Arina et Hilton

« Toute science a la voracité destructrice d'un rite obsessionnel. »

fiche par century sex.

Un nouveau jour se lève sur la ville de Londres et le ciel se pare de milles et une couleur. La jeune Arina prend son petit-déjeuner en silence, habitant seule. Déjà douchée, la belle russe a enfilé un peignoir bleu pâle. Son petit déjeuner achevé, la blondinette dépose le tout dans l'évier. Trop tard pour faire la vaisselle, la demoiselle aime être à l'heure, aussi la porcelaine peut-elle attendre.

Dans sa chambre, la fille aux cheveux d'or attrape les vêtements soigneusement préparés la veille et qui attendaient, posés sur l'accoudoir d'un fauteuil. La russe revêt ces habits puis réunit ses cheveux en chignon avant d'attraper son sac. Dans son entrée, Arina abandonne ses pantoufles sur le tapis pour les remplacer par des bottes à talons de couleur noire. Enfin, l'étudiante en anthropologie ferme sa porte à clés et rejoint sa voiture pour se rendre en cours.

Les yeux observent, les mains courent avec précautions, assemblant de faux morceaux d'os. Le cour d'aujourd'hui nécessite la reconstitution d'un crâne, qui ressemble d'avantage à un puzzle, les morceaux ainsi dispersés. L'exercice plaît à Arina, elle qui veut devenir anthropologue judiciaire, fascinée qu'elle est par Kathy Reichs, une professionnelle reconnue, romancière à ses heures. La russe imagine que ce crâne a été explosé, qu'un meurtre a été commis et qu'il lui faut reconstruire ce crâne, pour découvrir d'autres traces de chocs, liés au meurtre.

La cloche sonne bien trop tôt au goût de la russe, annonçant ainsi la fin des travaux pratiques. La jeune femme se lève à regrets, quittant la salle pour rejoindre les couloirs bondés. Là, Arina attrape son smartphone pour envoyer un petit message à Zéphirine, une fille qui, peu à peu, devient une grande amie. Une fille tout ce qu'il y a de plus normale. Un pied à terre en quelques sortes. C'était à se demander comment elle pouvait apprécier l'étudiante anthropologue.

Soudain, le regard d'Arina s'arrête sur un visage et son cœur rate un battement. Il lui semble reconnaître son demi-frère, là, devant elle, au milieux de la foule. Ce n'est que son imagination mais la belle l'ignore et panique. La russe devient livide et ses jambes flanchent. L'inconscience s'empare alors d'elle et la russe s'écroule sur le sol, évanouie.

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La psyché humaine est chose on ne peut plus curieuse à vrai dire. Quel est donc ce maléfice qui pousse inconsciemment les gens à voir souvent les choses qui peuvent leur faire le plus de mal ? Qu'est ce qui avait bien put pousser Arina à voir son demi-frère alors que celui ci n'était pas là ? Pourquoi son imagination éprouvait elle ce besoin de la torturer alors même qu'elle savait pertinemment que cette vision constituait un véritable choc émotionnel pour la jeune étudiante en anthropologie ?

La demoiselle était toujours inconsciente lorsqu'un médecin se précipita sur elle, entouré de tout un tas d'étudiants curieux de savoir ce qu'il se passait. Lorsque l'homme l'appelait, la demoiselle ne répondait pas. Elle ne bougeait pas non plus d'ailleurs. Alors l'homme prit le partit de la porter, ce que la jeune femme ne sentit pas. Du moins pendant un instant.

Bercée par la marche du médecin, la jeune femme reprend peu à peu conscience. Papillonnant des paupières, la demoiselle les referme vite, aveuglée par la lumière pendant quelques secondes. Lorsque l'étudiante en anthropologie les rouvres, c'est pour voir le visage du Docteur Colins, qui n'est encore pour elle qu'un parfait inconnu. Mais un inconnu qui a eu l'intelligence de s'occuper d'elle, au lieu de l'observer telle une bête curieuse, comme l'avaient fait les étudiants. A croire que ces benêts n'étaient pas en pleines études médicales ! Le docteur ne semble pas avoir vu que la jeune femme est réveillée. De fait, il continu sa marche vers l'infirmerie. Alors la belle blonde se manifeste, pour montrer qu'elle est éveillée.

