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 Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia

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MessageSujet: Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia   Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia Icon_minitimeDim 16 Déc - 14:02


Mi décembre, dans un peu plus d'une semaine c'était Noël, et il était temps que le garçon finisse ses cadeaux -ou plutôt fasse-. Ces derniers temps, Travis avait été très occupé avec un dossier important à rendre et il avait été dans l'obligation de travailler quasiment jour et nuit -ou plutôt une partie de la nuit bien souvent-. Peut-être que parfois le jeune homme était un peu trop perfectionniste dans ses études de journalisme et dans ce genre de moment cela lui portait assez préjudice. C'est donc assez fatigué, qu'il se dit qu'il était temps qu'il aille faire un tour en ville. Prenant un sac à dos pour mettre les futurs cadeaux, il prit également ses rollers. Faire un peu de sport dans le parc lui ferait certainement le plus grand bien. C'est donc à pied que le garçon commença à faire les magasins. Pour Joe, il trouva un jeux vidéo dont son meilleur ami parlait depuis quelques temps déjà. Pour Dianna, il prit un gros coffret de chocolat ainsi que plusieurs peluches "animaux". Il diverses choses pour ses amis et en milieu d'après midi, il ne lui restait plus que le cadeau de Neela et celui de son fiancé. Et c'était là que les choses se corsaient car il ne savait absolument pas quoi leur offrir... Enfin, il avait encore quelques jours pour y penser ! Finalement Travis, vu la lourdeur des paquets, préféra rentrer chez lui pour poser les cadeaux avant de faire un tour à roller. Sur le chemin du retour, il se traita mentalement de tous les noms. Il était franchement stupide de s'être trimbalé avec ses rollers sur le dos tout l'après-midi pour rien... Des fois il avait envie de se donner des baffes de ne pas réfléchir un peu plus avant d'agir !

Il devait être maintenant un peu plus de dix-sept heures lorsque le jeune étudiant descendit de nouveau de chez lui juste avec les rollers aux pieds. Travis se dirigea ensuite rapidement vers un parc qu'il connaissait bien et où c'était assez pratique de "rouler". Fort heureusement pour lui, ledit parc se trouvait près de Nothing Hill et en une dizaine de minutes à peine, il était arrivé.
Il avait du faire une dizaine de mètres dans le parc (allez peut-être une centaine) quand une bonne odeur de marrons chaud vint jusqu'à ses narines ! En tant que ventre-sur-pattes, c'est tout naturellement que le garçon suivit cette odeur pour arriver jusqu'à un marchand ambulant qui en vendait. Et bien entendu, lorsque notre péché est la gourmandise, on ne peut point résister à un tel met; et c'est ainsi qu'il finit avec un grand cornet qu'il mangea tout en continuant son petit tour de parc en roller ! Prendre l'air frais -trop frais même- lui faisait du bien, lui aérait l'esprit et il avait oublié à quel point sortir, ne serait-ce que pour faire une petite heure de roller ,était agréable. C'est lorsqu'il eut un marron dans une main, le paquet qui contenait le reste dans l'autre que son téléphone portable se mit à sonner. Si toute personne normale se serait certainement arrêtée, aurait reposé le marron dans la boite, lui non ! Travis préféra en effet continuer son petit bonhomme de chemin, et mit son marron dans la bouche avant de saisir son portable et de décrocher. Allô ?! Il venait de croquer dans le marron et de se brûler langue... et là c'est d'une manière très gracieuse qu'il en avala une partie et recracha le reste tout en jurant comme pas permis. Élégant et charmant comme garçon n'est-ce pas ?! Et bien ce n'était pas encore fini ! Bien entendu son interlocuteur avait raccroché, et en voulant le rappeler O'Connor ne vit pas un gros cailloux qui trônait sur la route... et bien entendu il se le prit. Déstabilisé, il ne tarda pas à tomber sur une jeune femme et cette dernière fini dans... disons l'espèce de mini lac ou autre. Heureusement pour elle que ce n'était pas bien profond. Se relevant avec difficulté, Travis ramassa son portable -qui par miracle était entier- il le fourra dans sa poche avant de se rapprocher de la jeune femme pour lui tendre la main et l'aider à se relever. Je suis vraiment, vraiment, vraiment, vraiment, vraiment désolé. Il était réellement totalement confus et gêné. C'était quand même une situation embarrassante! Pour ne pas que l'inconnue attrape froid il lui donna la veste qu'il portait. Tenez, mettez ça... Il se tut quelques secondes avant de se mordiller doucement la lèvre et répéta une nouvelle fois Je ne suis qu'un abruti, désolé, vraiment. Et c'est à ce moment-là ou à peu près qu'il osa enfin croiser le regard de la jeune femme et il bugua pendant une dizaine de secondes. Il l'avait déjà vu... chez Neela, ou plutôt à la fondation. Vous allez bien ?! fut la seule chose qu'il arriva à dire. Il ne se voyait pas dire qu'il l'avait vu chez sa meilleure amie car cela était trop lourd de sens.
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MessageSujet: Re: Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia   Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia Icon_minitimeSam 22 Déc - 20:03

J'ignorais pourquoi, mais j'avais eu comme une envie d'aller me promener dans Londres pour aller dessiner dans l'un des parcs. C'était une occupation que j'adorais, je passais souvent des heures à dessiner quand j'avais un peu de temps libre, et j'aimais être dehors, tranquillement assisse sur un banc, seule, et calme, au milieu des arbres et des fleurs… Oui mais aujourd'hui on ne pouvais pas dire que la journée soit idéale. J'avais finie très tard cette nuit, j'étais épuisée, j'avais dormie tout le matin, mais l'embrouille d'il y a quelques jours me restaient en tête, je ne savais pas si j'avais peur ou si j'étais en colère, probablement les deux. Enfin bref, l'autre problème c'était qu'on était à quelques jours de noël, ce qui n'était pas très encourageant pour moi pour me faire sortir de mon trou. Déjà parce qu'il faisait froid, en plus parce que j'allais encore passer les fêtes toute seule comme d'habitude, à bosser au cabaret entouré de mecs bourrés et vulgaires qui ne voudraient qu'une chose, finir leur fête de noël dans les bras d'une fille pour pas se sentir trop seul. Alors sortir dehors pour voir tous ces gens heureux, avec leur famille, portant leurs derniers cadeaux jusqu'à chez eux… Ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux pour m'empêcher de faire une dépression, ce qui m'arrivait régulièrement pendant les fêtes, c'était une période difficile pour moi.

Donc j'avais cette envie stupide, et vers le milieu d'après-midi j'étais sortie de chez moi avec mon carnet à dessin, habillée d'un jeans, d'un pull, de mon manteau, d'une écharpe, d'un bonnet, et de gants… oui je rigolais pas quand je disais qu'il commençait à faire froid, on était à Londres, et c'était l'hivers. Je n'avais pas envie de rester à Brixton, on va dire que ce n'était pas le meilleur endroit pour être tranquille, alors j'étais partie vers le centre de Londres, en espérant qu'on fasse pas trop attention à moi et que j'aurais pas de problème. J'avais opté pour le parc de Notting Hill, un quartier que je ne fréquentais pas normalement, mais depuis que j'avais rencontré Jack il m'arrivait de m'y rendre, et puis le parc était vraiment splendide.

