Les journées passaient et se ressemblaient toutes. Malheureusement d’ailleurs, mais mon esprit était complètement occupé comme ça. Même si ça entraînait qu’entre Chanelle et moi, l’ambiance devenait de plus en plus … tendue. Enfin, je me vidais la tête comme je le pouvais. La matinée avait été longue et ennuyeuse dans la ville. Il ne s’était absolument rien passé. Pas que je sois triste qu’il n’y ait aucun meurtre ou ce genre de choses, mais j’aimais l’action, peut-être trop par moment. Enfin bon, pas besoin de m’éterniser sur ce sujet. En mangeant, je me rendais compte que l’heure avançait à une vitesse folle. Finissant mon repas rapidement, je repris la route. Je devais encore patrouiller cette après-midi, mais je changeais complètement de décor. Et j’en étais ravi. Certes, le coin où j’allais était un terrain abandonné pas très fréquentable, mais au moins, je pourrais trouver quelque chose d’intéressant par là-bas. Des drogués, des dealers, des ventes d’armes, j’en avais vu beaucoup par là bas. Ce n’était pas mon but d’emmener au poste tout un fourgon de délinquant mais mon travail me l’imposait. Faire régner l’ordre dans les règles de l’art me plaisait affreusement.

Voyant le terrain vague de loin, je ne voyais pour le moment pas grand chose. Oui, je m’y rendais seul. Mais j’avais assez d’expérience pour le faire et à l’inverse de la plupart des gens qui venaient ici sans s’informer, j’avais du réseau. La première fois que j’étais venu y faire un tour, j’avais déjà repéré ce qui pourrait m’être vital. Sans plusieurs coup de fils que j’avais pu passer pendant ces six dernières années, j’aurais pu bon nombre de fois me faire tuer. Un frisson traversa mon corps. Car oui, le plus grand problème avec ce boulot, c’était de garder sa vie intacte et de ne pas non plus avoir de grandes blessures. Une chance pour moi que je n’ai jamais rien eu de grave. Surtout ces deux dernières années, car ma fiancée vivait déjà assez mal que je fasse ça, alors si je rentrais blesser … Je secouais la tête en essayant de ne pas y penser. Je devais me concentrer, coûte que coûte pour ne pas arriver à fatalité.

M’approchant encore, je voyais quelques personnes se balader, tranquillement. Mais qui n’allait pas vers ce terrain à l’abandon. Et j’y arrivais enfin. Je balayais l’endroit du regard, faisant attention à n’importe quelle branche qui bouge, débris qui fait du bruit ou quoique ce soit d’autre. Jusqu'à ce que je vois une personne. Une fille, pensais-je. Je ne voyais pas son visage sous ce chapeau mais ce bras tendu en l’air me parut suspect. Faisait-elle signe à quelqu’un ? Prenant mon courage à deux mains comme toujours, je garais ma voiture et vins vers cette personne. La main sur mon arme, j’étais prêt à dégainer à n’importe quel moment. Méfiant, je lançais un « Retournez vous mademoiselle s’il vous plait » à quelques mètres d’elle. Regardant les alentours, je ne voyais rien de dangereux, mise à part cette femme sous mes yeux. Je restais à une distance raisonnable, toujours aussi sur la défensive.

Étrangement, à cette distance, cette femme me disait quelque chose. En même temps, avec toutes les brunes que je connaissais, c'était un peu logique. Mais je ne devais pas me fier aux apparences. Ne baissant pas mes gardes pour le moindre du monde, sachant que c'est le meilleur moyen de se faire tuer, je gardais mon arme pointée vers elle, prêt à retirer la sécurité et faire feu si cela doit se dérouler ainsi. Un pas encore en avant et elle se retourna. Ces traits me paraissaient si familiers, c'était troublant. Jusqu'à ce qu'un voix retentisse d'entre ses lèvres. « Julian? Tu vas pas me tuer, enh? Je sais bien que je suis dans un quartier louche et tout ça, mais je suis pas une criminelle, tu le sais bien! Je suis juste une idiote qui s'est perdue. Comme d'habitude. Et puis mon téléphone capte pas. » Mon arme se baissa doucement. « Thisbe ? » demandais-je prudemment. La voyant se rapprocher davantage et constatant que c'était effectivement elle, je rangeais mon arme avant de la serrer doucement contre moi. Si je m'attendais à la trouver ici ! « Excuse moi pour l'arme, mais c'est un endroit assez mal fréquenté, donc je suis sur mes gardes » dis-je en guise d'excuses. « Non, je ne te tuerais pas, quelle idée » Un léger rire passa la barrière de mes lèvres, avant de reprendre mon sérieux.

Me décollant un peu d'elle, je la regardais quelque peu curieux et surpris de la voir ici. « Comment as-tu atterrit ici ? Si c'était pour faire du tourisme, tu t'es vraiment perdue, c'est certain » la taquinais-je un peu. Je voyais mal quelqu'un se perdre sans faire attention dans ce quartier. Les terrains abandonnés ne sont pas des endroits très appropriés pour des femmes comme mon amie. J'avais déjà vu des gens se perdent ici, mais intentionnellement. Pour voir des dealers ou d'autres revendeurs de tout et n'importe quoi. Bizarrement, avoir pointé mon arme sur elle me rappelait le même incident survenu entre Chanelle et moi l'autre soir. Épuisé, je lui avais aussi collé une arme sous les yeux. Me faire pardonner n'avait pas été bien compliqué, mais là, c'était la seconde fois et en plus vers une femme. J’espérais juste qu'elle ne serait jamais au courant, ma vie en dépendait.

Souriant à Thisbe, mon portable me rappela à l'ordre. Je m'excusais rapidement et pris l'appel. Je rassurais mon interlocuteur en lui disant qu'il n'y a rien de grave aux terrains vagues, juste une amie à moi égarée. Raccrochant, je lui proposais mon portable. « Si tu veux passer un appel urgent, n'hésite pas » Je ne savais pas si elle avait essayé d'appeler un taxi ou un ami, mais vu que ça ne devait pas faire juste une demi heure qu'elle était ici, quelqu'un pourrait s'inquiéter pour elle. Autant proposer gentiment. « Tu veux que je te ramène chez toi ? Ou autre part d'ailleurs » Regardant l'heure, j'avais un peu de temps si jamais elle voulait aller boire un café ou quoique ce soit d'autre. Autant la rassuré le plus possible d'avoir du rester seule, sans aucun réseau dans ce trou à rats. Elle avait de la chance que je l'ai retrouvé avant une personne mal intentionné. Je ne lui dirais pas – quoique je me doute qu'elle soit au courant – que j'ai déjà retrouvé beaucoup de corps sans vie ici. Et principalement des jeunes femmes bourrées de charisme. Ne pas l'affoler avec ce genre d'histoire serait une merveilleuse idée, autant éviter qu'elle ne fasse de quelques heures des cauchemars affolants. Personne n'a besoin de subir ça à part moi.