"- Merci" murmure t elle, songeant que c'est là la meilleure chose à faire.

La belle semble avoir oublié ce qui a provoqué son évanouissement. Mais cette information semble la rattraper bien vite, alors que la belle se met à paniquer. Aleksandr. Elle avait vu Aleksandr dans le couloir. Le fils de sa belle mère. Son violeur. Arina laisse échapper un couinement de terreur. Apeurée, elle murmure.

"- Dîtes moi qu'il n'était pas vraiment là..."

Arina pouvait supporter bien des choses : l'odeur des cadavres qui se décomposent, les corps méconnaissables, déchiquetés, décharnés... Les os brisés, les puzzles humains... Tout ça, ce n'était pas grave. C'était vivable pour elle. A vrai dire, elle faisait abstraction du côté gore de la chose. Mais croiser Aleksandr, c'était tout simplement au dessus de ses forces. Il l'avait violée pendant quatre ans après tout. Une victime peut elle un jour regarder son agresseur en face sans faiblir ? La russe en doute.

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L'homme qui portait la jeune étudiante lui adressa un sourire, probablement désireux de rassurer cette pauvre demoiselle qui semblait bien paniqué, au vu des expressions de son visages et, surtout, des mots qu'elle prononçait. Seulement, le médecin ne pouvait pas savoir de qui la blondinette parlait. Alors pour être efficace et la calmer en lui disant qu'Aleksandr n'était qu'une mauvaise illusion, un mauvais tour de son esprit...

En un rien de temps, la russe se retrouva allongée sur un lit de l'infirmerie et l'infirmière vint la voir alors que son inconnu partait en quête d'un verre d'eau à lui offrir. La professionnelle la questionnait, mais l'étudiante en anthropologie restait de marbre et aucun son ne sortait de sa bouche. Cela lui était tout bonnement impossible de parler. Mais bientôt, le médecin revint et s'installa auprès de la blondinette, la pressant de questions à son tour. Certaines n'avaient pas des réponses très plaisantes, mais soit. Puisqu'il le fallait...

"- Je m'appelle Arina Dimitrovna von Benckendorff et je suis native de Saint-Pétersbourg, en Russie. Je n'ai aucun problème de santé particulier. Si ce n'est une certaine dépression de mes 12 à mes 18 ans, qui n'a été décelée que lorsque j'avais 16 ans."

Douze. Seize. Dix-huit. Les trois âges les plus importants de sa courte vie. Le premier était le début de l’enfer. Le second était la libération, quand enfin Aleksandr avait payé ses crimes. Dix-huit ans, c'était l'âge où la blondinette avait quitté le domicile de son père et sa belle mère, ce qui lui avait permis de se remettre plus ou moins de son adolescence chaotique.

"- Mais ceci n'est plus d'actualité. C'est du moins ce qu'a dit mon docteur la dernière fois que je l'ai vu. Il surveille ça d'assez près, je dirai." reprit telle. La dépression était donc à bannir définitivement des raisons potentielles. Surtout que les symptômes ne correspondaient pas.

"- Oui, je le sais." murmura l'interne-anthropologue d'une petite voix apeurée. "Il... était là. Je crois. Je l'ai vu en tout cas... Aleksandr Petroskiy. Mon demi-frère. Il m'a..." Mais le mot se coince dans la gorge de la demoiselle et une larme coule sur sa joue. "Et cela a duré quatre ans. Très souvent. Trois ou quatre soirs par semaine..." Instinctivement, la belle se coucha de profil, ramenant ses genoux contre sa poitrine, enroulant ses bras autour pour se recroqueviller, les larmes coulant avec plus d'abondance dans une douleur qui reste silencieuse néanmoins. "Je me souviens encore de ses mains. De son parfum. De ses lèvres... Mais surtout, combien je me sentais sale à chaque fois qu'il m'abandonnait enfin... De la douleur de la première fois. J'avais douze ans. Je n'y connaissais encore rien et... Ce fut la pire de toute les fois, même si ce n'est pas ce soir là qu'il a été le plus violent..." déclarât elle à grande peine, se recroquevillant davantage. Comme autrefois. Comme la petite fille apeurée d'antan qui ne comprenait pas très bien pourquoi elle avait si mal. Pourquoi ce frère était si heureux de l'entendre gémir de douleur, supplier qu'il cesse... "Mais peut-être que le pire de tout, en fin de compte, c'était ce sourire satisfait qu'il avait lorsqu'il quittait ma chambre après m'avoir brisé encore une fois..."

