Aujourd'hui je ne travaillais pas, pour une fois, j'aurais pu en profiter pour me reposer. Cependant, Ivy m'avait posé une question sur la pré-eclampsie, et je m'étais retrouvée totalement bête à ne savoir que dire. Je croyais connaître cette maladie, mais non pas moyen de savoir lui répondre. Ca arrivait souvent avec moi. Dans le feu de l'action, je savais quoi faire, quoi utiliser. Mais quand on me posait des questions précises, et d'un coup c'était comme si mon cerveau ne savait plus rien. Comme lors d'un examen. Je me détestais lors d'un moment pareil, et lorsque je lisais mon cours, je trouvais cela inutile, parce que je le connaissais. Thisbe avait bien tenté de me rassurer lorsque j'étais revenue à l'hôpital manger avec elle à la cafét' mais rien ni faisait. Je soupirais fortement en me sentant des plus débiles. "Arrêtes de te rabaisser Neela ! Tu es un bon médecin ! Parfois on ne sait pas répondre, mais ça ne fait pas de nous quelqu'un de nul ! Don't worry ! T'es la meilleure !"

Elle me fit sourire, mais vraiment, ça faisait du bien en faite, je savais que j'avais raison de revenir ici pour la voir. On mangea ensemble tout les deux, elle me parlait de ses patients qui faisaient pipi sur les murs, des toxicos, des schizophrènes, c'était un des services qui me faisait le plus peur. Je n'avais vraiment pas envie de d'aller là bas. J'y étais obligée, certes mais plus je pouvais le repousser, et plus j'étais heureuse... En plus aux vues de ce qu'elle me racontait, ça ne me donnait absolument pas envie d'y aller. Diantre ! La psy était une vraie plaie ! En plus j'étais sur de ne pas m'entendre avec la mente religieuse. Elle ne devait pas prendre Thisbe pour une menace. Pourtant elle devrait ! Je souriais un peu en pensant à cela lorsque ma Jumelle me sortit de mes songes. Son biper la réclamait pour une urgence. Elle s'en alla rapidement alors que je soupirais en regardant ma montre.

Je rentrais à pieds jusqu'à l'université, lui laissant la voiture pour qu'elle puisse revenir sereinement ce soir, je pris le temps de bien réfléchir à tout ce qu'elle m'avait dit, à tout ce qui c'était passé depuis le début du stage, à Joe, à Jeremiah, à Travis aussi. Je me rendais compte que j'étais un peu étouffée au final par tout ça, pas réellement par eux, parce que je ne savais pas les lâcher non plus, mais par les situations. Il fallait que je reparle sérieusement à Joseph pour lui dire qu'on n'aurait qu'une seule nuit, une seule erreur, et que je ne voulais pas être sa petite amie. Je soupirais en rentrant dans l'enceinte de l'université, je regardais le parc, les arbres, et les structures. Je souriais tendrement avant de passer devant la bibliothèque. Why not ? J'y prendrais des livres sur la grossesse pour me rassurer un peu.

J'avançais parmi les allées qui avaient cette odeur si particulière, les vieux livres, les livres neufs, les revues, et puis les vieux meubles, le calme, Mme Flinch, la bibliothéquaire sympathique mais qui ne supportait aucun bruit. Oui je crois que j'aimais vraiment cet endroit. J'avançais pour prendre deux livres sur les pathologies de la grossesse, avant de penser aux revues médicales. Allant là bas avec mes deux livres, je vis une petite tête blonde bien connue. Je souriais encore en avançant, regardant l'article qu'elle avait en main. "Bon article." Je la fis sursauter, et me pencha pour lui embrasser la joue avant de me mettre assise face à elle. "Je suis d'accord avec ce qu'ils disent, et pour être une jumelle moi même je peux t'assurer que tout est vrai !" Je riais doucement pour ne pas m'attirer de foudre. "Comment tu vas toi ? ça fait quelque temps qu'on ne s'est pas vu ! ca va les études ? et avec ta belle mère ?" Je savais ses problèmes, et je savais à quel point cette mégère lui pourrissait la vie. Comme ma mère avec nous, quoi que, j'aimais croire que malgré tout, ma mère n'était pas si terrible.

