”I have something to tell you ...”

J'avais eu l'autorisation des médecins pour sortir, ce soir et retrouver l'espace d'un moment une vie normale. Heureux, je me levai et m'habillai en mettant un simple shirt gris avec une chemise à carreaux par dessus, qui me servirait de veste, ainsi qu'un jeans légèrement troué que j'adorais porter. J'avais fait ces trous à l'époque où je faisais du skateboard ...Ça remontait à loin, disons! Maintenant, à cause que j'avais perdu quelques livres, je devais resserrer au maximum ma ceinture pour ne pas que mes jeans tombent à mes chevilles. C'était ridicule mais bon, ce n'était pas non plus la fin du monde!

Souriant, je me regardai quelques secondes dans la glace et, légèrement blessé par ce que je voyais, fit une moue en touchant à mes énormes cernes sous mes yeux vitreux et en glissant mes doigts le long de ma mâchoire qui, avant, était doté de bonnes joues en santé. Maintenant, mon visage était presque entièrement creusé par la maladie et me donnait limite le profil d'un anorexique. Pinçant mes lèvres, je soupirai et pris mon sac de médicaments en le mettant sur mon dos, avant de quitter ma chambre sans jeter un regard derrière pour la voir une dernière fois.

Comme je n'avais plu d'appartement et qu'il était déjà l'heure d'aller au boulot, je m'y rendis en prenant le bus. Malheureusement, celui-ci était chargé de gens donc je ne pu m'asseoir, mais en même temps cela ne m'embêtait pas réellement. Je pouvais me sentir comme les autres et au contraire, ça me rendait heureux. Ainsi, je pouvais voir tous les visages. Comme c'était bon d'être en compagnie de gens du quotidiens! Souriant de bonheur, je m'agrippai au barreau lorsque le bus s'arrêtai à ma station, et débarquai en le remerciant gentiment de vive voix.

Apparemment, Lil était déjà arrivée car les portes étaient ouvertes et une file commençait déjà à se faire le long du mur de l'entrée. Lorsque le gardien me vit, un large sourire apparu sur ses lèvres suivit d'une énorme et virile accolade. Il était si fort qu'il m'écrasai complètement, mais d'un autre côté, ce câlin digne de Hulk Hogan était si bon que je ne m'en plaignis pas. Je le serrai à mon tour dans mes bras en disant «Eeeeh! Tu m'as manqué!» et il m'ébouriffai les cheveux comme si j'étais un gamin de six ans en disant «Ouais, à moi aussi, vieux! Aller, dépêches toi! Lil a déjà prit de l'avance sur toi!» puis il me sourit en me poussant légèrement dans le dos, vers l'intérieur.

Voir ce lieu me rappelai de nombreux souvenirs épiques. Avec Lil et Annabelle, les soirées dans ce bar passaient comme à la vitesse de l'éclaire, tant c'était amusant! Nous avions tous une bonne chimie ensemble, et cela m'avait manqué. Du coin de l'oeil, je vis déjà Lil servir des clients en leur souriant de façon charmante, comme si elle désirait les séduire pour avoir un peu plus de pourboire. Souriant à mon tour, je la reconnue ainsi. De plus, ce qu'elle portait ce soir allait grandement l'aider dans son projet! Bon sang qu'elle était sexy! Il faut dire qu'elle savait parfaitement comment se mettre en valeur, cette fille. Elle était réellement douée!

Discrètement, je décidai donc de m'avancer sans qu'elle ne m’aperçoive et déposai mon sac sous le comptoir avant de passer derrière elle et de la serrer par la taille rapidement en poussant un «Waaaah!» afin de lui faire peur. Rigolant, je la regardai d'un air fortement amusé avant de dire «Salut toi! Alors, on joue de ses atouts ce soir?» et de désigner sa tenue d'un geste du doigt, sourire moqueur au coin des lèvres. Elle m'avait tant manquée que je ne pus m'empêcher de la resserrer dans mes bras une seconde fois, toujours aussi souriant et heureux. Je soupirai de bonheur par la suite avant d'enfin la relâcher et de la regarder droit dans les yeux pour ensuite lui faire une grimace et servir mon premier client de la soirée. Elle allait sans doute être surprise de me voir. bien sur, j'avais demandé au patron de ne rien dire sur la raison de mon absence afin d'inquiéter personne alors la sachant curieuse, je m'étais tout de même préparé mentalement à un déferlement de questions. J'avais peur de ce moment, mais je ne croyais pas pouvoir durer longtemps sans lui avouer la vérité. Ça allait être éprouvant, mais je savais qu'elle n'allait pas se contenter que d'une faible réponse évasive. Elle était beaucoup plus persistante qu'elle ne laissait paraître!

