Depuis l’incident de la soirée d’Halloween, enfin après mon hospitalisation qui dura près d’un mois, je n’étais plus sorti de chez moi sauf pour emménager dans mon nouvel appartement avec Joseph et Dianna. Ayant encore bien mal à mon dos à cause des brûlures, je n’étais pas prêt pour reprendre le boulot. Les chirurgiens m’avaient d’ailleurs parlé de me faire opérer pour faire des greffes. Selon eux, je pourrais retrouver le corps que j’avais avant. Il paraitrait même que je ressentirais moins de douleurs avec le temps. Personnellement je n’y croyais pas trop. Et puis à quoi bon avoir un physique irrépprochable ? Je n’avais malheureusement personne pour qui plaire. Shiobban se fichait royalement si je continuais à me languir ou non pour elle. Enfin bon les sentiments que j’avais pour ma meilleure amie devenaient du passé depuis que la sœur de Sebastian vivait sous le même toit que Joseph et moi-même. Je n’avais encore osé le dire à personne mais j’étais entrain de craquer pour ma colocataire. Comment réagirait mon meilleur ami si je lui parlais de mon attirance pour sa frangine ? Seb ne verrait certainement pas d’un bon œil cette affaire. Lui pour qui sa petite sœur était sacrée, il ne fallait surtout pas y toucher sous peine de bien se faire recevoir si jamais elle souffrait. C’était très compréhensible d’ailleurs. Comment pouvait on faire simplement du mal à une personne comme elle ? Dianna avait tout pour plaire : le physique, la beauté, la gentillesse et j’en passe. Enfin bref. Je ne préférais pas trop me faire des illusions. J’avais de fortes chances pour que mon amour ne soit pas réciproque. Chaque fois que je tombais amoureux, je connaissais le même scénario. Et chaque fois ça faisait encore plus mal. Des moments j’aimerais faire parti de ces hommes au cœur d’artichaut dont rien ne puisse les atteindre. Utopie quand tu nous tiens…

En attendant, ce soir, j’avais eu envie de venir chercher Didi à son travail. Elle avait commencé son emploi aujourd’hui. Et vu l’heure, je n’avais pas trop envie qu’elle rentre seule. Dehors il faisait froid et surtout la nuit était déjà tombée. Le cabinet de vêténaires ne se situait pas très loin de l’appartement. Joseph travaillait encore à l’hôpital et je voulais faire une surprise à la belle brune. En même temps celame faisait ma toute première sortie officielle. Je pris mon manteau et me rendit donc à ma destination.

" – Bonsoir Madame… “

Intéressé par Dianna, je scrutais du regard cet environnement auquel elle allait dorénavant passer ses journées. Au mur il y avait des affiches diverses sur les animaux. De la publicité pour l’antipuce en pipette au tableau des classifications de races de chiens et de chats. Je fus quelque peu surpris de voir un peu plus loin un mur consacré aux animaux dits sauvages. Pendant son observation, une dame était venue me parler. Sans aucun doute la propriétaire ou du moins la gérante des lieux. J’étais comme fasciné par une pancarte sur les lions. En regardant d’un peu plus près, je me disais qu’avoir un gros chat comme ça réellement devant soi devait faire bien peur.

" – Euh… Non ! Je… Je… Oui voilà c’est ça. Je… Euh quoi ? Dianna est déjà partie ? “

J’étais fortement surpris par cela. Soit je m’étais trompé lorsqu’elle m’avait dit à quelle heure elle finissait. Soit Joseph était venu la rechercher plus tôt et qu’on avait eu la même idée sans se consulter. Bref.

" – Dianna Anderson, elle… Elle travaille bien ici non ? Ou alors s’il y a un autre cabinet de vêto dans le coin je ne suis pas au courant. Nous sommes nouveaux dans le quartier en fait… “

Me concentrant plus sur la dame en queston, je me rendis compte que je ne m’étais pas présenté. Entre temps des gens étaient arrivés. Surement l’équipe de nuit car ils étaient partis dans une salle par derrière.