Heureusement que tout ce passait bien pour ses études en un sens, ou au moins elle pouvait s'épanouir dans quelque chose. Je l'avais vu juste une fois sur scène, et elle m'avait bluffé. Elle avait ça en elle qu'on le veuille ou non. Certains avaient ce don. Papa disait que c'était un talent de savoir manier le scalpel et de ne pas vomir devant un peu de sang, moi je me disais que d'être devant plein de personne, et jouer ce que l'on était pas, ça c'était du talent ! Après chacun avait sa vision, mais je le voyais comme ça malgré tout. Elle avait un beau sourire en parlant de ses études, visiblement ça lui faisait un bien fou, et réel en plus ! Comme moi lorsque j'étais à l'hôpital, autant je regretais d'avoir une vie normale, autant je ne pouvais plus m'en passer maintenant. Je lu souriais tendrement jusqu'à ce que l'on n'aborde le sujet "Belle-Maman". Avec Thisbe nous avions cette chance incroyable de ne jamais avoir du nous adapter à un beau-père ou une belle-mère, même si parfois, j'enviais quelque peu les enfants de couples séparés. Petite, je me disais que ça faisait double de cadeaux à Noël, maintenant je me disais qu'il valait mieux deux parents séparés que des parents qui ne s'aimaient plus du tout, et qui passaient leur temps à ce tromper mutuellement. Je soupirais faiblement en la regardant se décomposer au fur et à mesure. Je n'avais jamais connu la mère de Nini, et elle était jeune à sa mort, pourtant, elle s'en souvenait encore, et on sentait l'amour qu'elle avait toujours pour sa mère. Comment l'autre harpie pouvait-elle prendre un malin plaisir à mettre ça en l'air ? Les gens comme ça m'horripilaient à un point inimaginable. Un peu comme ma mère parfois qui s'amusait à tourner autour de nos petits amis en pensant qu'on ne voyait rien parce qu'on "l'aimait" trop. Tu parles. On s'en rendait bien compte, mais on ne voulait pas que la guerre parte de nous. Nous avions trop à perdre... Et visiblement ça belle mère prenait un malin plaisir à la rabaisser... Elle méritait simplement d'être détestée.

Elle me posa alors la question sur mes études. Je lui souriais tendrement en croisant mes jambes, c'était une bonne question à vrai dire, ça nous permettait de parler d'autre chose mais je comptais quand même lui dire ce que je pensais de sa belle-mère. "Oh et bien je viens de commencer un stage de six mois en gyneco/maternité et néo-natologie. Et je pense vraiment que j'ai trouvé ma voix, je me sens bien là bas même si c'est assez dur quand tu perds un bébé, ou la maman, ou les deux. Mais je me sens vraiment bien là bas, comme un poisson dans l'eau. Mon père dit que quand tu trouves ta spécialité tu le ressens comme ça. Alors que ma pauvre Thisbe elle est en psychiatrie, et elle va finir folle à force ! Mais je ne peux m'empêcher de la charier à chaque fois la pauvre. Mais bon sinon c'est Pretty cool d'être vraiment sur le terrain et de se sentir utile..." Je lui souriais tendrement en la voyant se ressaisir, j'imaginais que ce n'était pas évident pour elle de ne pas craquer ici. "Envoies la chier cette garce !" Je lui pris la main pour la rassurer. "Ce n'est qu'une frustrée qui veut toute l'attention de son père pour elle ! Donc tu l'envoies se faire voir ailleurs et tu vis ta vie ma puce. Elle n'a rien à te dire, et encore moins des insultes. Et puis ne la prends pas au sérieux, ce n'est qu'une rageuse !" J'essayais de la réconforter comme je le pouvais, je n'aimais pas la voir malheureuse, et encore moins à cause de celle là.