorsqu'il l'expliqua qu'en réalité il attendait une table je décida de l'inviter a la mienne. Après tout on aurait sans doute un tas de chose a se dire. Peut être même se rappeler le passé... Une soirée en compagnie de Julian me ferais sans doute le plus grand bien... - eh bien je pense que tu as beaucoup de chance. J'ai justement une table de réservée et mon amie a du m'abandonner a cause du boulot. Tu veux te joindre a moi? j'espérais qu'il allait accepter c'est vrai que j'avais on ne peut plus besoin de compagnie... Cela m'évitait de trop penser et puis si je pouvais l'aider a ne pas mourir de faim. - allez viens! Tu meurs de faim et moi aussi... Et puis tu as sans doute des choses a me raconter... A commencer par me dire pourquoi tu es parti sans me donner signe de vie? c'est vrai que son départ m'avais laissé un goût assez amer et j'espérais avoir enfin les explications qui m'avais manqué tout ce temps...