Chacune de notre côté nous avions vu notre "père" et on restait toujours sur la même opinion à propos de lui : jamais il ne sera notre père. C'était trop facile d'assumer son rôle lorsque ses deux filles apparaissaient devant lui. On n'était pas stupides pour accepter qu'il joue un grand rôle dans notre vie désormais. Mais voilà, il fallait qu'il joue un rôle dans la mienne en m'aidant. Sachant qu'il était un médecin de renom à Londres, j'étais venue ici accompagnée de ma soeur pour pouvoir lui faire part de ma malformation et qu'il puisse m'aider. J'en étais sûre qu'il allait le faire comme pour se racheter, c'était évident.

Après le lycée, Abygail et moi prenions le bus jusqu'à l'hôpital de Saint James. J'avais une grosse boule au ventre de le voir et de lui faire part de cela. Je n'aimais pas vraiment en parler, surtout à un étranger. Mais heureusement ma soeur m'accompagnait, là j'avais vraiment besoin d'elle dans ce moment. Je tenais à ma jumelle plus que tout, c'était ma meilleure amie en fait même si nous étions totalement différentes. Arrivées là bas, je connaissais déjà le chemin pour aller au laboratoire de Hilton. Je me rappelais encore la dernière fois que je l'avais vu, je lui avais dit que des méchancetés, que des vérités difficiles à dire en plein face et je n'avais pas spécialement envie de le revoir mais là c'était plutôt urgent. On prit l’ascenseur qui nous monta au cinquième étage. La porte n'était pas très loin de l'ascenseur, je montrais à Abygail où c'était.

Voilà nous y sommes.

Je toquais à la porte puis entrais. Il était au même endroit que la dernière fois, assis derrière son bureau, sûrement en train de faire des recherches comme d'habitude. Ca avait l'air cool d'être médecin.

Bonjour, il faut qu'on vous parle.

J'avais rencontré mon père. Enfin, celui qui m'avait donné la vie plutôt. J'appellerais cela plus un géniteur qu'autre chose. Il n'avait jamais fait partit de ma vie. En 17 ans d'existence, il n'avait pas chercher à savoir quoi que ce soit sur la femme qui l'avait aimé ou savoir si elle avait avorté ou non. Pourquoi voudrait-il ce racheté maintenant? Il serait sans doute plus mature maintenant qu'il y a 17 ans. D'un autre côté, je comprenais ma soeur. Elle avait un problème de malformation et elle voulait être soigné. Est-ce que je pouvais lui en vouloir pour cela? Non bien sur que non. J'avais donc accepté de l'accompagner à la fin des cours.

C'est comme ça, que je me suis fait embarqué dans cette histoire. Comme ça que je me suis retrouvée à l’hôpital. Cet endroit qui m'avait toujours donné la chair de poule. Je détestais les hôpitaux, pour moi c'était surtout synonyme de malheur. Après avoir pris le bus et être arrivée devant l'hôpital, je la suivis. Le fait qu'elle sache aussi bien où aller me rappela qu'ell m'avait mentit quelques jours plus tôt. Mais qu'importe, je ne voulais plus y penser. On prit l'ascenseur et mon monta jusqu'au cinquième étage. Une fois sortit de l'ascenseur, on ce dirigea vers son bureau. Les infirmières me regardaient. Elles devaient ce demander pourquoi j'étais habillée de façon aussi... extravagante? Oui, c'est le bon mot je crois: je portais un slim noir, et un haut qui était assez provocateur dans le sens où il était très décolté. J'avais des talons relativement haut et tout plein de bijoux que ce soit des colliers ou des bracelets. Maquillée comme à mon habitude avec un maquillage noir qui faisait ressortir mes yeux bleus, je ne pouvais qu'attirer les regards mais je m'en moquais royalement. Beth frappa alors à la porte du bureau et entra. Je la suivis, claquant la porte de son bureau et prenant place sur un des fauteuils. Je mis ensuite mes pieds sur son bureau et lança sur un ton froid:

« Salut P'pa, comment tu vas? J'espère que ça te dérange pas? » Je savais pertinemment que ça allait l'énerver ma façon de me comporter à l'instant présent mais qu'importe. Je marqua une courte pause puis ajouta:« Comme Beth l'a dit, faut qu'on te parle... »

Je regarda ma soeur et lui souris. J'attendais que ce soit elle qui enchaîne car c'était à elle de le dire à notre père et c'était aussi à elle de lui demander si oui ou non il pouvait faire quelque chose pour elle. Moi j'étais juste là pour lui faire comprendre que de toutes manières, il n'aurait pas le choix.

