Brighton, notre cousine m'avait accueilli chez elle lorsque je l'avais appelé après avoir essayé toutes les Brighton de la ville dans le bottin téléphonique. Apparemment, elle aussi m'avait cru mort puisque j'eus le droit à un long silence au bout du fil, suivie d'un gros sanglot et d'une adresse marmonnée d'une voix tremblante. Je m'y étais donc rendu avec hâte et lorsqu'elle ouvrit la porte pour me faire entrer, elle me tirai vers elle afin de me serrer fort dans ses bras, toujours en pleurant. J'avais versé des larmes aussi. Toutes ces années sans la voir, ni même me rappeler de son existence m'avait manqué. Il me semblait avoir perdu tant de temps! Tant de temps à essayer de me souvenir de ma vie, de qui j'étais, de où je venais etc ...Même encore aujourd'hui, il me manquait certain détails qui ne me revenaient pas. Le visage de mes parents, par exemple. Je n'arrivais pas à me les mémoriser. Je m'étais souvenu de la rancoeur que j'avais envers eux, par contre ...Surtout lorsque Brighton m'avouai qu'ils n'étaient même pas venus à mon enterrement. Comment se sentir moins important! Cette avoeux m'avait énormément blessé et j'en étais resté muet pendant quelques minutes, assis sur le divan du salon à regarder le centre de table, les deux mains recouvrant mon crâne. Cependant, elle avait accompagnée ma soeur qui elle, avait été complètement effondré de ma disparition. Je regrettais tout, même si cela n'avait aucunement été de ma faute. Ma soeur s'était sentie mal durant toutes ces années à cause de moi en croyant que je m'étais noyé et que j'étais décédé alors que c'était faux.

Relevant ma tête vers ma cousine, je lui sourie faiblement en la remerciant de son accueil et me levai pour lui faire un long et réconfortant câlin avant de me diriger vers la porte et de lui demander «Tu ...crois qu'elle va vouloir me revoir?» C'était peut-être idiot, mais je craignais le fait que ce soit trop dur pour elle, et qu'elle serait incapable de faire face à mon retour. Brighton s'avança alors vers moi en déposant une main sur la joue et me dit sur un ton doux et émotif «Non ...Elle sera heureuse, j'en suis certaine ...» puis d'un sourire complice, je la quittai en la remerciant gentiment.

Adresse en main, je pris le premier taxi qui passai devant moi et lui donnai les coordonnés. Stressé, je sentais mon coeur battre à tout rompre dans ma poitrine. Mon souffle semblait court tant la nervosité montait en moi. Je ne pouvais m'empêcher de bouger mes jambes rapidement, tellement que le chauffeur me demandai «Êtes-vous en manque de drogue, jeune homme!?» sur un ton fort accusateur. Distrait, je regardai par la fenêtre en me mordillant l'ongle de mon pouce et hochai non de la tête en disant «N ...Non, m'sieur ...Juste stressé!» ensuite, le chauffeur reprit la parole mais j'avais déjà perdu le fil. L'esprit ailleurs, j'essayais de me souvenir de certains détails au sujet de ma soeur qui m'échappaient encore. C'était si énervant ne pas se souvenir de telles choses! Parfois même, à force de réfléchir autant je m'en donnais mal à la tête!

Je n'avais pas réalisé que le taxi s'était arrêté jusqu'à ce que le chauffeur tousse bruyamment pour me faire sortir de mes pensés. Légèrement saisi, je clignai des yeux un instant en regardant partout, et croisé le regard du monsieur avant de réaliser que nous étions arriver. Sursautant légèrement sur place, je dis «Oh ...oui, pardon ...» et fouillai dans mon porte feuille qui se trouvai dans ma poche arrière afin d'en sortir un billet de vingt dollars. Trop préoccupé encore pour demander mon change, je lui laissai tout et sorti du taxi en faisant face à l'appartement de Lilwenn.