”I have something to tell you ...”

Revenir en ce lieu, l'espace d'une soirée me ferai le plus grand bien, j'en étais certain! Surtout de revoir mes collègues de travail. Ils m'avaient tous tant manqués! Surtout Lil qui, je savais, allait être là ce soir. Bon sang que j'aimais cette fille, malgré le fait que je savais qu'elle se droguait parfois. Je dois dire que je trouvais cela assez déstabilisant, mais n'empêche, elle était un peu comme la petite soeur que je n'avais jamais eu. Dans ma tête, je devais la protéger ou du moins, faire office d'une bonne personne sécurisante pour elle. Cependant, le fait que je ne lui ai pas donné de nouvelle depuis un long moment allait me nuire, c'était presque évidant!

Après lui avoir fait peur par derrière, je commentai gentiment ses vêtements, je rigolai doucement à ce qu'elle venait de me dire et hochai oui en disant «Ouais, c'est clair! T'es sexy comme tout! Tu vas te faire au moins ...Aaaauuu moiiiins cent dollars, comme ça!» puis lui fit mon plus beau sourire en regardant dans mon shirt et en disant «Tu crois que si je me faisais un décolleté du diable comme le tien, j'aurais autant de pourboire?» puis, trêve de plaisanterie, je la serrai tout contre moi dans une étreinte douce et réconfortante. Elle m'avait manqué, et je sourie lorsqu'elle me dit qu'elle aussi s'était ennuyée de moi. Les joues rougit par la joie, je lui glissai à mon tour à son oreille «Moi aussi, Lil ...» avant de frotter son dos rapidement et de la relâcher pour servir mon premier client de la soirée.

Jusqu'à présent, tout se passait bien. Certes, parfois j'avais des baisses d'énergies qui duraient quelques secondes, même minutes quelques fois, cependant, je tentai toujours de les dissimuler sous une autre activité. Je lui laissais beaucoup plus de clients qu'à la normale et me contentait de laver le comptoir lentement afin de reprendre des forces, et ainsi je pouvais continuer sans trop de peine. Lorsque je vis dix personnes arriver en même temps par contre, je l'aidai à prendre et faire les commandes, non sans passer à côté d'elle parfois en faisant semblant de vouloir lui ébouriffer les cheveux, question de lui faire un peu peur. J'adorais la faire marcher ainsi. Ses expressions faciales me tuaient à chaque fois! Lorsque ce fut plus calme, je retournai laver le comptoir et j'eus un sourire en entendant le nouveau cocktail du jour qu'elle venait d'inventer. Judlil. C'était mignon, il faut dire! Une fois le client parti, j'allai la voir subtilement par derrière et fit claquer mon linge à vaisselle humide sur ses fesses, rapidement. Comme quoi les bonnes habitudes ne s'oublient jamais! Je la regardai ensuite d'un air carrément moqueur, les yeux brillants et la bouche entre ouverte en un sourire machiavélique puis à ce moment, j'entendis notre patron nous dire «C'est votre pause! Prenez quinze minutes!» Sans me faire prier, je repliai le linge à vaisselle, le mit contre la porte d'armoire et demandai à Lil «Tu viens dehors avec moi?» Sans doute qu'elle allait vouloir fumer et comme je n'avais pas cette addiction, j'allais la suivre, tout simplement. Comme au bon vieux temps!

J'attrapai ma veste que j'avais accroché non loin de la salle des employés et reprit mon sac avant de le mettre sur mon dos, tenu par une seule épaule et partir à l'extérieur. J'adorais mon boulot mais après quelques heures, ça faisait du bien de se retrouver loin de la musique beaucoup trop forte pour les oreilles. J'allais m'asseoir contre le mur de la bâtisse, loin des clients qui fumaient devant la porte de celle-ci et me mit à contempler les étoiles qui brillaient par milliers au dessus de ma tête, en attendant ma collègue qui ne tarderait pas venir me retrouver. J'étais angoissé puisque je savais que son questionnaire n'allait pas tarder à m'assaillir mais d'un autre côté, après lui avoir dit j'allais sans doute être un peu plus détendu. Du moins, je l'espérais grandement. Mes mains étaient moites de nervosités quand je la vis s'asseoir près de moi et d'un geste naturel, je la serrai contre moi d'un seul bras, comme un grand frère l'aurait fait à sa petite soeur. Voulant tout d'abord porter la conversation sur elle, je lui demandai d'un ton curieux «Alors, quoi de neuf avec toi, ma petite Lil chérie!? Quelqu'un dans ta vie?» puis je la regardai, un sourire rassurant et doux en coin, réellement intéressé à connaître ce qui lui était arrivé ces derniers temps. Ça faisait un bail quand même, qu'on ne s'était pas vu!