Comme je m'y attendais, il fourmillait d'excitation et de vie, une foule dense s'y promenait, beaucoup de famille avec leurs enfants, il y avait des cris, des rires, beaucoup de bruits, ainsi que des odeurs qui s'emmêlaient en un bouillon étrange pour quelqu'un comme moi qui a ses sens aussi aiguisés D'un côté l'odeur douce et florale des quelques fleurs hivernale, le parfum boisé et la pourriture du tapis de feuilles mortes, et surtout, l'arôme de la terre après la pluie, il avait plut un peu cette nuit, le sol était presque sec, sauf en certains endroits, où exhalait encore cette douce odeur que j'aimais tant. Et d'un autre coté, l'odeur de nourriture, des stands de marrons chauds et de hot dog fumant dont la senteur envahissait tout le parc. Je n'avais pas mangé depuis la veille, l'odeur me creusait l'estomac, mais je n'avais pas d'argent de toute façon pour acheter quoique ce soit. J'avais cherché un petit coin au calme, un banc près d'un bosquet d'arbres déplumés par le froid, qui se hissaient haut entre les fourrés et les buissons, tortillant leur tronc en un mirage de silhouettes cachées dans la brume du lierre grimpant.

J'étais restée assisse ainsi pendant de longues heures, mon carnet posé sur mes genoux ramenés vers moi, je dessinais à main levée, sans avoir besoin de regarder ma feuille, devant moi j'avais vue sur le chemin où s'amassait la foule entrainée dans une étrange danse du quotidien, qui si on la voyait de l'extérieur, paraissait comme magique et mystérieuse. Les enfants couraient autour des parents qui se tenaient la main, les gens en doublaient d'autres, les groupes échangeait de place sans s'en rendre compte en parlant, certains originaux marchaient à l'envers pour parler à ceux de derrière, ils virevolteraient, se retournaient, toujours en mouvement, rarement statiques, les vélos et les rollers essayaient d'éviter les passants, les frôlant presque parfois, risquant de peu l'accident, alors que l'étang frémissait non loin de son clapotis secoué par le vent, les nénuphars voyageant d'une rives à l'autre entre les roseaux qui se pliaient au-dessus de l'eau.

Je n'avais pas froid, du moins pas trop, même si parfois mon corps frissonnait légèrement, et que je m'enterais dans ma veste pour me cacher du vent, mais l'air était doux bien souvent, et je pourrais encore rester ici des heures à rêvasser dans les nuages. Le ciel lui était couvert d'un épais rideau blanc, grisonnant par endroit, la lumière était terne, recouvrant le décor d'une luminosité étrange. C'était tout ça que je dessinais, la foule dans l'encadrement des arbres, l'herbe mouillée, l'eau frémissante, la foule figée en plein mouvement, les canards qui voguaient sur l'eau, les buissons frileux, le ciel pris entre les feux du jour et de la nuit, dans les courtes journées d'hivers… J'étais bien ici, calme, apaisée, je ne pensais plus à Derek ni à Rodrigue, j'étais seule, les gens ne me voyaient pas, ils ne faisaient pas attention à moi, j'étais invisible. Mes cheveux attachés m'aidaient à passer un peu plus aperçus, en cachant ma crinière de flammes rougeoyante qui ne se remarquaient que trop, attirant les yeux sur mon visage de porcelaine au sourire de sang et au regard brun vert, qui avait le don, et la malédiction, de rendre fou les hommes qui le croisait. Les vêtements que je portais pour me protéger du froid, dissimulait aussi les formes de mon corps, ce qui était une protection non négligeable. Le tout était de ne pas me faire reconnaitre, je savais en plus que certains clients du cabaret venaient des quartiers chics comme celui-ci, une mésaventure d'il y a quelques temps m'avaient d'ailleurs fait prendre peur, mais elle s'était bien terminée fort heureusement… Mais bon, la plus part des hommes étaient avec leur famille, c'était un avantage, ils ne feraient pas attention à moi. Et même si ils me reconnaissaient, il y avait leurs femmes, ils me laisseraient tranquille. Devrait pas y avoir de problème, du moins je l'espérais.

Le temps avait filé comme une flèche, et voila que l'après-midi tirait sur sa fin, il était près de 17 heures, je travaillais à minuit ce soir, j'avais largement le temps de rentrer et de me préparer, mais je préférai ne pas perdre trop de temps, et puis je commençai à avoir froid sans bouger. J'avais besoin de marcher un peu, pour me réchauffer avant de prendre le chemin du retour. J'avais rangé le carnet dans mon sac avant de me relever pour retourner dans cette foule participer à son rituel, seule au milieu des groupes heureux et riant, comme une ombre en pleine lumière. J'avais longé l'allée jusqu'à un croisement, je marchais lentement par rapport aux autres, profitant du parc encore un peu avant de partir, j'avais pris à droite, pour tourner encore une centaine de mètres plus loin, j'avais suivis le bord d'un autre étang bordé de pierres et de buis, je remarquais qu'il n'y avait aucun nénuphars dans celui-ci, étrange, les grenouilles auraient-elles désertés ? Les canards en tout cas n'étaient pas restés, la petite famille avait migré dans un coin plus chaud du parc.

Je souris en me rendant compte que j'étais entrain de me préoccuper de canards, ça changeait de mes préoccupations habituelles. J'espérai que je n'aurais pas de problème ce soir, que la nuit se passerait bien. C'était difficile en ce moment d'éviter les problèmes. Un ami à moi avait été calmer Rodrigue après son comportement de l'autre soir, je lui en étais reconnaissante, mais j'espérai qu'il ne ruminait pas sa vengeance contre moi, attendant de pouvoir m'avoir seule à seule. J'avais déjà assez à craindre avec Derek, je n'avais pas besoin qu'un autre ne décide de s'en prendre à moi, les clients non plus n'étaient pas toujours évidents à gérer… Mais si je pouvais fuir Derek, je pouvais pas fuir Rodrigue, je travaillais avec lui, et si je ne faisais pas ce qu'il voulait il me ferait renvoyer, et j'arriverai jamais à trouver un autre boulot, je me dégoutais. Je l'avais repoussé au début, mais ses menaces avaient finie par me faire plier, sauf que je pouvais pas, j'avais couchée avec lui plusieurs fois, avant que j'avoue tout à mon ami qui était allé le voir pour mettre les choses au clair et lui dire de plus me toucher. J'avais vu Derek il y a quelques jours en plus, j'avais encore deux trois bleus, plus rien au visage, mais encore un bel hématome au ventre qui s'étalait jusqu'aux hanches.

J'étais entrain de me perdre dans mes réflexions, de plus en plus anxieuse, quand quelque chose me percuta soudainement, me faisant pousser un cri de peur tandis que je tombai en avant… en plein dans l'étang et l'eau glacée tête la première. L'eau n'étais pas profonde, mais tellement glacée que j'en eu le souffle coupé. J'étais entièrement mouillée, mon sac avait l'air inondé et je ne voulais même pas imaginer l'état de mon carnet à dessin. De l'eau gouttait de mes cheveux dont l'élastique s'était un peu défait. Je me redressai comme je pouvais, et attrapai la main que le garçon me tendait pour m'aider à me relever. J'étais morte de honte et mes joues étaient en feu. Il se confondit en excuse tandis que je fixai le sol en grelottant de froid, trop intimidée pour le regarder. Je le vis enlever sa veste qu'il me tendit, et relevait alors les yeux vers son visage. Je bugais un instant et clignais des yeux. Puis regardant sa veste qu'il m'offrait j'hésitai un instant, me mordillant les lèvres, mais j'étais glacée et acceptai donc son offre, passant ma veste chaud autour de mes épaules trempées.

