”What a surprise”

Il y a des soirs avec et des soirs sans. Et ce soir là était carrément Sans. Quand on vient de finir une garde de 36 heures on a plus du tout l’esprit clair. Ni l’envie de grand-chose. Au volant de ma voiture j’avais qu’une seule envie, accelérer. Sentir quelque chose, vibrer pour quelques choses. Avoir des papillons, ressentir enfin quelque chose. En ce moment j’avais l’impression d’être une coquille vide. Une coquille toute cabossée, avec rien à l’intérieur. J’essayais de me convaincre qui avait quelque chose mais non … et puis en regardant dans le rétroviseur j’avais l’impression de le voir. Dans son siège auto à me regarder, à me sourire, tandis que son idiot de père faisait l’abruti à côté de moi pour le faire rire. Hayden a jamais supporté la voiture. D’ailleurs il passait son temps à me le dire, qu’il en avait marre de la voiture, qu’il voulait pour une fois prendre le train, ou le bus, ou même le bateau, n’importe quoi qui puisse le sortir de là. Mais non, les seuls rires que j’entends sont dans ma tête. Hayden est pas là, et Tyler encore moins. L’abitacle ici est aussi vide que mon cœur. Aussi vide que ma vie.

Et j’en peux plus. Et je monte le son de la radio en entendant une chanson que j’avais l’habitude d’écouter avant… Ce qui nous plaisait à l’époque c’était les rythmes vaguement hawaiens, la voix douce, et les paroles on les oubliait complètement. Mais maintenant, , alors que je chante le refrain …

- In the dark for a while now I can’t stay… so far… I can’t stay… much longer.

Les larmes coulent le long de mes joues et bientôt c’est un torrent. Je donne un coup sur le volant et le klaxonne se déclenche. Sauf que je m’étais pas rendu compte en conduisant que je m’étais retrouvé dans un quartier… commen dire. Ok c’est le quartier des putes ici. Pourquoi je suis ici? J’ai du rater la sortie pour rentrer chez moi. Remarque si on y réfléchit bien c’est un raccourcit également car si je prends la troisième rue à gauche j’arrive à deux patés de maisons de chez moi. Chez moi. Si ce mot a encore du sens aujourd’hui. Disons plutôt dans le lieu où dors, mange, de temps en temps m’envoie en l’air ou bien y passe du temps avec mon Zachary. Sans lui ça serait que 4 murs sans vie. Heureusement qu’il y vient … et puis de temps en temps Hayden quand j’arrive à en avoir la garde, ce qui est de plus en plus rare aux vues de mon emploi du temps. Les réponses sont toujours les mêmes « mais si vous viviez avec quelqu’un, pour s’occuper de lui, les démarches iraient beaucoup plus vite ». Et comment je le trouve moi l’homme qui va accepter de vivre chez moi juste pour que je retrouve mon fils? Qui acceptera de passer du temps avec moi et avec lui? Et à qui je peux faire confiance pour ça? La réponse est simple : personne.

Je remis un coup sur le volant d’énervement avant de m’essuyer les yeux. Je n’ai pas pensé qu’une seconde que klaxonner dans cette région allait forcément attirer les dames de la nuit. Je sais pas, pensant que je suis un homme venu chercher un peu de compagnie, l’une d’entre elle se pencha vers ma fenêtre, mes yeux étaient encore gonflées de larmes. Je les essuyait avec ma manche tout en riant un petit peu, mais poliement.

- je suis désolée c’est une erreur j’ai absolument pas bes….

« -oin de ça ». Mais non, je fus complètement choquée par la personne qui venait de m’aborder. Oh bordel …

- Grace ?!

Oh oui, Grace. Je la connais, et non pas de la façon là. En fait, elle est sortie avec Riley y a quelques années. Ils étaient jeunes je crois même que c’était sa première copine sérieuse. Je me rappelle pas de tout, mais de son visage si. Je reprenais un peu mes esprits avant de lui ouvrir la portière passager. J’étais absolument pas sure de ce que je faisais mais là, j’avais besoin d’explications et puis, tant pis, je payerais les heures passées si il faut.

- Monte. Je paye quand même.

J’ai toujours bien aimé Grace même si les relations étaient juste cordiales j’ai jamais bien compris pourquoi Riley cherchait toujours à savoir mon avis sur elle et d’ailleurs sur toutes les filles avec qui il a été. Il a toujours voulu mon avis mais aussi des fois il s’affichait exprès avec elles devant moi. Comme si ça allait me faire quelque chose, je sais pas, comme de la jalousie. J’attendis que la jeune femme entre dans ma voiture avant de redémarer tout en baissant la musique.

- et ben putain je pensais pas te revoir ici… comme ça…ça va?

Il fallait qu’elle comprenne que je ne la jugeais pas. Je Suis juste interloquée. Je pense que le fait que je lui tende mon paquet de cigarettes montrait que je n’étais là ni pour la faire chier et lui faire la morale, et… ni pour ses services.