”I have something to tell you ...”

Si les génies existaient réellement, je serais parti à la recherche d'une lampe magique pour ainsi la frotter trois fois et demander de m'enlever cette maladie de merde une bonne fois pour toute afin que je puisse reprendre ma vie là où je l'avais laissé, quelques années plus tôt. Ainsi, je pourrais continuer à aller au boulot à tous les jours, m'amuser avec Lil et Annabelle, sortir Kimberly ailleurs que dans le parc de l'hôpital, jouer au basket ball avec James jusqu'à épuisement total pour ensuite aller manger un gros hamburger en sa compagnie. Je pourrais faire tout cela sans penser que j'entraverais ma santé déjà précaire. Sans avoir peur de faire un geste de trop qui me coûterait la vie.

Hélas non, ils n'existaient pas et pour cela, je devais continuer ainsi, à marcher doucement à côtés des yeux en faisant attention de ne pas en faire éclater un au passage. Le sol sous mes pieds était constamment couvert de mines prêtes à exploser au moindre mouvement brusque. Je devais redoubler d'efforts pour faire attention à ma santé. Ne pas sortir sans avoir mit une veste par dessus mon shirt ou mon pull, ne pas manger trop gras, boire beaucoup d'eau, respecter le couvre feu de l'hôpital ...C'était carrément chiant, mais c'était obligatoire.

Seulement, pour le moment j'avais eu le droit de sortir, et je me réjouissais de revoir ma Lil d'amour qui m'avait tant manqué. Elle ne savait rien, pour l'instant ...et même si je désirais plus que tout me taire, je savais qu'elle devait connaître la vérité sans quoi, elle m'en voudrait énormément. Lorsqu'elle me dit qu'elle m'inviterait à sortir si elle gagnait autant de pourboire, mon sourire s'affaibli l'espace d'un moment, par contre. Sortir? Si au moins je pouvais boire ...Si au moins je ne devais pas rentrer après le boulot ...mais, sans la regarder, je hochai de la tête en souriant faiblement et en rigolant doucement tout en disant «Ouais, non ...J'crois pas. Il me manque quelque chose de primordial pour avoir un décolleté comme le tien ...» puis je plaquai rapidement mes mains sur mes pectoraux en relevant ma tête vers elle et en disant d'un air enjoué et un sourire moqueur aux lèvres «Des seins!» avant de lui faire un clin d'oeil et de retourner à mes clients. Je savais qu'elle allait prendre cela comme un défi, par contre. Elle adorait lorsque je lui en lançais, à l'époque. Cela l'amusait énormément et elle réussissait souvent son coup, en plus! Voir la fierté sur son visage lorsqu'elle y arrivait m'emplissait toujours de joie. Je voyais en elle une bonne fille, sympathique, charmante et bourrées de talents, même si elle s’acidulait avec des drogues fortes. J'étais inquiet pour cela, et si je pouvais au moins savoir pour quelle raison elle avait commencé, je me disais que je pourrais peut-être l'aider ...mais cette petite était autant discrète que moi sinon plus. Elle était un livre fermé sur tous le monde ...Sans doute une carapace qu'elle s'était forgée par le passé. J'espérais bien qu'un jour je puisse percer celle-ci et trouver le problème pour enfin pouvoir le résoudre ...