- Merci… je… excusez moi… je suis vraiment désolée…

Réflexe stupide d'insécurité, je m'excusais en bafouillant alors que j'avais rien fait, je le savais, mais c'était plus fort que moi. Je relevai à nouveau les yeux vers lui, croisant les siens cette fois, je ne m'étais pas rendu compte de sa gêne, mais son regard me fixant alors me donna une drôle d'impression, il y avait quelque chose de bizarre. J'avais comme une impression de déjà vu… Je le connaissais ? Il avait l'air de se faire la même réflexion lui aussi, il avait l'air de me reconnaitre… Je reculai légèrement, un peu inquiète et angoissée soudain. Je n'arrivais absolument pas à me rappeler d'où je le connaissais, c'était un client du cabaret ? Aucune idée, j'avais beau chercher… Mais je ne me souvenais pas de tous les visages, je pouvais très bien ne pas me le remettre en tête, mais l'y avoir déjà croisé tout de même… Où sinon je l'avais croisé à l'hôpital, je sais pas, mais n'importe où ailleurs qu'à Soho… Si jamais c'était un mec du cabaret… j'espère que j'aurais pas de problèmes… mes yeux regardaient partout autour de moi, des gens nous regardaient un peu bizarrement, évidemment j'avais l'air d'être passée dans une machine à laver tellement j'étais trempée. Mon teint et mes lèvres avaient virées au blanc d'ailleurs en quelques secondes. Et des tremblements de peur s'étaient mêlaient au frémissement de froid. Intimidée et effrayée je relevai mes yeux vers lui, pourquoi il m'était rentré dedans ? Il était en roller, il avait pas du me voir, comme quoi des fois ça pouvait me jouer des tours. Il avait l'air gentil pourtant, et son inquiétude était sincère. Si jamais c'était au cabaret que je l'avais croisé, il n'avait pas l'air de me vouloir du mal. Mais ça collait pas pourtant, son visage collait pas avec la flopée de visages de la clientèle… Mais où avais-je pu déjà le voir ? Je déglutis, de plus en plus paniquée, j'essayais de ne pas le faire voir, mais j'avais été surprise et j'avais du mal à contrôler mes émotions. Fallait que je reprenne le dessus sur mon angoisse.

- Oui… je ça va…

Je détestai ça, parler en murmurant et en bafouillant parce que j'arrivais pas à contrôler ma voix trop angoissée et gênée. Je devais faire quoi maintenant ? Il avait pas l'air de vouloir me causer des problèmes, même si il m'avait fait tomber dans l'eau, mais bon ça avait l'air d'un bête accident, j'avais faillit me mettre en colère et m'énerver contre lui tout à l'heure, réaction possible quand quelqu'un vous fait tomber à l'eau comme ça sans raison alors que vous êtes tranquille à penser à autre chose, mais ses excuses sincères et son air réellement préoccupé et gêné m'avait calmé. Non c'était un accident, il avait pas fait exprès, ça arrive les accidents. Oui mais maintenant j'étais trempée, et il faisait vraiment très froid là, je ne me voyais pas rentrer jusqu'à Brixton dans cet état là… J'avais peur en plus, j'aurais du faire quoi ? M'enfuir en courant ? Il pourrait pas me faire de mal, de toute façon, il y avait tout un attroupement autour de nous de passants qui nous regardaient l'air amusé.

- C'était qu'un accident, ça arrive, c'est pas grave…

Continuai-je, reprenant un peu d'assurance dans ma voix. Je forçai un sourire, histoire d'avoir l'air un peu à l'aise et un tout petit peu moins stressée. Dommage que mes lèvres soient entrain de virer au bleu… J'ôtai la bandoulière de mon sac et l'ouvris pour constater l'ampleur des dégâts. Il n'avait pas eu le temps de barboter dans l'eau trop longtemps, mais le tissu était bien mouillé, ce qui n'était pas trempé à l'intérieur s'en sortait avec une bonne dose d'humidité. Mon portable avait survécut semble-t-il, mais mon carnet avait un peu souffert. C'est là qu'on prend conscience que l'art n'est qu'une chose éphémère… j'étais un peu contrariée, mais trop effrayée pour que ce sentiment prenne trop d'importance. Je remis mon sac sur mon épaule. Je relevai mes yeux vers le garçon, passant en revu tous les lieux que j'avais pu fréquenter pour trouver où j'avais pu le voir…

- Je m'appelle Amelia…

Finis-je par dire, tout en réfléchissant sans parvenir à trouver…
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MessageSujet: Re: Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia   Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia Icon_minitimeDim 23 Déc - 13:21

Noël, les fêtes... le réveillon. Les partiels et les vacances aussi et surtout pour le jeune homme. Les examens qui vous laminent de fatigue et qui vous vont faire n'importe quoi, qui vous obligent à faire vos courses de dernière minutes... et le seul temps vrai temps libre qu'il reste et que l'on veut savourer finit généralement mal, en calvaire, d'une manière dont on ne pouvait pas imaginer au départ. En effet, quand on dire "drame" pendant une balade à roller on pense à la chute de la personne qui est en roller et non pas que cette dernière renverse quelqu'un qui finira dans un lac... Cela ressemblait vraiment plus un mauvais sketch qu'à autre chose, et pourtant c'était bel et bien une pure coïncidence !! Enfin bref, revenons en à notre sujet !
Ce genre d'incident, quand il arrive aux autres vous fait très souvent rire... Quand cela vous arrive c'est déjà moins la même chose, oh, peut-être que dans quelques années le garçon arriverait à plaisanter de la situation actuelle, mais pour l'instant il était réellement beaucoup trop gêné. La journée promettait visiblement d'être assez.... disons merdique. S'il avait pu disparaître dans un petit trou ou prendre la place de la jolie demoiselle, il l'aurait fait sans aucun problème; enfin vu que ce n'était pas possible, il n'avait franchement pas d'autres choix que de s'excuser le plus possible. Bien entendu, il savait que cela ne changerait rien à la situation, que la jeune femme serait toujours trempée, et que le contenu de son sac était certainement foutu. Merde ! Pourquoi est-ce qu'il était aussi maladroit parfois ?! Se passant une main dans les cheveux, il l'avait fort heureusement aidé à sortir de l'eau -c'était la moindre des choses, et pour ne pas qu'elle attrape trop froid, il lui avait tendu sa veste. Ce qui en soit était quand même assez stupide (même si cela partait d'une bonne intention) car trempée comme était la jolie rousse, ce n'est pas une veste qui allait arranger la situation, et lui risquait en plus d'attraper la mort. Enfin bon !
Le comportement de la jeune femme lui parut très rapidement étrange. Très étrange. Tout d'abord sa façon de fixer le sol, comme si elle avait peur de le regarder, puis... son hésitation à prendre sa veste comme si il allait la bouffer; mais ce qui le fit buguer le plus ce fut le moment où elle s’excusa alors qu'elle n'avait rien fait. Ce fut comme une sorte d'électrochoc. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus, il avait compris... et pour cause... Lorsqu'il était avec Kayle, il agissait de la même façon, aussi bien de ses seize à dix-huit ans, qu'après le tragique épisode de cet été. C'était un peu comme voir son reflet dans un miroir -sauf qu'elle était une fille, et lui un garçon, mais sur le principe-, et cela n'avait rien de bien reluisant. Par ailleurs, c'était un peu comme rouvrir des plaies ouvertes, se dire que dans quelques temps, il avait devoir aller au procès. Le revoir. C'était plus que l'étudiant en journalisme pouvait en supporter et il pouvait se rendre habituellement malade rien qu'à cette idée... Heureusement; oui heureusement qu'il y avait les anti-dépresseurs qui le faisaient tenir à peu près comme il fallait depuis août. Heureusement qu'il avait Rob, et Neela et Joe ! Mais même s'il allait mieux, si cela se voyait au quotidien, c'était un peu se voiler la face, Travis était loin, très loin même d'être guéri, sûrement qu'il ne se le serait jamais. Jamais il ne pourrait oublier... Et lorsque quelqu'un évoquait cet été, il avait qu'une envie, se mettre à pleurer, piquer une crise de nerf, d'angoisse... C'était redevenu comme avant, cacher son mal-être profond pour faire semblant que tout aille bien pour ne pas faire fuir les proches. C'était en quelque sorte être sur un fil, un fil très mince comme un funambule et au moindre faux pas tomber. La chute était rude, mortelle. C'était exactement ce sentiment qu'il avait-là, et pour la jeune femme qui se tenait devant lui cela devait peut-être plus ou moins la même chose. En sachant cela, il savait pourquoi, la rouquine se trouvait chez sa meilleure amie... parce qu'elle était battue et/ou qu'elle avait peur que quelqu'un la retrouve.

