- Au moment de retirer la tumeur une hémorragie interne au niveau de son artère coronaire a commencé et nous n'avons rien pu faire, toutes mes condoléances ….

Je baissais légèrement ma tête pour regarder mes pieds et surtout pour ne pas voir les yeux du mari qui avait perdu sa femme. Elle était jeune, d'après le dossier que je venais de lire, elle se prénommait Ariane et elle n'avait que vingt et un ans. Je suis peut-être un robot pour mes collègues, mais j'avais des sentiments, et la perte de ce cas ne me laissait pas indifférent. Ils rêvaient de profiter de la vie américaine, ah oui ! Ils avaient comme projet de partir aux Etats-Unis pour y fonder une famille. Le mari n’arrêtait pas de complimenter sa femme, sur sa mine épanouie, '' non tu n'es pas pale " Bien sur que si qu'elle l'était ... Mais je me taisais. C'est beau à savoir, ses informations que tu enregistres à peine lorsque tu prépares le patient alors que lorsque la fin est tragique tout te revient en pleine poire sans te prévenir. C'est douloureux et vraiment énervant de ressentir un trou pareil.
Et c'est bien pour ça que je ne forme pas de liens avec les patients, je leur explique la procédure et leur montre le chemin de la guérison sans prévoir que la mort avait décidée de passer ce jour-ci !
C'est bien trop chiant et ça ne sert à rien de s'attacher aux gens malades, ça ne vous apporte que le mal être ! Votre travail n'en ressort pas meilleurs !
Quelques minutes après avoir posé mon regard sur le mari effondré par la nouvelle, je lui répétais « Toutes mes condoléances » avant de partir de la chambre, le regard vide. Je n'avais pas envie de faire quoi que ce soit à ce moment là, alors je partis me réfugier dans une salle de repos épuisé par la journée ! Adossé contre la porte, je regardais la pièce sombre, j'étais apparemment seul, je penchais ma tête pour regarder le plafond avant de regarder tout devant moi : le mur. Je m'affalais finalement sur un canapé, me laissant partir dans les bras de Morphée ! Quelques secondes plus tard, Philipp entra dans la salle de repos. Je soupirais vaguement en le regardant d'un air triste.

- Laisses moi, je ne dors pas ! Ma journée est pourrie, ma vie est pourrie et je déteste les titulaires ! Dis-je replongeant ma tête dans mon oreiller avant de dire la face dans le coussin. Dis moi que ta journée est aussi pourrie que la mienne ! Se redresse et le regarde. Consoles moi !

J'étais rentré dans la salle de repos pour pouvoir me reposer après avoir travaillé quarante huit heures d'affilés. Mais je savais que cette salle de repos était toujours blindée, j'aurais peut être dû aller à mon étage c'est à dire le quatre. Mais bon, j'avais bien fait d'aller à la salle de repos ici puisque je vis mon meilleur ami. Pour l'embêter un peu je décidais d'aller lui sauter dessus pour le réveiller et de l’assommer avec un coussin. Apparemment, il n'allait pas très bien. Je savais qu'en le voyant comme ça il se passait quelque chose, que ça ne tournait pas rond chez lui. Sami faisait parti de moi, il était comme mon âme sœur. En un seul regard on se comprenait. Je m'assis alors près de lui, restant droit comme un piquet. Quand il allait mal, j'allais mal et inversement. Alors là, je fis disparaitre mon sourire de mon visage et l'écouta. Il avait dû passé une journée de merde genre un patient mort ou quelque chose comme ça. Il avait besoin de consolation et j'étais là pour lui. Je lui dis alors, me tournant vers lui :

T'inquiètes pas, moi aussi ma journée est pourrie et j'aimerais bien qu'elle se finisse. Les titulaires sont des ignobles personnes qui nous laissent faire le sale boulot alors qu'eux ils ont tous les privilèges. La vie est injuste ! Mais bon ne t'inquiètes pas un jour on deviendra les meilleurs chirurgiens de Saint James Hospital et même de Londres. Tout le monde nous enviera et sera à nos pieds.

Ca y est avec Sami on était parti dans la déprime totale comme quoi cet hôpital c'était de la merde, tout le monde était méchant avec nous et que de toute façon un jour on serait les meilleurs de cet hôpital. Avec Sami on était comme ça. On se retrouvait toujours pour parler de nos problèmes, se confier et surtout se plaindre pour se faire consoler après. Oui oui on était des vrais gamins. Mais bon, j'adorais ces moments avec lui. Lui seul pouvait me comprendre et ressentait ce que j'éprouvais. J'essayais de lui conseiller du mieux que je pouvais, faire mon rôle de meilleur ami.

Qu'est ce qu'il s'est passé exactement ?

C'était bien beau de rigoler mais je voulais vraiment savoir ce qui tracassait Sami.