Arina, en cet instant, se confiait comme elle le faisait rarement, du moins à ce sujet là qui était on ne peu plus délicat. Mais aujourd'hui, c'était comme un besoin, une nécessité. Sans quoi l'étudiante se noierai dans sa détresse, dans sa douleur. Pourtant, ce médecin ne pourrait pas faire grand chose contre son passé. Il y a de ces maladies que l'on ne peut soigner.

Arina et Hilton

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Le regard bleuté de la jeune femme se posa sur le visage de l’homme alors que ce dernier se rapprochait d’elle. Instinctivement, la blondinette eut un léger mouvement de recul. Si certains garçons arrivaient à entrer dans sa vie, la demoiselle avait tout de même encore un peu peur d’eux en général. Ils étaient fort et elle… beaucoup moins. Enfin, bien sûr elle était plus forte qu’eux dans certains domaines mais cela ne lui serait guère utile. Néanmoins, alors que le jeune homme la mettait en confiance, la belle aux cheveux blonds se rapprocha d’elle-même, notant au passage qu’il avait un regard très doux. Elle comprit qu’il avait de la peine pour son histoire. Peu à peu, alors qu’elle reprenait ses esprits, la jolie russe retrouvait sa force psychologique. Depuis longtemps, la vie lui avait appris que ce qui ne tue pas rend plus fort.

Ainsi donc, il travaillait à St James ? Arina ne l’y avait jamais croisé. Mais c’est vrai que la demoiselle ne sortait guère de la morgue, sinon pour se rendre à la cafétéria ou retrouver quelques amis comme Thisbe ou James. Un laboratoire sur le campus ? Ah bon. Quel genre de recherches effectuait-il ? La belle s’interrogeai là-dessus tout en se disant que quoi qu’il en soit, ce devait être très éloigné de son propre sujet d’étude.

Il passait sa main dans ses cheveux en se relevant et la jeune femme nota qu’il était séduisant. Moins qu’un certain interne qui ne prêtait pas attention à elle, du moins de ce qu’elle en croyait, mais séduisant tout de même. Samuel Hilton Colins. Soit. Cela ne l’avançait pas beaucoup mais il lui semblait avoir déjà entendu parler de lui. Un instant de réflexion. C’était en cours. Oui, oui, en cours, on leur avait parlé de lui, il y a quelques semaines ! Le professeur avait alors mentionné le fait que le docteur Colins travaillait sur les lieux.

«- Nous n’étions pas si proche. Il est le fils aîné de ma belle-mère. Ma propre maman est morte en couche. Et depuis le mariage de nos parents… Il me détestait, me faisant toutes les misères du monde alors que je ne répliquais pas. Je n’en ai pas parlé à mon père ou à ma belle-mère mais… il y a eu procès, grâce à mon meilleur ami qui a découvert la chose. Ici, quelques étudiants sont au courant. Parce que j’en ai parlé à certains et que… Les journaux ont fait le reste. Je… fais un peu de mannequina depuis l’an passé alors… l’affaire est ressortie. Mais oui, j’ai des gens à qui parler. Néanmoins je… je vous remercie de votre attention.» murmura t elle, les yeux rivés sur le mur lui faisant face.

La jeune femme cessa de parler, ne sachant que dire de plus. Après tout, y avait-il vraiment encore quelque chose à dire à ce sujet ? Non. Il lui semblait avoir tout dit et c’était mieux ici. Raconter cette histoire était toujours quelque chose de très dur. C’était en partie pour cela que la demoiselle n’en parlait pas très souvent. Le passé devait parfois rester bien planquer, pour que le présent puisse être.

«- J’imagine qu’il n’y a rien que je puisse faire pour éviter de perdre à nouveau connaissance comme cela a été le cas aujourd’hui ?» s’informa t elle avant de changer de sujet. «- Pourriez-vous… me parler un peu de vos recherches ? De ce qui vous fait aimer votre travail ?»