Pour Travis la situation était compliqué, et il ne savait plus trop comment agir face à la jeune femme. Il se doutait que le moindre de ses gestes, de ses paroles pouvaient être mal interprétés. Alors, il allait falloir qu'il fasse attention. Très attention même à ne pas la heurter; et ça serait certainement la chose la plus difficile à faire ! Après quelques secondes de silence, il s'était enfin décidé à reprendre la parole Tu n'as pas à t'excuser, ce n'est pas de ta faute, c'est de la mienne entièrement ! Pas de sa faute... si, bien sûr que si, elle devait être certaine qu'elle pensait que c'était de sa faute, comme tout ce qui lui arrivait, qu'elle l'avait bien mérité... enfin en tout cas si elle pensait de la même façon que le faisait l'étudiant. Il pouvait voir à son regard qu'elle semblait le reconnaître mais sans plus... et cela avait l'air de l'inquiéter. D'ailleurs plus les secondes passaient, plus elle avait l'air d'être au bord de la crise de panique, et lui assistait à cela sans savoir quoi dire, ou même quoi faire. Il n'était pas sûr de ses, ou de la position à adopter.. Peut-être est-ce qu'il devait tout simplement la laisser seule, en paix pour qu'elle se calme ?! Mais, à vrai dire, il n'osait pas... quelque chose l'en empêchait, peut-être la peur que la demoiselle fasse une bêtise vu sa capacité émotionnelle, ou bien alors, parce qu'il voulait simplement l'aider. Se mordillant doucement la lèvre, il finit par souffler doucement Alors, si tout va bien, c'est le principal. Je m'en serais voulu si je t'avais fait mal. Il s'arrêta quelques secondes, c'était peut-être pour cela qu'elle se sentait mal, parce qu'il la tutoyait et elle n'aimait pas ça (oui des fois il avait des idées... étranges). Je peux te tutoyer ?!

Voyant qu'elle grelottait, il avait à présent peur qu'elle attrape la mort, et il ne voyait plus qu'une solution possible afin de l'aider... Mais cela risquait d'être compliqué à aborder. Ne sachant pas trop comment faire, il lui tendit doucement la main pour qu'elle la serre tout en se présentant. L'abruti qui t'as renversé s'appelle Travis. Enchanté, Amelia ! Oh. God. Voilà qu'en voulant plaisanter il venait de parler de lui à la troisième personne... Sérieusement il n'en ratait jamais une ! A ce moment-là il eut envie de se cogner violemment la tête contre un mur tellement il se sentait stupide. Et le fait que les passants se soient attroupés autour d'eux l'agaçaient plus qu'autre chose.. ça ne serait venu à l'idée de personne de proposer à la demoiselle un autre vêtement chaud. Travis ne pouvait faire mieux, il était à présent un petit pull léger et commençait à son tour à grelotter. Foutu hiver ! C'est pas un événement de cirque, vous pouvez partir aussi ! dit-il en grognant légèrement cette phrase aux passants, avant de reporter totalement son attention sur la jeune femme. Pour qu'elle lui fasse confiance et qu'elle le suive il n'avait franchement pas trente six mille choix ! Se passant une main dans les cheveux -à croire que c'était un tic nerveux-, O'Connor reprit la parole Nous nous sommes déjà croisés chez Neela... Jones... A la fondation. Il se tut quelques secondes, le temps de laisser intégrer l'information à la jeune femme Je suis son meilleur ami. Il se mordilla la lèvre avant de souffler... plus doucement Avant que l'on attrape la crève tous les deux... je te propose de venir chez moi, je te passerai des habits, ils seront certainement un peu grands pour toi, mais c'est pas un soucis, et je te raccompagnerai chez Neela après, si tu le souhaites. Il la regarda dans les yeux, et lui fit un léger sourire Pour te réchauffer, je pourrais te proposer un café, ou un chocolat chaud suivant tes envies.. Très étrangement il se doutait qu'elle n'aurait pas envie de le suivre et c'était tout à fait compréhensible. On lui dit aurait la même chose, lui aurait plus paniqué qu'autre chose... Mais après tout ils n'étaient pas forcément pareil, et il avait toujours une "carte" qu'il pouvait abattre, peut-être pour qu'elle ait plus confiance en lui. Le genre de chose qu'il refusait généralement d'avouer parce qu'il avait trop honte, parce que cela lui faisait trop mal, mais si c'était pour éviter que cette Amelia soit trop malade par sa faute il était prêt à lui dire. Qu'il pouvait comprendre ce qu'elle avait vécu -enfin du moins en théorie- mais que lui ne lui ferait pas de mal, qu'elle pouvait avoir confiance... En attendant cela qu'il voulait dire vraiment en dernier recours, il lui dit tout simplement J'habite à deux pas d'ici. Enfin, c'est plutôt l'appart de mon copain, mais... de toute façon il travaille pour l'instant. Il se mordilla la lèvre et ayant peur de ne pas être assez clair il crut bon de rajouter Je suis gay, avec un y pas un i, même si je suis gai aussi parfois, mais là n'est pas le sujet. Enfin bref, t'as rien à craindre de moi. Bon maintenant, en plus elle allait croire qu'il était totalement taré. Bravo O'Connor ! Sérieusement tu as bien fait de rajouter cette phrase, très très utile ! Abruti !
Se traitant intérieurement de tous les noms d'oiseaux possible et inimaginable, il ne bougea pas d'un pouce en attendant une réaction ou une réponse de la jeune femme. Il ne voulait pas la presser à faire son choix, ne pas la stresser, alors il mit ses mains dans ses poches et se contenta de la regarder pour lui montrer qu'elle avait toute son attention sans toutefois la "regarder" avec trop d'insistance. Maintenant, il n'y avait plus qu'à espérer que la jeune femme le suive... qu'elle ne s'enfuie pas, sinon... qu'est-ce qu'il pourrait bien faire. Essayer de la rattraper ?! Peut-être mais cela risquait de la terroriser plus qu'autre chose... Appeler Neela semblait la meilleure des solutions pour Amélia, sa meilleure amie serait certainement mieux comment s'y prendre que lui... Lui s'identifiait peut-être trop à la belle rousse, et essayait de faire ses réponses en fonction de cela et ce n'était pas forcément l'attitude à avoir. En fait, il fallait bien avouer qu'il n'en savait rien et que cela le perturbait assez. Se sentir aussi impuissant était quelque chose qu'il détestait par dessus tout !
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MessageSujet: Re: Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia   Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia Icon_minitimeSam 29 Déc - 22:00

