Perdu dans un épais brouillard sans jamais retrouver mon chemin.. Voilà la phrase qui me définissait le mieux à l'heure d'aujourd'hui.. Je n'avais encore jamais été dans un été pareil ne serait-ce que quelques secondes. Je me sentais si mal, vulnérable et tellement.. Perdu.. Tout ce qui autrefois avait un sens pour moi, en avait désormais plus.. C'était si étrange et si perturbant à la fois. Comment mon monde si parfait avait t-il pu changer, basculer en une fraction de seconde par quelques mots énoncés par une jeune fille qui m'était inconnue! Je ne saurais dire, je n'avais même pas la réponse, j'étais incapable de réfléchir. C'était le vide total, le néant, j'avais perdu tout faculté de raisonner, d'analyser les différents éléments pour ensuite les mettre en relation et ainsi trouver le résultat tant attendu!

Je me trouvais, allongé, dans mon salon sur mon magnifique fauteuil en cuir blanc. Qui avait l'idée de poser ses pieds sur un fauteuil qui avait coûté un prix exorbitant??? A par un homme à qui on n'avait retiré de force toute logique.. Plus rien n'avait de sens de toute façon.. Le téléviseur fonctionnait, légèrement dans le vide, je ne l'avais pas regardé une seule fois et je n'avais pas non plus touché à la télécommande. Pourquoi? Qui pouvait le dire.. Mon regard fixant le mur depuis déjà des heures, je n'avais pas dormi de la nuit. J'étais comme emprisonné dans le passé, me remémorant ce fameux jour où cette fille m'avait annoncé sa grossesse. Je n'avais que quinze ans, j'étais un vrai irresponsable et je couchais avec tellement de fille pour le plaisir.. Mais jamais, au grand jamais je n'aurais imaginé que l'une d'elle aurait pu porter un enfant de moi.. Et pourtant, cela était arrivée et j'avais agi tel un vrai salopard, la laissant avorter sans moi. C'était une belle erreur. Mais replaçons dans leur contexte, qu'avait été réellement l'erreur? Le fait que je ne l'avais accompagné moi même se faire retirer sa grossesse ou peut-être parce que j'avais essayé de savoir comment elle avait vécu cette épreuve découvrant qu'elle avait finalement accouché ou le fait d'avoir abandonné mes enfants, les laissant sans un père??? Je ne pouvais répondre à ses questions, je saurais même pas par où commencer..

Cela faisait déjà cinq jours que je n'avais pas fermé les yeux. Je restais immobile dans ce fauteuil, dans le noir qui plus est.. Je ne m'étais pas non plus rendu à Saint-James, me faisant porter comme disparu. La nouvelle m'avait bouleversé.. J'étais père et cela depuis déjà dix-sept longues années. J'étais toujours autant choqué, je n'y croyais pas, je ne voulais pas y croire en fait. C'était si, inattendu, si soudain, si improbable bien trop gros pour être vrai. Et pourtant, c'était la réalité. J'avais pris la décision de me lever et d'affronter la dure réalité. Je devais prendre mes responsabilité et arrêter de fuir et chercher désespérément des explications rationnelles à la situation. Je devais revoir mes filles et discuter avec elles. Je devais me comporter en adulte responsable et surtout être un père pour elle. Fini, de descendre des litres et des litres de whisky, seul, dans le noir.. Je devais reprendre et maintenant.

Je me levais alors, prenant la direction de ma salle de bain. J'avais une tête à faire peur. Je pris une douche rapide avant de me rendre dans ma chambre et d'enfiler quelque chose de simple pour une fois. Une chemise blanche, une cravate noir, un cardigan rouge ainsi qu'un jeans noir et des chaussures italiennes noires. Pas de costume cravate aujourd'hui. Bref, je me regardais dans la glace, j'avais meilleur mine mais pas assez encore à mon goût. Je m'étais rendu au parc, histoire de marcher un peu. Je n'avais même pas pris la peine de prendre mon Hybrid pour venir, la marche était bien plus recommandée. Je réfléchissais encore à la situation, à ce que je pouvais dire aux gamines. Je savais que tout cela ne serait surement pas très facile. Elles me détestaient toutes les deux, dont une plus que l'autre mais c'était mon devoir de rétablir la situation. Je marchais toujours, laissant mes pas me guider lorsque je reconnus une jeune femme assise sur un banc, seule. Un sourire parcouru mon visage. C'est vrai, nous n'avons jamais été en bon terme mais quoi de mieux qu'un peu de compagnie.. Mademoiselle .. Lui dis-je debout devant elle, une main dans les poche. Puis-je me joindre à vous? Ajoutais-je avant de m'asseoir sans attendre sa permission. Je la regardais simplement avant de me mettre à l'aise sur le banc, regardant les passants. On s'ennuie, Stanburry??