" – Je m’appelle Danyaël. Mais vous pouvez m’appelez Dany. Je… Je suis un des deux colocataires de Dianna. Vous êtes ? “

Lorsqu’Anyah se présenta, je lui souris doucement. Cependant mon sourire s’effaça bien vite lorsqu’elle m’expliqua que Dianna était déjà partie avec son ami. Euh… Quel ami ? Parlait elle d’un seul pote ou bien qu’un petit copain ? Pour l’option numéro une, je pouvais à la limite parier sur Joseph notre colocataire. En revanche si c’était l’option deux qui remportait sur la première, j’en serais très attristé. Si c’était le cas, je n’étais pas au courant que ma belle Didi était en couple. Ce qui voudrait dire que j’étais encore tombé amoureux sans aucun espoir que mes sentiments soient un jour réciproques. J’en avais marre d’aimer sans l’être en retour. Connaîtrais je un jour l’amour ? Honnêtement je n’y croyais plus. J’aimerai tant savoir ce que cela faisait d’être aimé et d’avoir une vie de couple. Je me sentais si seul au point de ne plus accepter mon éternel célibat. J’étais presque prêt à n’importe quoi pour ne plus être seul même si c’était que pour quelques heures. Je disais bien presque parce que je n’étais pas le genre d’homme à m’abandonner dans les bras d’une prostituée. Je voulais connaître l’amour véritable et non le simple plaisir charnel pour quelques sous.

" – Ah ? Euh… Vous… Vous voulez dire qu’elle est partie avec notre colocataire Joseph qui n’est qu’un simple ami pour elle c’est bien cela ? Ou… Ou vous voulez dire qu’elle est partie au bras de son petit ami ? “

Confus, je fronçais les sourcils en baissant les yeux. Rien qu’à l’idée qu’Anyah m’annonce que Dianna n’était plus célibataire m’attristait déjà énormément. Enfin bon cela ne m’étonnerait guère en réalité. La brunette était si jolie qu’elle ne pouvait rester seule indéfiniment. Cet homme qui était sa moitié en avait bien de la chance et j'étais persuadé qu'il ne savait pas à quel point…

Pendant que la patronne des lieux discutait avec son équipe de nuit, je me promenais dans la salle d’attente en observant les affiches. Anyah me rejoignit quelques minutes plus tard.

" – Parait il que c’est beau l’Afrique… “

Mon regard devait se faire rêveur d’un coup. J’aimais bouger et voyager pour découvrir de nouveaux paysages. Mais y aller seul l’envie disparaissait pour laisser sa place à l’amertume. Là encore je me rendais compte que je devais me montrer pitoyable. Depuis que j’avais appris ce que ça faisait d’aimer et de dépendre sentimentalement d’une personne, je ne me sentais plus aussi libre de mes mouvements qu’auparavant. Lorsque j’étais sur le sol américain, je partais d’une ville à une autre sans regret. Depuis que j’avais débarqué ici à Londres et que j’avais rencontré Shiobban – qui fut mon premier amour – je n’avais plus jamais quitté cette ville. J’étais devenu stable géographiquement et même dans le travail. Cinq ans que j’avais le même employeur. En y réfléchissant ça me faisait peur. Je fréquentais les mêmes gens aux exceptions des patients – sauf malheureusement les réguliers – depuis autant de temps. Mon problème pour trouver l’âme soeur était peut être là en fin de compte… Je ne savais pas.

" – Oui je les aime bien mais je n’en ai jamais eu… Et je doute que Joseph et Dianna en veulent dans l’appartement. Quoiqu’en fait je ne sais pas. Vu que Didi est vétérinaire comme vous, c’est qu’elle aime aussi les animaux… “

Penser à elle me faisait mal au coeur. Je ne savais pas comment je devais me comporter envers ma colocataire maintenant sachant que son coeur n’était pas disponible pour moi. Décidément j’étais bien trop naïf de croire qu’un jour une femme pouvait s’intéresser à moi…