Du coin de l'œil je l'observai passer une énième fois la main dans ses cheveux, tic nerveux, parmi tant d'autres, je le rangeai dans un coin de ma tête, trop tendue et effrayée pour l'analyse. Lui, il n'arrêtait pas de me regarder, plus il me regardait, plus je baissais les yeux, tellement rouge de honte. Pourquoi est-ce qu'il me regardait comme ça ? Je ne me souvenais toujours pas en quelles circonstances nous nous étions connus, et plus je cherchais, plus j'avais peur. Il y a certains hommes que j'avais bien connu, sans être capable de me rappeler les visages. Des centaines, des milliers d'hommes. J'étais sur le point de fuir en courant quand après un long moment de silence emprunt de gêne il me présenta à nouveau ses excuses. Pourquoi m'étais-je trouvée là ? Pourquoi avait-il fallut que je me trouve sur son chemin ? Je n'étais pas convaincu de mon innocence dans tout ça, non, sinon pourquoi devrais-je subir cette nouvelle humiliation, sous le regard de tous ces passants qui n'en finissaient pas de rire. Des larmes vinrent luire sur la prunelle de mes yeux, je clignai des paupières et pris une profonde inspiration pour les repousser, hors de question de me montrer encore plus faible… Il continuait de me regarder, je n'osais pas lever les yeux vers lui, croiser les siens, lire à travers ses iris, pour y voir quoi ? Je n'écoutai pas sa phrase suivante, mais un détail récurrent dans sa façon de s'adresser à moi me fit frissonner, déjà que le froid me glaçait les os et me faisait trembler comme une feuille au vent. En soi je me foutais bien qu'il me tutoie ou non, mais les hommes qui avaient, ou qui voulaient, coucher avec moi, avaient l'habitude de me tutoyer et de me traiter comme leur jouet, et ça commençait par ça. On m'avait jamais vraiment respecté, depuis l'orphelinat, et ça n'avait fait qu'empirer après Liverpool, où j'avais définitivement perdue toute intégrité. On ne me vouvoyait jamais, sauf à l'hôpital encore, mais sinon les hommes n'en prenaient jamais la peine, parce qu'ils étaient toujours supérieurs à moi. Alors, la façon qu'avait ce garçon de me parler, ne faisait qu'accroitre mes craintes. Que me voulait-il ? Si il me parlait comme ça, ça voulait dire que c'était certainement un homme du cabaret… Ou pire… Mes yeux furetèrent autour de moi, le fuyant, cherchant un échappatoire, pourtant je savais que dans ce genre de cas, j'avais peu de chance de m'en tirer comme ça, je l'avais dérangé, je m'étais trouvée là où je n'aurais pas du être, sur son chemin, et c'était trop tard. A sa question je répondis par un hochement de tête docile. Qu'est-ce qu'il m'arrivait ? J'étais pourtant si forte tête, mais quand j'avais aussi peur, devant un homme qui m'impressionnait, je m'effondrais. Je me dégoutais. Incapable de tenir tête.

Tout en se présentant Travis me tendit la main, hésitante, mais polie et respectueuse, je la serrai doucement, ma peau était tellement froide, et parcouru d'électricité, son contact, tiède et agréable, me fit l'effet d'une explosion, trop effrayée pour en apprécier la chaleur. Je retirai vivement ma main et remontai ma manche trempée sur ma peau blanche. Je me sentais nue sous le regard des passants qui me dévoraient, je rougissais de honte, face aux moqueries de l'attroupement, je me sentais ridicule, effroyablement ridicule, j'aimerai pouvoir me terrer dans un trou de souris, disparaitre de leur vue. Je sursautai en entendant le garçon à coté de moi, qui lança à la foule de quoi la disperser et me laisser un peu d'air, je lui en étais reconnaissante, mais ses grognements n'apaisèrent pas ma peur. Non plus l'impression qui s'imposa à moi, peu à peu, tandis que se dispersant les gens nous laissèrent seuls, lui et moi, sur le bord de l'étang où j'avais plongé peu de temps auparavant. Je voulu reculer d'un pas en arrière, mais mon pied glissa sur le rebord de terre mouillée, je me tenais en équilibre, me rattrapant de justesse, j'étais coincée entre Travis et l'étang, je déglutis, m'attendant au pire. Nous nous connaissions… Oui, mais comment ? Etait-ce un client du cabaret déçu de mes refus ? Un homme de l'ancien club de strip-tease ? Ou pire un homme de Liverpool ? Non, il ne se souviendrait pas de mon visage après autant d'années, c'était impossible. J'étais perdue au milieu de toutes mes hypothèses plus terrifiantes les unes que les autres lorsqu'il me dévoila enfin la clé pour répondre à mes questions. Surprise soudain je relevai mes yeux vers lui, alors que je les avais fuit depuis tout à l'heure. Déstabilisée et incapable de reprendre mon masque, la petite illusion dont je m'entourai soigneusement s'effondra. Chez Neela ? Qu'y faisait-il ? Il connaissait la fondation… Si je pouvais aisément deviner pourquoi il s'y rendait, alors lui aussi… Je me mordis la lèvre, détournant mes yeux à nouveau pour regarder le sol. Ca, je ne m'y attendais pas du tout. Evidemment, je m'en souvenais maintenant, nous nous étions croisés dans le hall alors que je partais et que lui arrivait la semaine passée… Quelle idiote… Je m'étais faite peur toute seule, alors que… Je poussais un soupir, à la fois d'exaspération envers moi-même, mais aussi de soulagement. J'avais peut-être mal interprété les choses, et je doutais finalement des intentions que pouvait avoir Travis. J'étais perdue en réalité là, dans un brouillard étrange, où il faisait si froid que mes lèvres viraient au bleu, et où je commençai à voir des petites mouches noires voler devant mes yeux. Je secouai doucement la tête, comme pour remettre le monde à sa place et l'empêcher de tourner jusqu'à me donner la nausée.

Je relevai les yeux vers lui, sourcillant, lorsqu'il me proposa de le suivre chez lui. La panique revint soudain en moi, comme une vague déferlante, angoissée je tirai sur mes manches pour qu'elles recouvrent mes mains, tic nerveux. Une des premières règles chez les filles comme… comme moi, c'était de jamais suivre un inconnu chez lui, à moins d'y être forcée. L'invitation de Travis me semblait comme un piège, dans une fosse à serpents. Cette fois, j'étais bien décidée à fuir. J'ignorai ce qu'il voulait, mais l'angoisse et la peur qui enflammaient mon esprit ne laissaient aucune place à sa gentillesse et à sa bonne volonté. Je clignai des paupières, la terre s'était soudainement mise à tourner à nouveau devant mes yeux. J'étais glacée, j'avais l'impression que le vent soufflait si fort maintenant, me transperçant, mes cheveux s'emmêlaient autour de mon visage, mouillée de la tête au pied. Je serrais mes bras en croix autour de moi, pour me réchauffer et me protéger, en vain. Je soufflai, l'air froid sortit d'entre mes lèvres en une nuée blanche et vaporeuse, je m'entourai du manteau chaud, soucieuse soudainement, en songeant au garçon qui semblait lui aussi avoir froid. Je me sentais vraiment idiote.

