Les journées passaient tellement vite et se ressemblaient toutes. Enfin, les choses s'arrangeaient avec ma fiancé, ce qui me rassurait vraiment. Elle n'acceptaient toujours pas que je rentre si tard, que je lui mente sur ce que je fais et toutes ces petites choses qui font que l'on ait des disputes très fréquentes. Mais bon, je devais faire mon travail et elle devait l'accepter. Ma matinée fut rythmé par une arrestation d'un homme qui a voulu tuer sa femme, une mise en garde à vu de jeunes drogués et une aide apportée à une dame dont le chat était coincée dans un arbre. À croire que c'est notre travail de sauver les animaux. Enfin, peu importe, elle m'avait remercié et tout était rentré dans l'ordre. À midi, j'avais rapidement manger et appelé Chanelle pour lui dire que je rentrerais sûrement très tard. Genre en milieu de nuit en somme. Oui, c'était déjà parti pour des engueulades par téléphone, mais je mis rapidement fin à ceci en lui disant que je devais retourner travailler. L'après-midi fut plus calme, des papiers et dossiers à faire, quelques coups de fils à passer. Mais ça me prit une bonne partie de l'après-midi et le début de soirée aussi.

Mes collègues m'invitaient à manger avec eux où travaillait Eliott. Oui, ils savaient que je voulais encore l'interroger mais je déclinais leur invitation, à leur grande surprise. J'irais après eux, c'était largement plus prudent et je ne voulais pas qu'ils fouillent leur nez dans mon affaire. Mon affaire personnelle d'ailleurs. À la place, je pris un petit sandwich et allait dire bonsoir à ma chérie dans sa boutique. Sa surprise me fit sourire et je passais un petit moment avec elle. Quand elle ferma la boutique – assez tard car elle devait elle tout ranger et nettoyer – elle me demandait si je venais avec elle à la maison. Prétextant une patrouille de nuit, je la laissais partir chez nous après l'avoir embrasser et fais la promesse de la rejoindre au plus vite. Promesse en l'air. Elle le savait, donc bon, c'était bon ainsi. Marchant vers le restaurant coréen, j'attendais un peu plus loin que la salle soit complètement vide. Mes collègues partirent enfin et à voir Eliott réfléchir sur le fait de fermer ou non avec la petite pancarte, je savais qu'il n'y aurait plus que lui et moi.

Avançant vers la porte d'entrée, je l'ouvris, entendant la sonnette si familière. Son sourire me fit automatiquement sourire. L'odeur de fumée ne me dérangeait pas le moindre du monde, au contraire, ça donnait une partie vivante au restaurant. « Je ne serais pas contre un dessert en effet » dis-je en prenant place au bar. Place habituelle, proche de lui. C'était ainsi depuis le début que l'on se fréquentait. Enfin, que je le suivais à vrai dire. S'il savait que j'avais des suspicions sur des meurtres dont il serait le commanditaire ? J'en doute fortement. Retirant ma veste, je restais avec mon costume "chic" que j'avais pour mon service. Regardant la salle, je fis mine de remarquer seulement maintenant que l'on était seul, juste lui et moi. « Il ne reste plus que toi et moi à ce que je vois » lui soufflais-je. En espérant que personne ne rentre d'ici quelques heures. Je comptais bien lui faire avouer ou rien que sous-entendre quelque chose. Ce serait une telle victoire ! Mais je ne voulais pas trop me précipiter non plus, donc j'attendais patiemment, calmement, calculant chaque chose. Comme un bon flic doit le faire, toujours tout anticiper, même l'imprévu.

Oui, je l’épiais l’air de rien. En même temps, il paraissait si simple, si normal dans le reste de la foule que mes suspicions avaient été directement dirigées sur lui. Au fond de moi, je savais que j’avais raison, qu’il avait un lien avec mon affaire à laquelle j’aimerais mettre un terme au plus vite. De cette façon, je pourrais être enfin libérer et malgré le fait qu’il soit très mignon et désirable, je le mettrais sous les verrous et ce serait terminé pour toujours. Malheureusement, je n’en étais pas encore là. Pour le moment, je venais manger tranquillement et apparemment, il n’en avait pas plus que ça à faire que je vienne lui tenir compagnie. Enfin, vu la façon dont il a de me parler, au contraire, ça lui fait de la compagnie. Sa remarque me fit rire. Ah oui, du sucré dans un café, très peu pour moi. Certains – comme Eliott – trouvent ça horrible, et d’autres – comme moi – adorent et en raffole. C’était comme la tisane ou le thé. Bref, passons. « C’est une habitude, et si le café est bon, pas besoin de masquer le goût avec des tonnes de sucre. Sinon, ça ne sert à rien de prendre du café, autant manger le sucre directement » Je le regardais partir en cuisine. Bien sûr, ma curiosité me pousserait à le suivre, mais autant ne pas trop montrer que j’avais des soupçons sur lui. S’il le savait ? Aucune idée et je m’en moquais. Il ne pourrait pas me cacher la vérité très longtemps.