Plus la soirée passait, plus je me sentais fatigué, et plus j'avais hâte que la pause arrive. Je me sentais quelque peu étourdi et mes jambes devenaient lourdes. Je fus donc ravi lorsque le patron nous signalai que nous pouvions prendre quinze minutes, et sans plus tarder, j'invitai Lil à l'extérieur afin de prendre de l'air, tout en prenant mon sac avec moi et en sortant. J'enfilai ma veste avant de m'asseoir contre le mur de la bâtisse et attendit mon amie qui ne tardai pas à sortir. Cependant, quelque chose me troublai rapidement. Elle était là, à me fixer ...Cigarette non allumée entre les doigts. Je savais qu'elle allait ma mitrailler de questions. Mon coeur se mit alors à battre rapidement contre ma poitrine, et je me mis à fuir son regard brûlant en tentant d'observer au loin ce qui se passait. Lorsqu'elle reprit parole par contre, je ne pus m'empêcher de la fixer, les yeux grands ouverts. Elle me disait carrément qu'elle n'avait personne d'autre que moi dans sa vie. Comment était-ce possible? N'avait-elle pas d'autres amis (es)? mais au moment où les questions se mirent à me bombarder, j'en eu littéralement le souffle coupé l'espace d'un moment. Mon regard s'abaissai à mes converses et je me senti mal. Croyait-elle vraiment qu'elle n'était pas importante pour moi? Je réussi à hocher non de la tête en poussant un petit soupire entre mes lèvres et en fermant les yeux. J'avais peur de lui répondre. Peur de sa réaction. Je craignais que ce soit trop pour elle et qu'elle décide de couper complètement les ponts avec moi. J'étais terrifié à l'idée de la perdre à tout jamais ...Comme j'avais déjà perdu quelqu'un d'autre, par le passé ...

Le coeur battant la chamade et la respiration accéléré par cela, je relevai lentement ma tête et murmurai presque de façon inaudible «Lil ...Je ...» et je m'arrêtai rapidement en sentant ma gorge se serrer avant de fermer mes yeux afin de me concentrer et de dire «Tu comptes réellement beaucoup pour moi et ...J'ai moi aussi besoin de toi mais ...» puis, sentant la honte monter en moi, je me replaçai quelque peu, agacé par la situation en me passant par la suite une main rapide dans les cheveux. Si je devais le dire, cela devait être rapidement sinon jamais j'y arriverai ...Alors d'un coup, d'un seul je dis «J'ai la leucémie, Lilwenn.» puis marquai une pause considérable suite à cette annonce. Tout ce que je pouvais entendre à cet instant étaient les battements rapides de mon coeur qui sonnaient aussi dans ma tête, ma respiration accélérer, les bruits de la ville et les rires alcoolisés de nos clients. Cependant, une chose m'importait plus que tout ...La réaction de mon amie. Je n'osais pas relever le regard vers elle de peur de la voir en larmes ou je ne savais quoi. Je restai donc là à regarder le sol, dans l'espoir qu'elle prenne elle même la parole en premier. La peur me fit commencer à frissonner et, par réflexe, j'avançai mes jambes vers moi en collant mes genoux contre mon torse tout en entourant celles-ci de mes bras. Cette position cocon m'était rassurante, en ce moment. Je sentais que j'avais besoin de me retenir à quelque chose ...ou à quelqu'un ...mais ne sachant pas comment elle allait réagir, il n'y avait que moi-même pour me retenir de ne pas tomber. Je me rattachai alors en serrant très fort entre mes doigts mes pantalons, tout en regardant en direction opposé d'elle en attendant qu'elle ne fasse un mouvement ou dise un mot ...ou une phrase ...ou un monologue. Je ne pouvais répondre à d'autre questions en ce moment. Comme ...pourquoi ne lui avais-je pas donné de nouvelle? La peur. La peur ...tout simplement. J'en étais réellement désolé ...et le rouge à mes joues démontrait parfaitement mon malaise devant cette situation. J'avais besoin d'elle ...et je ne voulais pas la perdre ...Ça non ...J'avais plus que jamais envie de pleurer, mais je devais combattre cela. Je détestais pleurer en publique ...Ça me donnait l'air ridicule. Néanmoins, malgré moi, quelques larmes avaient commencés à faire son chemin, me laissant un regard vitreux et pleins d'eau que je refusais par dessus tout de laisser couler contre ma peau.

”I have something to tell you ...”

J'étais là, assis contre le mur, le regard dans le vide à attendre que le silence se brise. Mon coeur battait à tout rompre et le stress en moi montait à une vitesse fulgurante. Je commençais à en avoir les mains moites tant je devenais nerveux au fil que les secondes passaient. Je savais pertinemment que tôt où tard j'allais devoir tout lui avouer et cela me rendait presque malade. Cependant, le moment vint rapidement. Elle m'assaillit de questions et je fus dans l'obligation de lui répondre. C'était maintenant ou jamais. Prenant mon courage à deux mains, je lui annonçai alors la vérité, non sans en avoir la gorge nouée par l'émotion et par les sanglots qui voulaient sortir d'entre mes lèvres. Le souffle court, une fois dit, j'attendis toujours en silence qu'elle dise quelque chose.