- Je… je suis désolée… ça va… vous inquiétez pas… J'habite pas très loin…

M'excusai-je pour éconduire sa demande. Un mensonge, évidemment je n'étais pas d'ici, je n'étais de nulle part à vrai dire. Mais, j'avais trop peur de le suivre, et en même temps de dire non, et qu'il s'énerve, ce qui était stupide, il avait pas l'air de me vouloir du mal, c'était moi, qui était terrifiée pour rien. Il se perdit alors dans ses explications, et j'eu du mal à comprendre ce qu'il voulait dire du premier coup, sans reconstituer la phrase dans ma tête, avec mes pauvres neurones gelés. Il était homo ? Donc a priori il n'avait aucune mauvaise intention derrière la tête quand il me proposait de venir chez lui me réchauffer… Mais il pouvait aussi me mentir. C'était stupide. Il était honnête, il en avait l'air, je le sentais, rationnellement, mais ma part émotive était beaucoup trop forte et violente pour laisser la logique me diriger. En même temps, il était plutôt chou en s'emmêlant dans ses mots comme ça, je lui adressai un petit sourire, encore gênée par la situation.

- Je… je ne sais pas… je ferais mieux de rentrer chez moi… je…

A Brixton ? Bien sure, a plus de 40 minutes de métro bondé en heure de pointe pour aller à l'autre bout de la ville, trempée jusqu'au os, mes vêtements délicatement translucides sous l'eau ruisselante. Je passai ma main sur mon front qui me semblait peser plus lourd qu'une pierre. J'avais mal à la tête, je me pinçai l'arrête du nez, essayant de me concentrer, tandis que la réalité tanguait dangereusement par delà mon champ de vision troublé.
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MessageSujet: Re: Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia   Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia Icon_minitimeJeu 3 Jan - 11:29

Plus il parlait, plus le jeune homme avait l'impression d'enfoncer la situation au lieu de l’améliorer, le seul problème qu'il avait-là c'est qu'il ne savait absolument pas ce qu'il avait dit de mal. Il essayait de revoir tous ses dires en revus, mais... non... il n'y voyait aucun réels sous entendus douteux qui auraient pu la faire fuir, le faire craindre. Se passant une nouvelle fois une main dans les cheveux à cause du stress, il finit par se mordilla la lèvre en réfléchissant un peu plus intensément... Bon ! Tant pis, il fallait bien qu'il continue à parler à s'excuser et compagnie, avec un peu de la chance la jolie rousse comprendrait qu'il avait de réelles bonnes intentions, que ce n'était pas juste "comme ça", qu'avec lui, il ne risquait rien... Enfin tout cela semblait loin, très très même d'être gagné !Finalement le jeune homme lui avait tendu la main afin de se présenter, qu'elle sache au moins comment il s'appelle. La demoiselle hésita quelques instant avant de finalement lui serrer. Il lui dédia alors un sourire, tout en se rendant compte qu'elle était vraiment gelée et qu'il allait devoir faire quelque chose, mais quoi ? Pour l'instant, elle ne voudrait certainement pas le suivre et il n'avait rien d'autres pour la réchauffer... enfin si, il aurait toujours pu proposer une étreinte mais à l'heure actuelle c'était certainement la pire chose qu'il pouvait dire et faire. La première fois, il lui avait fallu un sacré bout de temps pour laisser quelqu'un le toucher de nouveau, il ne supportait plus le contact physique (mis à part de quelques très rares personnes), il ne faisait plus confiance à personne, il était détruit, totalement détruit; et puis, il y avait eu la deuxième fois, cet été... là, son fiancé avait eu du mal parfois à avoir des câlins, car même s'il lui faisait confiance, le moindre geste lui rappelait l'enfer qu'il avait vécu avec Kayle... Encore aujourd'hui et malgré tous les anti-dépresseurs cela était parfois dur. Enfin bref, là n'était pas le sujet ! Il ne fallait pas qu'il songe à tout cela, le plus important pour l'instant était d'aider la demoiselle, alors c'est ce qu'il allait essayer de faire !
Une fois la poignée de main échangée de façon de très brève, O'Connor se dit que la chose la plus pressante à présent, était d'éloigner les passants, de les disperser car cela devait encore plus accroître l'angoisse de la belle rousse de se sentir observée de la sorte. Après, peut-être qu'il se trompait lourdement, qui sait ?! Bref, il demanda à tous les curieux de se casser, d'une manière pas forcément agréable mais bon, cela l'agaçait clairement ! Soudain, il se rendit compte, qu'au lieu d’apaiser Amélia, il l'avait plus effrayé qu'autre chose ! Bravo Travis ! Franchement bravo espèce d'imbécile ! Dommage qu'il n'y ait pas un mur à proximité parce qu'il avait vraiment envie de se cogner la tête contre l'un d'eux. Histoire de "l'adoucir" un peu, le jeune homme lui avoua où est-ce qu'ils s'étaient déjà vu. A la fondation de Neela, il précisa même qu'il était le meilleur ami de la jeune femme. Peut-être qu'elle se méfierait moins de lui à présent, qu'elle comprendrait qu'il n'était pas un danger, pour personne. Jones n'était pas stupide pour s'entourer de personnes qui seraient néfastes à sa réputation, n'est-ce pas ?! Pour l'étudiant c'était donc un argument de poids, et il était même assez fier dans un certain sens que sa meilleure amie, fasse une association aussi géniale et utile !
Maintenant les lèvres de la demoiselle commençaient à virer eu bleu... et là, le jeune homme comprit qu'il fallait qu'il se dépêche, sinon elle allait certainement faire une crise d'hypothermie. La seule solution qu'il voyait c'était de la ramener chez lui, et il n'avait franchement pas le temps de tourner autour du pot pendant trop longtemps alors... Il se lança en lui disant les choses telles qu'elles étaient mais à la vue de sa réaction première il se doutait qu'elle allait refuser, ce qui dans un sens semblait plutôt logique... et enfin, Amélia parla de nouveau en lui disant qu'elle allait bien et qu'elle habitait pas très bien. Haussant un sourcil étonné Travis répliqua presque du tac au tac Je vois bien que ça ne va pas, je doute que les lèvres bleues, soient une teinte naturellement, alors là à part faire un malaise en pleine rue et vous n'irez pas bien loin... D'accord ce n'était franchement pas malin ce qu'il venait de dire, mais il voulait lui montrer la situation telle qu'il la voyait. Bon, il n'avait plus trop le choix à présent que de dévoiler qu'il était gay, avec un peu de chance ainsi elle redouterait moins de le suivre, elle comprendrait qu'il était "inoffensif". Le problème c'est que comme à chaque fois le jeune étudiant en journalisme s'embrouillait lui-même, il voulait bien faire, trop bien faire et il s’emmêlait les pinceaux rendant ses dires assez ridicules par moment. Malgré sa dernière "offensive" la demoiselle reprit bien vite la parole en répétant qu'elle ferait mieux de rentrer chez elle, mais cette fois-ci, elle semblait moins sûre d'elle... et alors qu'il attendait la fin de la phrase de la jeune femme, il eut l'impression qu'elle allait faire un malaise. La prenant doucement mais sûrement par un bras cette fois-ci, il lui laissa plus trop le choix. On va chez moi. Vous allez vous réchauffer ou au moins changer d'habits et après, si vous le souhaitez vous pourrez partir, mais je ne peux pas te laisser partir comme ça... Il va t'arriver malheur et je m'en voudrais parce que tout sera de ma faute. Le garçon ne s'était même pas rendu qu'il était passé du vouvoiement au tutoiement ! Il lui fit un petit sourire et chercha un autre moyen pour la convaincre, il fallait qu'il se dépêche car si Amélia semblait gelé, lui aussi commençait fortement à grelotter et à quelques jours de noël ce n'était franchement pas le moment de tomber malade ! Alors il ne voyait qu'une solution,même si elle lui faisait mal très mal. Cette fois-ci ce fut lui qui regarda au sol avant de souffler Si Neela a fait cette fondation, enfin une partie parce que je peux pas vraiment être enceinte, c'est pour moi... en quelque sortes... parce qu'elle se sent coupable de ne jamais avoir pu m'aider... avec mon ex. Il inspira doucement avant de soulever un peu son tee-shirt où il restait des cicatrices de certaines "altercations" avec son ex petit ami Je sais ce que c'est. Je ne sais ce que tu as vécu mais je peux comprendre. Je te jure que je te ferais pas de mal, juste... suis moi. Aie confiance, même si je sais pertinemment que faire confiance à un inconnu sorti de nulle part c'est très difficile. Je n'ai pas envie de traîner à mon appartement de force, mais je n'ai pas non plus envie qu'il t’arrive quelque chose en te laissant seule dans la nature, donc mon choix est vite fait. Le jeune homme n'avait toujours pas levé le regard vers elle, dit comme ça, il se dégoûtait... Fermant les yeux pendant quelques secondes, O'Connor finit par reprendre Tu veux bien me suivre ?! Voilà, c'était dit... tout était dit maintenant la jeune femme avait toutes les cartes en jeux pour le suivre, parce qu'il manquait réellement d'autres arguments, et comme il venait de lui sous entendre s'il le fallait, il l’emmènerait plus ou moins de force chez lui.