ABYGAIL &&' BETH &&' HILTON

Perdu dans un épais brouillard sans jamais retrouver mon chemin.. Voilà la phrase qui me définissait le mieux à l'heure d'aujourd'hui.. Je n'avais encore jamais été dans un été pareil ne serait-ce que quelques secondes. Je me sentais si mal, vulnérable et tellement.. Perdu.. Tout ce qui autrefois avait un sens pour moi, en avait désormais plus.. C'était si étrange et si perturbant à la fois. Comment mon monde si parfait avait t-il pu changer, basculer en une fraction de seconde par quelques mots énoncés par une jeune fille qui m'était inconnue! Je ne saurais dire, je n'avais même pas la réponse, j'étais incapable de réfléchir. C'était le vide total, le néant, j'avais perdu tout faculté de raisonner, d'analyser les différents éléments pour ensuite les mettre en relation et ainsi trouver le résultat tant attendu!

Je m'étais laissé guider par mon désarroi, et surtout par la boisson. Je buvais des litres et des litres de boisson alcoolisée, de préférence des alcools purs. Cela s’imprégnait bien plus rapidement que des mélanges inutiles avec du coca ou du jus de pomme.. C'était d'ailleurs de cette manière que j'y avais rencontré ma seconde fille, Abygail. Notre rencontre fut bien plus mouvementé que celle que j'avais eu auparavant avec sa jumelle. Aby s'était montré bien plus dure, bien plus blessante aussi que ne l'avait été sa soeur et je le comprenais. Cela avait du être difficile de vivre sans père, sans mère durant ces dix-sept dernières années.. Et plus encore lorsque l'on avait conscience que l'un des deux était encore vivant quelque part sur cette terre et qu'il n'avait jamais cherché à prendre contact, envoyer un simple mail ou une carte d'anniversaire.. Juste un vide, le néant, rien du tout..

Je me trouvais derrière mon bureau, j'avais de la paperasse à remplir. Il y avait tant à faire à l'hôpital, je n'avais pas une minute à moi. J'étais complètement débordé. Je regardais les différents dossiers, les étudiants minutieusement quand on toqua à la porte, celle-ci s'ouvrant par la suite. Je relevais la tête et les vis.. Mes deux filles pénétrant dans mon entre. Je fronçais les sourcils, les regardant tour à tour, leur laissant la parole. Beth prit la parole en premier alors que sa soeur faisait comme chez elle, jouant de son arrogance, ses pieds sur mon bureau. Je regardais alors ses chaussures, sur mon bureau irréprochable posant mon stylo, joignant mes mains sans rien dire sur son attitude. Je savais qu'elle me testait. Puis je l'écoutais à son tour levant un sourcil puis répondis simplement. Je vous écoute..

Contrairement à ma soeur, j'étais plus "polie" dirons nous. Elle jouait dans la provocation et n'hésitait pas à tester notre père. Elle voulait le pousser à bout et lui faire vivre un enfer. Personnellement, le but de ma présence ce jour là c'était plutôt de régler un soucis qui me travaillait depuis des années maintenant. Je ne pouvais pas vivre bien plus longtemps avec cette malformation. Mon derniers recours c'était lui. Sachant qu'il était un médecin de renom il pouvait m'aider, me guérir et je n'hésitais donc pas une seconde à faire appel à lui et à me rendre aujourd'hui même dans son bureau. Il n'avait pas l'air tellement débordé, il faisait la même chose que la dernière fois : faire des recherches. S'il faisait tellement de recherches, il a sûrement dû trouver pour moi et mon problème, enfin je l'espérais. Alors qu'Abygail s'était installée comme si elle était chez elle, moi, je restais debout face à lui, les bras serrés contre mon torse. Hilton n'avait pas l'air d'être très à l'aise en notre compagnie et ça m'amusait bien. Les soeurs De Rohan avaient le pouvoir.

Je m'approchais un peu plus de son bureau pour être encore plus proche de mon paternel afin qu'il entende bien ce que j'avais à lui dire. C'était plutôt difficile d'en parler alors je n'allais pas répéter cette nouvelle une deuxième fois. Je pris une grande inspiration, regardant ma soeur puis mon géniteur et commençai : Bon, voilà. A Paris, les médecins m'ont diagnostiqué une malformation utérine : le syndrome de Rokitansky-Kuster-Hauser. Je ne sais pas si tu connais, j'ai un vagin et utérus partiels. J'ai besoin d'être soignée et l'opération coûte bien trop chère pour nous ... Voilà c'était dit, je lui avais déballé ma maladie dont personne était au courant à part ma soeur et mes grands parents. J'espérais sincèrement qu'il puisse m'aider, j'en avais marre d'être atteinte de cette malformation et qui sait, ça pouvait s'aggraver. Alors, tu peux m'aider ?! S'il ne pouvait rien faire, je ne me voyais pas rester à Londres plus longtemps, autant rentrer chez soi et retrouver ma vraie famille, celle avec qui j'ai vécu depuis toujours.