La gorge noué par les émotions qui montaient de plus en plus rapidement en moi, j'avançai lentement vers l'appartement, le pas lourd et les jambes molles. Il pleuvait? Je n'avais encore jamais remarqué! Je m'en rendis compte seulement quand un frisson me prit d'assaut lorsqu'une goutte de pluie glissai le long de ma colonne vertébrale. J'étais même détrempé! Ne m'en préoccupant pas, je me postai alors sur le seuil de sa porte et respirai un bon coup en fermant mes yeux, avant de les rouvrir et de cogner trois coups.

L'attente fut interminable, selon moi. Elle me parut être de plusieurs minutes, alors qu'elle avait sans doute durée que quelques secondes. Les mains tremblantes et la lèvre inférieur aussi, j'avais le regard baissé quand la porte s'ouvrit, laissant apparaître ma soeur devant moi. Je relevai alors le regard sur elle et, le corps complètement couvert d'eau de pluie et les gouttes dégoulinants de mes cheveux en broussailles, je dis en souriant faiblement un simple «...Hey ...» avant de me taire jusqu'à ce qu'elle daigne bouger ou parler. Je tremblais de peur et commençais à avoir froid, mais tout ce qui m'importait à ce moment était sa futur réaction. Je craignais réellement le pire.

Lorsqu'elle ouvrit la porte, Lilwenn semblai surprise de me voir. Bien sur, elle avait cru que j'étais mort ...Cela devait être un choc. C'était comme si elle avait vue un fantômes, ou une mauvaise hallucination. Je ne lui en voulais pas. À dire vrai, moi aussi j'étais sonné. Disons qu'elle n'avait presque pas changée en trois ans. Je reconnaissais ses traits qui, malheureusement m'avait échappé durant tout ce temps. Ma petite soeur était de nouveau devant moi, et nous étions tous les deux complètement bouche-bée. Ce moment était si intense, que j'en oubliai même le fait que je sois trempé jusqu'au os. Cette pluie abondante m'avait complètement mouillé de la tête aux pieds et même si j'en grelottait légèrement, cela m'était égal. Je n'avais de yeux que pour Lilwenn à ce moment là.

Le coeur battant la chamade, je senti mes forces revenir quand celle-ci me demandai d'entrer avant de se sauver vers ce que je croyais bien être la salle de bain. Je fis donc trois pas et refermai la porte derrière moi avant de me mettre à regarder partout d'un air curieux. Je remarquai alors la décoration féminine, certes, mais aussi quelques objets qui revinrent à mon esprit. J'eus même un sourire en voyant une douillette que je lui avais donné en cadeau pour sa fête de quinze ans car la sienne elle l'avait tâchée de vernis à ongle la veille. Elle lui servait apparemment maintenant de doudou de salon, ce qui me fit sourire encore plus en me rappelant maintenant les longues soirées que nous passions ensemble à regarder des films d'horreur, collés l'un contre l'autre comme si nous ne faisions qu'une seule et même personne. Je vis aussi cette photo ...Une photo datant d'un été bien avant l'accident qui nous représentait ma soeur et moi, ainsi qu'une fille ...une ...Le prénom m'échappait actuellement mais je souhaitais réellement m'en souvenir prochainement.

Lorsqu'elle revint vers moi en me tendant les serviettes pour que je me sèche, je commençai à frotter rapidement mes cheveux en remarquant bien qu'elle regardait cette même photo. Je sourie donc en demandant «Est-ce que tu te rappelles du prénom de cette fille ...? ...Il m'échappe ...» et rougissant quelque peu, je frottai mon cou, encore avec cette serviette avant de ressentir un long frisson me prendre d'assaut la colonne vertébrale. Quelques gouttes avait glissé sous ma chemise et m'avaient saisit. Je la regardai de nouveau en souriant toujours mais cette fois en coin, et l’accueilli dans mes bras en resserrant ceux-ci contre elle afin de lui procurer un énorme câlin sécurisant. Je refermai mes yeux doucement et la gorge noué, je ressenti qu'elle était sur le bord de pleurer elle aussi. Lilwenn me le confirmai quand elle prit parole. Instantanément, je pris son visage entre mes deux mains et la regardai droit dans les yeux, de mon air le plus sérieux et le plus sincère en disant «Oui c'est moi Lil et ...et la raison ...» Puis, comme si c'était trop difficile à dire d'un coup, je la relâchai en croisant mes bras et en me reculant un peu. Je ne pouvais pas lui dire immédiatement. Perdre sa mémoire, la retrouver au compte goutte ...chercher sa soeur, la retrouver et être devant elle ...C'était plutôt épuisant, disons.