Mon esprit était ailleurs depuis déjà quelques jours. Il s'était absenté, cédant sa place au fantôme du passé, un passé qui m'avait aujourd'hui rattrapé. Un passé dont je n'avais pas conscience jusqu'à présent et qui avait désormais pris des proportions auxquelles je ne m'y attendais pas et qui avait à jamais transformé ma vie. Il était temps de se réveiller et d'affronter la réalité. J'étais père désormais et je devais désormais me conformer à mes nouvelles fonctions aussi difficiles soient elles je n'avais guère le choix. Enfin si, j'en avais un mais j'avais décidé de ne plus fermer les yeux et de les ouvrir pleinement, de prendre mon rôle au sérieux et de vivre pour mes filles, de leur apporter tous ceux dont elles avaient besoin et plus encore. J'étais un homme nouveau à parti de maintenant même si j'avais assez mal pris la nouvelle, fuyant Saint-James sans un mot, me terrant dans le noir de ma salle de séjour, une coupe de cheveux des plus horribles, en boxer et je ne savais quoi d'autre autour de moi. Bref, j'étais parti laissant ma demeure dans un état des plus pitoyables..

Je m'étais donc réfugié au parc, j'avais besoin d'air frai en plus de me reprendre. Et quoi de mieux que d'apprécier la belle vue des enfants qui couraient un peu partout dans le parc, des gens qui discutaient de tout et de rien, des personnes âgées qui donnaient à manger aux pigeons.. Bref, des banalités certes, mais j'avais besoin de me ressourcer un peu? C'est la que j'aperçus une personne qui m'était familière. Une jeune urgentiste du nom de Shiobban, ses airs farouches, rebelles et si impulsifs me plaisaient énormément. Elle n'avait rien d'une fille plate, raide, sans ambition ni caractère. Elle avait tout d'une femme dominatrice, sûre d'elle et c'est ce qui faisait son charme même s'il fut un temps où elle me sortait par les yeux. J'avais donc pris place à ses côtés sans attendre la moindre réponse sa part. Je sortis mon Sidekick, venant tout droit des Etats-Unis, consultant mes mails alors que la jeune femme venait de se lever. Je me frottais les yeux lorsque je vis le nombreux impressionnant de mail que j'avais reçu durant mon absence. Je soupirais avant de voir la jeune femme revenir.. Je ne pensais pas qu'il serait possible surtout pour une personne telle que vous de vous ennuyer aux urgences.. Les affaires à traiter dans ces services sont assez juteuses en plus d'être goûteuses.. Lui dis-je avec un sourire aux lèvres. Il n'y avait pas que les urgences qui donnaient envie, les lèvres de la belle aussi.. Tellement de cas à découvrir, c'est une palette infinie de sujet à exploiter.. Je ne disais que la vérité après tout le métier d'urgentiste ne laissait que très peu de place à l'ennui. Il fallait être réactif, prendre les bonnes décisions au bon moment. Il n'y avait pas de place pour les paresseux mais que pour des personnes qui se donnaient à fond. Certes, c'était épuisant mais tout travail est récompensé à la fin, nous sommes tous gagnants..

Je regardais les gens passer quand la belle brune me rappela ce fameux jour dans cette ascenseur. Un sourire parcourut mes lèvres.. Décidément, j'aurais tout fait dans cette vie, il fallait que je me reprenne et cela rapidement. Mais malgré tout, cet épisode fut plaisant et assez inattendu. Je n'aurais jamais pensé embrasser la jeune femme, nous nous détestions à ce moment et pourtant le fait d'avoir été enfermé dans ce petit espace, l'impression d'étouffer, de manquer d'air et d'autres facteurs qui avaient joué, nous avions échangé un baiser des plus passionnés. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait fallu que la porte de l'ascenseur se décide enfin à s'ouvrir lorsque nos deux lèvres étaient encore collées l'une à l'autre. Je sortis de mes pensées lorsque je vis la jeune femme se tenant juste devant moi. Je l'observait quelques secondes avant de lui répondre. Je n'ai jamais pensé une telle chose, ma chère Shiobban.. Vous n'êtes pas de ces femmes-là..

Je pris par la suite le ticket qu'elle me tendait, le regardant brièvement avant de lui jeter un regard interrogatif. Avait-elle l’intention de m'embarquer dans la grand roue, là maintenant?? Je n'en avais pas très envie, j'étais très bien installé sur mon banc à rien faire. Mais mon avis l'importait guère puisqu'elle prit ma main dans la sienne me traînant jusqu'à l'attraction. Je traînais un peu des pieds. je ne voulus me débattre mais vraiment, je ne tenais pas à monter la dedans.. Tu ne préférerais pas une barbapapa, il y a plein de sucre la dedans et c'est bien plus attractif qu'une grand roue qui ne fait que tourner alors qu'une bonne barbapapa c'est bon et plus extrême.. Mon discours n'était pas très recherché à vrai dire mais Shiobban n'avait pas l’intention de me laisser filer aussi facilement. Notre tour vient enfin, je la regardais, lui souriant légèrement devant son enthousiasme et pris place dans la nacelle. Je lui tendis ma main pour l'aider à me rejoindre. Nous étions fin prêts pour un tour ou deux.. Je la regardais à nouveau, j'aimais l'entendre rire. J'avais même remarqué qu'importe ce que je faisais, la jeune était toujours entrain de rire. C'était plaisant et cela me donnait à moi aussi l'envie de me ressaisir et de sourire à mon tour. C'est pourquoi je lui lançais avec un regard ravageur et charmeur.. Stanburry, j'ai parfois la nette impression de réveiller en vous des désirs farouches enfuis au plus profond de votre être par de simple parole de ma part ou même une simple expressions. Vos rires sont une douce mélodie à mes oreilles, on pourrait les comparer à des jouissances des plus plaisantes pendant l'acte.. Vous fais-je autant d'effet?