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MessageSujet: Re: Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia   Des rollers. Des marrons. Un portable. Un Caillou. Une chute. •• Amélia Icon_minitimeJeu 31 Jan - 1:23

Le vent s'engouffrait en moi avec violence, de l'eau ruisselait sur ma peau blanche, des gouttelettes tombaient de mes cheveux aux mèches sauvages mouillées de l'eau de l'étang, mes vêtements collant à mon corps grelottant étaient d'une nuée glaciale, d'entre mes lèvres s'échappait une fumée blanche et froide comme de la brume sur l'eau des matins de nuages et de givre. Je soupirai, lentement, et silencieuse comme l'ombre, le jeune homme tout proche de moi parlait doucement, il essayait de me faire entendre raison, cherchant toutes les façons du monde de me rassurer afin que j'accepte de le suivre chez lui. Il avait l'air sincère, et tout était en son sens, cependant j'étais forcée de me montrer méfiante malgré tout. Mais il ne crut pas mes mensonges, et mon état empirant, il ne pouvait que s'empresser de chercher un moyen pour que je le crois et lui fasse confiance. C'était un ami de Neela, et il fréquentait la fondation, pour quelque raison que ce soit, alors, il n'allait pas me faire de mal. Oui, mais la petite voix dans ma tête ne pouvait que m'implorer à la prudence, rappelant à moi divers épisodes de ma vie sur lesquels était fondée toute ma méfiance et ma peur des hommes.
Le passé était comme une porte ouverte sur un néant noir et sombre, dans ce néant dansaient des ténèbres qui peu à peu prenaient des formes, et dessinaient notre mémoire, derrière l'ombre d'un voile flou qui ici et là s'éclaircissait, ou au contraire s'opacifiait, l'on voyait apparaitre, le monde que nous avions traversé. Toutes les mémoires n'étaient pas faire d'ombres, mais la mienne l'était, je voyais les ombres, se profiler sur les grands murs de briques rouges et grises, dans les ruelles mal éclairées, aux recoins si noirs qu'on pouvait croire en les regardant qu'au-delà plus rien n'existait. Je suis entrée dans la porte des ombres, il y a bien longtemps, j'ai pris le chemin des ténèbres, un sentier tortueux et pleins de ronces et d'épines, sinueux comme le cours du temps, et jamais je n'en verrais la fin, car c'est une longue route sur laquelle commence et finisse toute chose, c'est un monde dont jamais l'on ne revient, que celui des ombres.
Je vacillais, comme la pointe rougeoyante d'une flamme tandis que le vent froid du fleuve pousse ses sinistres mugissements dans les branchements avides et claudicantes, mornes sous le ciel d'hiver, qui ronge toute chose. Mes yeux se fermèrent, un instant qui me parut comme une éternité, dehors tout était noir, les lumières étaient éteintes, les étoiles étaient voilées, j'avançais sur l'eau, dans le brouillard de la nuit, quelque part, loin de la lumière terne de Londres. Les contours s'effacèrent, les rives s'éloignaient de moi, partant au loin, à la dérives, les terres prenaient le large et au-dessus de leur tête nageaient des goélands, les rois du ciel et de la mer. Houleuse était la tempête, qui portait les âmes vagabondes loin de chez elle. Lointaine était la maison, que jamais je n'avais connue. Etranger était mon visage, dans le reflet de l'eau. Elle se brouillait, se tordant d'écume et de rage, et le vent soufflait sous les grondements sourds de l'orage. Les vagues se soulevèrent et de leurs pointes hérissées elles vinrent se suspendre à l'univers, et celui alors se referma sur lui-même, noyant la petite barque au fond de l'océan. Je dérive à présent, où que je porte mon regard, je ne vois plus rien que l'obscurité de l'eau, mon dernier souvenir fut le monstre gigantesque se hissant sur la surface nimbée d'argent, dont la gueule mugissante vint cracher les ténèbres.
Sa main se posa sur mon bras, pour me rattraper, il me tira de mon rêve, m'arrachant aux limbes, mes yeux se rouvrirent, et pendant un instant je ne bougeais plus ni ne dit plus rien. Puis doucement je reculai, pour m'éloigner, et rompre le contact entre nous. Mon pied dérapa sur la roche sous moi, et je faillis glisser en arrière, car derrière moi il n'y avait rien que le vide de l'eau, alors à mon tour je m'accrochai à lui, me rattrapant sur le rebord pour m'éviter de retomber à nouveau. Je le regardai, je plongeai dans son regard comme dans l'horizon lointaine du crépuscule, qui cherchais-je ? Je ne sais, une trace, une lueur quelconque, un indice sur le fond secret de son cœur. Parce que le risque était trop grand, de le croire, de le suivre, pour quelqu'un comme moi, qui avait si peur. Mais à vrai dire, je peinai à refuser, maintenant que le vent froid glaçait mes os, l'idée de pouvoir ressentir le réconfort d'un peu de chaleur, et de me débarrasser de toute cette eau était bien tentante, trop pour que j'y résiste encore longtemps.
Et puis, vu le ton que prenait Travis, et comment il parlait, j'avais de moins en moins le choix de le suivre. Il n'était pas méchant non, il ne cherchait pas à me forcer, mais il utilisait maintenant son autorité pour me convaincre, car sinon je risquais de rencontrer trop de problèmes, je devais bien avouer qu'il avait raison, aussi têtue et entêtée que je l'étais. Je ne me sentais déjà pas très bien, ou plutôt j'avais failli faire un malaise, la température de l'hiver qui une heure plus tôt ne m'avait pas semblée trop dure à supporter me paraissait soudain un calvaire à chaque seconde tandis que trempée ainsi je me sentais comme si j'étais nue.
J'hésitai, et me mordillai les lèvres, j'avais très envie maintenant de suivre le garçon dans un endroit chaud où je ne me sentirais plus à deux doigts de mourir à chaque fois qu'une bourrasque de vent ne me donne l'impression d'être dans des pays de glace sans soleil. Et maintenant, je me sentait toute petite et fragile, depuis qu'il avait parlé en me prenant le bras. Mais soudain quelque chose en lui changea, alors que son sourire se fendait et que me regardant il se détourna, baissant ses yeux vers le sol.