Au moment où elle me tendit des vêtements pour que je me change, je me retournai vers elle, les prit et, toujours en souriant faiblement, je l'enlaçai dans mes bras en lui murmurant «Le questionnaire sur le pourquoi tu gardes des vêtements d'hommes dans ton appartement viendra après mes explications ...Tu passeras pas à côté!» Je défais ensuite mon emprise en lui donnant un doux baiser sur le front, et me dirigea vers la salle de bain où je refermai la porte en m'y adossant pendant quelques secondes. Ma respiration s'était accélérée et j'avais des chaleurs. Mon corps réagissait toujours ainsi en état de stress intense et je n'y pouvais rien. Mordillant ma lèvre, j'allais ensuite au lavabo pour me passer de l'eau froide au visage, afin de me ressaisir au mieux. Tout cela me paraissait tellement irréel! Elle devait m'attendre impatiemment à l'extérieur, ce pourquoi par la suite je me dépêchai de me changer et d'enfiler ces nouveaux vêtements suspects. Au moins, eux ils étaient sec! Par la suite, je pris un petit moment afin de me regarder dans la glace et de prendre de bonnes et grandes inspirations pour me calmer. Une fois un peu plus relaxe, j'ouvris la porte et la retrouvai dans le salon où elle s'était assise sur le divan, à côté de cette fameuse douillette. Je pris donc place à ses côtés et, baissant la tête en prenant celle-ci entre mes mains, je refermai mes yeux. Respirant un bon coup, je dis enfin «Je ...m'étais réellement noyé, Lil ...» puis marquai une pause avant de continuer sur un ton tremblant «Des pêcheurs m'ont retrouvés et ils m'ont amenés à l'hôpital ...mais là-bas, lorsque je me réveillai j'avais perdu la mémoire.» Je ravalai ensuite mon angoisse et relevai la tête afin de plonger mon regard droit dans ses yeux «Je t'avais oublié ...Toi ...tous le monde ...et encore aujourd'hui, j'ai du mal à me rappeler de tout ...Certaines personnes m'échappent ...certains moments, aussi ...mais les tiens ...» et je pinçai mes lèvres en la regardant toujours, pour ensuite les humecter légèrement avant de dire «Ce sont mes souvenirs avec toi qui me reviennent le plus facilement ...» et mes yeux devinrent pleins d'eau à cet instant précis. Ma gorge, déjà noué me fit péniblement mal puis un léger sanglot presque inaudible traversai mes lèvres avant de se fondre dans le silence pesant de la pièce. Mes genoux se mirent à trembler et afin de les empêcher de trop bouger, je déposai mes mains sur ceux-ci dans un geste ultime pour me calmer. Je voulais qu'elle me serre très fort dans ses bras, très fort ...et que plus jamais elle ne quitte cette étreinte. J'en avais grand besoin ...