C'était peu dire, mais j'en avais la chair de poule. Je craignais sa réaction. J'avais peur qu'elle aussi me quitte. Que ce soit trop difficile à vivre pour elle. Bien sur, nous n'avions pas une relation de couple mais d'amitié. Cependant, dans ce cas ci, la perdre m'aurait tout de même fait très mal. Je tenais à elle comme si elle était ma petite soeur, ce pourquoi je n'avais jamais osé lui avouer ma maladie. Je désirais la tenir loin de la douleur, de l'inquiétude qu'elle pourrait avoir à cause de moi, suite à cela.

Mon coeur sautai un battement par contre, au moment où elle prit place à mes côtés et où elle déposai sa tête contre mon épaule. N'osant pas bouger, j'écoutai ce qu'elle avait à me dire et eu un léger sourire. Elle m'aimait encore malgré tout! Une larme glissai alors contre ma joue, que je m'empressai vivement d'essuyer du revers de ma main droite et je hochai non de la tête en disant «Je t'aime aussi, Lil ...et c'est pourquoi j'ai voulu te tenir loin de ça ...Je ...» puis je repris mon souffle en respirant profondément afin de me calmer «...Je voulais te protéger, tu comprends?» puis je posai mon regard sur elle, en la regardant avec des yeux humides et rougit.

Un faible rire nerveux passai entre mes lèvres lorsqu'elle me dit qu'elle m'aimait trop pour me perdre. L'ironie du sort était qu'elle allait sans doute me perdre, un jour ou l'autre, malheureusement. Cependant, je voulu taire cette pensé de mon esprit et éviter de lui dire ce que je pensais réellement de ma situation. Pour amener le sujet sur une note plus positive, je lui déposai une main sur sa joue et la regardai en collant mon front contre le sien et en disant «Je t'aime aussi ...Ok? et promis, je vais te donner des nouvelles plus souvent ...Tu pourras même me rendre visite quand tu voudras ...» puis je reniflai un peu en souriant toujours mais, d'un sourire limite tremblant car les sanglots menaçaient toujours de sortir, je dis «et tu vas pouvoir rencontrer ma petite copine aussi ...Kimberly!» J'allais être heureux et fier de les présenter. À savoir, peut-être que Kim pourrait lui venir en aide plus que moi. Je connaissais son problème de drogue mais hélas, ne pouvais faire grand chose sinon être à son écoute et lui porter conseil quand je le pouvais. Au contraire de moi, Kimbou pourrait être en mesure de lui apporter le secours dont elle aurait besoin ...

Lorsqu'elle m'avouai la raison pour laquelle elle se droguait, je baissai les yeux en fronçant légèrement des sourcils. Marlow ...Elle m'en avait déjà parlé mais très brièvement. Disons que ce sujet semblait énormément l'affecter et je ne voulais pas non plus lui faire encore plus de tord en tournant le couteau dans la plaie à chaque fois qu'elle lançait de petits indices à ce propos. Je hochai alors oui de la tête et lui prit doucement la main en la regardant droit dans les yeux et en disant «J'imagine que cela dû être pénible pour toi, Lil ...et je suis là pour t'écouter si tu en as besoin ...N'aies pas peur, ok?» Je n'avais pas dit le mot jamais puisque cela aurait été un gros mensonge. On ne pouvait jamais dire jamais à ce sujet. Surtout dans mon cas. Je ne pouvais prédire le moment où la vie reviendrait me chercher! et je ne tenais pas non plus à faire des promesses que je n'allais jamais pouvoir tenir. Désirant la réconforter d'avantage et la couvrir pour qu'elle se sente en sécurité, je l'enlaçai de côté en la collant tout contre moi et lui donnai un doux baiser sur le sommet de sa tête en disant «Tu peux tout me dire, Lilou ...Marlow c'était ton grand frère, c'est ça?» puis je baissai mon regard vers elle afin de voir son expression sur son visage puis j'enlevai lentement une de ses mèches de cheveux qui lui tombait devant les yeux en la glissant lentement derrière son oreille. Ainsi ...par ce détournement de conversation, j'allais peut-être éviter de m'approfondir dans les détails de mon hospitalisation ou de ma maladie.

”I have something to tell you ...”