Je ne compris pas tout de suite, puis l'écoutant, je restais là, comme vide, choquée, et immobile. En quelques phrases il m'avoua ce qui le liait à Neela et à sa fondation, une chose que je présentais, mais je ne m'étais pas attendu à… à ça… C'était une chose dont moi-même je n'étais pas capable, alors d'une certaine façon j'admirai son courage, tout en partageant aussi sa douleur. Elle était palpable, elle se ressentait dans toutes les ondulations de sa voix brisée et basses, et son visage baissé, si j'avais osé le regardé, aurait peut-être évocateur de choses si fortes que je n'aurais pas su comment ne pas y perdre pied moi-même. Tandis qu'il me parlait de lui, de son histoire, un passé bien particulier mais qui pourtant faisait écho au mien, comme de sombres faits divers qui se ressemblaient plus ou moins toutes les semaines dans les journaux londoniens, il souleva son tee-shirt dévoilant sa peau blanche striées de cicatrices, anciennes marques de coups et de brutalités qui s'étalaient en un réseau de centaines de serpents s'entremêlant sur son ventre et parcourant certainement le reste des parties cachées de son corps. Je fermai les paupières, ne pouvant supporter longtemps cette vue qui me rappelait trop de choses, au-delà des souvenirs, des sensations violentes, et douloureuses, qui laissaient les mêmes marques sur moi. Mon corps frissonnait, plus seulement de froid, j'avais baissé la tête et mes cheveux retombaient sur mon visage, le cachant partiellement, cachant mes larmes qui glissaient sur l'onde lisse et pâle de mes joues. Je ne savais que répondre, j'étais désolée, tellement désolée, j'avais l'impression d'être un sorte de monstre. Je m'en voulais, sans en savoir vraiment la raison. Si, j'étais coupable, parce que c'était à cause de moi, qu'il avait dit tout ça, pour me convaincre qu'il était inoffensif, c'était moi ici qui était dangereuse, et qui lui faisait du mal.
C'était peut-être ce qu'on appelait le destin ou quelque chose comme ça. On y échappait pas, et quand ça tournait mal on pouvait toujours essayer de se rattraper ou de s'accrocher, il n'y avait rien que du vide dans la chute. Du vide, et du silence, et des ténèbres. C'était le principe du cercle vicieux, j'étais punie de ce que j'étais, et ma punition résidait à continuer de l'être. J'en connais qui s'empresserait de me dire que c'est faux, que j'ai tord, que c'était pas ma faute, mais je n'y crois pas, je ne peux pas penser que… Que je sois ce que je suis sans raison. Et il n'y a pas d'échappatoire, il n'y en a jamais eu, je n'ai jamais eu d'avenir, j'étais certainement destinée à mourir dans le parc, cachée au cœur de la nuit, je n'ai jamais eu aucun avenir, j'ai 23 ans, et je n'ai aucun avenir… Je ne sais rien faire que de servir de jouet à des hommes, on ne m'a jamais rien appris d'autre, je n'ai jamais été autre chose, je ne pourrais jamais être autre chose. Si ce n'était une accro à la coke incapable de regarder en face le fait que le manque était le plus fort, que je n'y arrivais plus, que je ne vaincrais pas, qu'il me faudrait peu de temps avant de replonger…
Faut pas que je me laisse faire. Faut pas que je me laisse abattre. Sinon mes ultimes efforts serviront à presser la détente. Je ne me laisserai pas abattre. Combien de fois m'étais-je répétée ce genre de chose " c'est bientôt terminé " dans le lit d'un homme dont je ne connais même pas le nom, " j'ai arrêté, j'y retoucherai plus " devant une dose de drogue plus tentante que de l'eau au milieu d'un désert sans fin, " un jour je serais quelqu'un d'autre "… Etait-ce réellement possible ? Je ne devais pas penser à ça. Ne pas penser, ne plus penser, c'était pour ça que j'étais venue non ? Ne pas penser. Et maintenant mes dessins n'étaient plus que papiers mouillés, informes et collants en une pâte dégoulinante d'anciennes couleurs ruisselantes. Mais c'était pas l'important le dessin, c'était de dessiner qui était important.
Progressivement, je relevai la tête vers Travis, à sa question j'hochai la tête, timidement. J'ignorai ce que j'aurais du dire… Que j'étais désolée ? Lui rendre la part égale ? Que j'étais idiote ? Je n'en savais rien. Certainement que j'étais désolée. Avant de définitivement tomber dans les pommes. C'est toujours mieux que de tomber à l'eau.
- D'accord… Je suis désolée…
L'assurance m'avait fui aussi vite qu'elle était factice. Face à Travis, après ce qu'il m'avait dit, je n'étais plus capable de tricher ou de mentir. Honteuse mes joues brulèrent, au moins je reprenais un peu de couleur, et rebaissant la tête je passais mes bras autour de moi, comme pour me réchauffer. Enfin si, pour me réchauffer.
Je relevai la tête soudainement, sentant une goutte froide glisser sur mon front. Dans le ciel, au-dessus de nous (ce qui est normal pour un ciel…) de lourds nuages sombres étaient venus de l'est, ils roulaient leurs brumes immenses, comme des voiles noires de corsaires gonflés par le vent, comme le Blackbird. Ils glissaient, non, ils courraient, dans le ciel, envahissant l'ombre, la plongeant dans l'obscurité. La pluie s'abattit très vite, comme un rideau de fer, glaciale, et de plus en plus violente de minutes en minutes.
- Oh zut… Je suis vraiment désolée...
Un orage allait éclater, et un vilain orage, la température avait bien descendue, le vent soufflait fort dans le parc faisant frémir les arbres, les branches s'entrechoquaient dans un bruit d'applaudissement sinistres, les feuilles bruissaient et murmuraient dans un dialecte étrange, de voix de plus en plus forte, portée par les vents. Il fallait que l'on se mette rapidement à l'abris, et pour cela, il fallait se mettre en route. J'acceptai de suivre Travis jusqu'à chez lui, histoire de ne pas mourir de froid.
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