Ma mémoire me jouait encore parfois des tours, ou elle défaillait, tout simplement. Je ne me souvenais plu de cette dites Kataleya, même si son visage me disait vaguement quelque chose. Pourtant, lorsque ma soeur me dit son prénom, quelque chose dans ma tête me disait que je la connaissais, ou l'avait déjà jadis connu. Je continuai à me sécher les cheveux tout en réfléchissant en fouillant dans ma mémoire les quelques souvenirs qui m'étaient revenus, mais hélas je n'en retrouvai aucun la concernant. Soupirant, je déposai ma serviette que je pliai sur une chaise et dit « Son visage me dit vaguement quelque chose mais ...mais je n'arrive pas à la replacer ...» et tellement que j'en étais gêné, mes joues en rougir quelque peu. Seulement, sa phrase m'avait fait sourire aussi. Je hochai donc oui de la tête par la suite et, d'un seul pas je me rendis devant elle pour la serrer longuement dans mes bras, le coeur battant toujours aussi rapidement. Cette sensation était si étrange ...Si inhabituelle mais j'étais heureux ...et je vis dans le sourire que fit ma soeur, qu'elle aussi l'était mais d'un autre côté, je voyais aussi un peu de tristesse dans son visage, comme si elle non plu n'en revenait pas encore. Il est vrai cela devait lui faire tout un choc ...Pour moi c'était intense, mais pour elle aussi sans doute!

Lorsque j'entendis Lilwenn rire de bon coeur, je su aussi immédiatement qu'elle s'en était empêchée durant toutes ces années sans moi à ses côtés. Je la regardai alors un instant et le temps me semblai s'être suspendu. Les yeux brillants, je lui sourie comme si c'était la première fois que je souriais aussi depuis l'incident, et rentrai dans la salle de bain afin de me changer. J'en sorti quelques temps plus tard, propre et séché même si il m'arrivait parfois encore de ressentir quelques petits frissons. L'humidité avait du se rendre jusqu'à mes os, tout simplement. Je pris donc place à ses côtés sur le divan et commençai à lui raconter mon histoire. Ce pourquoi il m'avait prit tant de temps à revenir dans sa vie. La noyade, les pêcheurs, mon amnésie etc. Je commençai même à devenir émotif, ce que je détestais être devant ma soeur. Seulement, je ne pouvais faire autrement. Mon coeur, ma gorge étaient serrés et me faisaient mal. Des larmes de tristesse mélangés à de la joie commençaient à faire surface et, tête baissée, je repris mon souffle qui était maintenant devenu court.

Quand sa douce voix rassurante parvint à mes oreilles, je hochai de la tête car je me souvenais clairement de ces paroles. Elles étaient tout simplement la trame sonore de notre vie ensemble. Elle et moi contre eux ...Elle et moi contre tous ...Je fondis, tout simplement. Un petit sanglot s'échappa d'entre mes lèvres et je la serrai très fort contre moi, de côté. D'une voix tremblante, je réussi à dire «Ça ...ça je m'en souviens ...» et d'un léger rire nerveux, je m'essuyai ensuite les joues enduites de larmes en continuant «J'aurai besoin de toi ...Lil ...vraiment mais ...mais j'aimerais que tu saches que je suis maintenant là pour toi ...Je suis ...je suis revenu ...Pour toi ...» et je retournai mon regard larmoyant vers elle en lui faisant un mince sourire avant de la serrer de nouveau contre moi mais cette fois ci, en creusant mon visage dans son cou. J'avais terriblement besoin de la sentir près de moi, contre moi ...De vraiment réaliser ce qui se passait à l'instant même. De sentir son souffle contre ma peau. Juste ...de savoir que tout ceci était bien réel et non des fabulations. J'agrippa alors son pull entre mes doigts assez fort pour sentir ceux-ci devenir douloureux et dit, entre mes dents «Toi et moi ...contre tous ...Pour toujours ...» avant de déposer un doux baiser dans la nuque de ma soeur et de sourire en disant «Je t'aime, petite bestiole ...» et me reculai en la regardant d'un air taquin malgré mes larmes «...Alors ...pourquoi ces vêtements de mecs, dit moi?» si elle croyait que j'avais oublié, elle s'était mit le doigt dans l'oeil! Je suis peut-être amnésique, oui ...mais j'ai toujours ma mémoire à court terme!