Sentant l’odeur des beignets, je souris un peu, regardant la salle déserte à laquelle j’étais familiarisé depuis le temps. Je ne venais de toute façon jamais quand il y avait trop de monde. Dans ce genre de moments, je ne pouvais pas parler avec lui car il avait trop de travail, trop de clients, alors je venais tard le soir. Ce qui valait la peine, j’aimais bien sa compagnie et même si en contre partie, je passais moins de temps avec Chanelle, c’était pour le bien de mon enquête. Enfin, c’était ce que je m’étais convaincu à force. Quelques minutes plus tard, il revient avec mon dessert, ayant laissé mon café refroidir un peu pendant ce temps. Je mangeais doucement et avec appétit, le regardant de biais manger sa glace. Peut-être, je dis bien peut-être que je trouvais le coréen très beau et sexuellement attirant. Je dis bien peut-être ! En même temps, je suis fiancé à une femme merveilleuse alors coucher à d’autre à gauche, j’avais fait un trait dessus depuis que je sortais avec ma petite amie. La tentation – je dois l’admettre – n’avait pas été aussi forte depuis très longtemps. Certains trompent leur femme avec des femmes … Mais je ne pourrais pas.

Avec un homme, c’est différent même si ça revient au même au final. On trahit la personne que l’on dit aimer avec une autre qui nous attire surtout physiquement. Est-ce mal si je couche avec ce garçon pour savoir des informations sur lui ? C’est immoral, mais si ça arriverait … Je ne sais même pas à quel point ça me pèserait sur la conscience. Beaucoup je suppose. Qu’importe. Son sourire me faisait immédiatement penser à lui. Juste à lui. « Exact. Ce n’était pas vraiment beau à voir, mais on cherche encore la personne responsable » Je doutais que ça puisse être lui. Il n’en aurait sûrement pas parlé si c’était lui. Ou bien étais-ce un stratagème. Je ne voulais pas parler de mon travail ce soir, je voulais essayer d’avoir des informations sur lui, rien de plus. Autant ne pas trop dévier sur d’autres sujets. Mon regard croisa le sien, descendant à peine pour regarder la cuillère qu’il aspirait dans sa bouche. Un frisson incroyable me parcourut. « Je dors assez, sinon je ne viendrais pas ici le soir aussi tard » Mensonge, mais ça n’avait pas d’importance.

Son rire me fit sourire. Il avait cette attitude de dragueur, de vouloir savoir pourquoi j’étais là. « Peut-être que j’aime ta compagnie, Eliott » Je souris, le fixant intensément. « Pour ce qui est de l’héroïne, ce n’est pas vraiment mon truc et si tu l’es … Bonne question » Oui, j’allais trop loin. Mais j’avais besoin de faire une pause ce soir, je crois. Continuant de manger, mes yeux ne quittaient plus son regard. Je savais pertinemment qu’une erreur était très vite arrivée, que ça pourrait détruire le couple que j’entretenais avec ma fiancée. Mais je m’étais enrôlé dans ma routine du travail et au lieu de trouver du réconfort avec Chanelle, je venais ici, je lui mentais sur mes horaires de travail, je venais presque à l’oublier … Moi qui pensais mariage, là c’était comme si j’étais revenu quelques années plutôt, sans ma petite femme, juste à l’âge d’Eliott, un éternel coureur qui cherche juste à s’amuser et enchaîner des conquêtes – en particulier avec des hommes. Car oui, je n’avais jamais imaginé un futur avec un homme. Ce n’était pas pour faire plaisir à ma famille, mais la douceur d’une femme m’avait toujours plus conquis que celui d’un homme, bien que j’aie eu des petits amis très doux. Je me demandais si lui l’était, avec ce regard innocent et charmeur à la fois. Cependant, s’il ne tentait rien, je ne ferais rien, c’était sûr et certain.