J'étais mal à l'aise. Lui avouer allait très certainement m'apaiser d'un poids, mais la crainte de la voir partir à cause de ma maladie ne cessait de graviter en moi. J'étais inquiet, inquiet qu'elle me dise que c'était trop pour elle, et qu'elle préférait couper les ponts avec moi. Je l'avais déjà vécu une fois, le revivre une deuxième fois allait probablement me terrasser à tout jamais. Le regard fuyant, je lui avouai donc tout en tâchant de faire bref sans donner trop de détail qui aurait pu lui déplaire à entendre. Mon coeur battait la chamade dans ma poitrine et des larmes de nervosité et de peine commençaient à se montrer aux bords de mes yeux. Je tremblais de tout mon corps mais surtout des mains que je tentai de calmer en jouant avec mes lacets de converses.

Je relevai cependant mon regard embué de larmes lorsque celle-ci prit parole et me dit des mots assez réconfortant. Je ne pus m'empêcher de sourire légèrement et de pousser un petit rire nerveux en rebaissant la tête et en disant «Si tu savais comment j'suis désolé ...J'aurais aimé te le dire mais ...mais la peur était plus forte que moi ...» puis, intimidé par la situation, je frottai ma nuque à l'aide de ma main droite en regardant ailleurs un instant. Pourtant, Lil semblait comprendre mieux que je n'aurai pu l'espérer ma situation et elle acceptai même l'idée de venir me rendre visite à l'hôpital et de rencontrer ma petite copine. J'étais certain qu'elles allaient très bien s'entendre ensemble. Kim avait une grande âme, et saurait sans doute aider Lil à se sentir mieux. C'était un ange ...Je savais qu'elle en était capable. Tout sourire, je la regardai de nouveau droit dans les yeux en disant «Kimmy est une perle ...Heureusement qu'elle est apparue dans ma vie. Tu vas voir ...je suis sur que tu vas l'adorer ...» puis je rougis légèrement en lui souriant toujours. Parler de ma copine me donnait toujours un nuage de papillon dans le ventre. J'étais heureux à chaque fois car je revoyais des images d'elle dans mon esprit et ça me comblait littéralement de bonheur.

Je ne la cru pas lorsqu'elle me dit ne pas avoir besoin de parler. Je sentais qu'elle disait faux, et juste par sa gestuelle je pouvais m'en apercevoir. Je lui pris donc la main en souriant faiblement et dit «Lil ...ne me ment pas, stp ...Je suis leucémique ...pas idiot ...» et je rigolai un peu avant d'ajouter après le long silence «Il est mort ...» je l'avais déduis par sa dernière phrase. Triste, je baissai de nouveau ma tête avant de la relever peu de temps après pour ensuite serrer très fort contre moi mon amie. D'une voix douce et calme, je lui murmurai à l'oreille «Malow serait fier de la femme que tu es devenue, j'en suis certain ...» puis, après lui avoir déposé un doux baiser dans le cou je poursuivi sur le même ton «Il ne voudrait pas que tu te refermes sur toi-même, Lil ...Il voudrait que tu saches parler de tes émotions ...Comme tout bons grands frères souhaiteraient à leurs soeurs ...» et, afin de la réconforter car ces derniers mots allaient sans doute la secouer, je me mis à lui caresser doucement sa chevelure d'une main douce et lente. Une tendre caresse d'amour donné par un ami, ni plus ni moins.

Je lui avais laissé prendre le temps de regarder ses sms avant de reprendre la main de Lil et de lui dire «À partir de maintenant on se dit tout, d'accord?» puis quelques secondes plus tard, mon bipeur se mit à sonner pour me dire qu'il était temps de prendre mes médicaments, et qu'il me restait plus qu'une heure avant de devoir retourner dans ma chambre d'hôpital. Soupirant, je fis la moue et ouvrit mon sac contenant toutes ces pilules aussi grosses les unes que les autres et commençai à les prendre subtilement avec de l'eau sans que cela ne paraisse aux yeux des autres. Je voulais tout de même garder cet état de fait le plus secret possible. Mordillant ma lèvre par la suite, je la regardai en souriant faiblement et dit «Je dois être de retour dans une heure ...mais tu pourras me rejoindre là si tu as besoin de quoique ce soit.» et je pris un papier ainsi qu'un crayon où j'écris l'adresse de ma chambre et le numéro pour me rejoindre. Je lui remis en main après coup et dit «En tout temps ...Ok?» J'allais devoir avertir mes patrons que je devais quitter car c'était le bus qui m'attendait ...et je ne voulais pas non plus qu'on cesse ma permission de sortir en raison d'un retard injustifié!