L'ambiance à la maison était tout simplement massacrante. Darcy et Kaylee n'arrêtaient pas de se crêper le chignon pour un oui ou pour un non, ça en devenait pénible à force. De surcroît, il fallait toujours que je m'interpose, mais sans jamais prendre position ni pour l'une ni pour l'autre. Ce sport était plus éreintant que tous les autres sports que je pratiquais et pourtant c'était le sport que je pratiquais depuis tellement longtemps et tellement régulièrement que j'aurais du être largement habituée, mais il n'en était rien de tout cela et je continuais péniblement à m'interposer à chaque dispute me prenant à parti. La veille j'avais à nouveau du intervenir, c'est pourquoi ce matin, je m'étais levée un peu plus tôt, j'avais fais mon jogging habituel et j'étais rentrée prendre ma douche rapidement et m'habillant encore plus vite qu'à l'accoutumée, j'avais pris une trousse de maquillage pour me maquiller dans la voiture me menant à l'hôpital. Aux quelques feux qu'il y avait sur le trajet, il y avait largement le temps de mettre un coup de blush et de mascara, je terminai en arrivant sur le parking. Je fis une dernière vérification du maquillage dans le rétroviseur, puis de la tenue dans le reflet de la voiture. Tout étant parfait, je me dirigea vers l'hôpital, et plus particulièrement vers la cafétéria afin de prendre un petit déjeuné puisque je commençais à avoir l'estomac dans les talons. Après avoir pris un café et un croissant au distributeur, je me tournais et avançais à la recherche d'une place assise lorsque je reconnue ma meilleure amie, Florence, confortablement installée, qui me faisait un signe de la main. Je la rejoins et m'installa face à elle. Elle me fit la réflexion qu'il était tôt pour moi. Je sourit en hochant les épaules par la même occasion et répondit : « L'urgence c'est d'éviter les filles à la maison ! Mais dis moi, elle n'a pas été de tout repos ta nuit ! Tu as une de ces têtes ma pauvre ! »

Je souris en voyant mon amie se regarder dans la machine qui se trouvait à nos cotés. Le nombre de fois où je lui indiquais son état était faible, la croisant rarement les jours où elle était de garde la nuit. Florence sembla pester, mais dans une langue que je ne connaissais pas. Je l'avais déjà entendue plusieurs fois parler ainsi sans pour autant comprendre ce qu'elle disait et je me doutais qu'elle parlait gaélique du fait de ses origines écossaises. Elle tenta de replacer une mèche égarée sans y parvenir, je sortis alors de mon sac à main une brosse à cheveux ainsi qu'un petit miroir de poche, puis je lui tendis les objets en plus disant simplement : « Tiens ça pourrait t'aider ». Puis je l'écouta me narrer les péripéties de la veille. L'alcool au volant a toujours fait des ravages, mais en cette période de l'année, j'ignorais pourquoi, mais le nombre d'accident était en hausse considérable. Je garda ma réflexion pour moi même tout en sirotant mon café brûlant. En reposant mon café, je demanda néanmoins : « L'état critique va s'en sortir quand même ? ». Je coupa à la main un morceau de mon croissant quand ma meilleure amie me demanda s'il s'agissait toujours de la guerre à la maison. Je soupira en faisant un signe de tête positif avant de rajouter : « Oui toujours, ça deviendrait presque la troisième guerre mondiale à cette allure... Et toi avec ton adorable belle soeur ça s'arrange ? » Tant qu'à parler de nos histoires de famille autant prendre des nouvelles de l'odieuse invitée de la famille Taylor. Je ne la connaissais point pour autant que je sache, et pourtant déjà je la détestais. L'amitié c'est aussi être solidaire après tout, non ? D'autant plus que Florence était ma meilleure amie depuis un moment déjà, je ne pouvais qu'être solidaire d'elle. Surtout que son avis était bien souvent d'une objectivité à toute épreuve !

Pendant que mon amie se faisait une beauté, je gardais les yeux dans le vide, ou plutôt sur ma tasse de café entrain de refroidir. Puis, Florence me rendis mon nécessaire de survie et m'informa des retombées de l'état critique qu'elle avait réceptionné. Généralement, j'intervenais sur ces genres de cas, et mon amie me confirma que le patient en question aurait bien besoin de mon aide lorsque les médecins le jugerons bon. Je haussa les épaules et répondit : « Malheureusement pour lui s'il a affaire à moi, il risque de se prendre une leçon de vie, moi je te le dis ! » Effectivement, j'avais une sainte horreur des comportements du genre de cet inconscient, alors patient ou non, il aurai le droit à un bon coup de pied au cul pour avoir risquer sa vie et celle des autres. Ces autres en question aurait pu être n'importe lequel de mes amis ou même Kaylee ou Darcy, et rien que d'y penser, j'en attrapa des frissons.
Puis nous poursuivîmes la conversation sur Ivy, la belle soeur de mon amie et dont je ne cessais d'entendre du mal. Florence changea de face lorsque je l'interrogea. Visiblement, la belle soeur était toujours dans les parages, je proposa alors gentiment : « Tu veux venir t'installer quelques jours à la maison, il y a ma chambre ou le canapé, au choix, mais je te jure qu'aucune Ivy ne sera là pour t'ennuyer ! Au mieux elle comprend le message et déguerpie et au pire elle ne le comprend pas mais Travis lui le comprendra... A toi de voir » Terminais je en enfournant un bon morceau de mon croissant dans ma bouche. Je savais ma proposition alléchante, laisser Travis et Ivy entre frère et soeur était bien dans un premier temps, mais sans mon amie Florence pour essayer sans cesse de les séparer, ils se rendraient compte bien vite qu'ils ne se supportent pas beaucoup plus que la normal et Travis finirais ainsi par mettre sa soeur Ivy à la porte. Du moins, c'était le plan !

Si mes yeux avaient été des mitraillettes, ce futur nouveau patient de mon service l'aurait senti passer. Cependant, ce n'était point le cas, et heureusement pour lui. D'ailleurs, je connaissais suffisamment ma meilleure amie pour savoir qu'elle lui avait déjà fait passer un mauvais moment. C'est exactement ce qu'elle me confirma en me demandant de ne pas être trop dur. Je baissais les yeux comme une petite fille prise en flagrant délit. Il est vrai que je savais faire passer des séances de kinésithérapie relativement difficile : massage et engueulade bien salée au menu : ma spécialité ! Je répondis après avoir relevé la tête les yeux toujours aussi vif : « Bien chef, j'y réfléchirai à deux fois avant de lui faire sa fête à celui là ! » Je proposa directement ensuite d'héberger mon amie, l'air de rien afin de changer de sujet. Je vis bien que j'avais touché la corde sensible de Florence. Cependant, elle déclina mon invitation sous le prétexte que cela ne ferai en rien changer le comportement de Travis. Il est vrai que connaissant un peu le bonhomme, il ne demanderait pas de lui même à Ivy de rester ou de partir. Il faudrait que le changement vienne de la belle soeur de ma meilleure amie. Cependant, je ne la connaissais pas, et j'avoue que je n'en avais pas vraiment envie. Ce que je savais d'elle par l'intermédiaire de Florence ne me plaisait guère, c'était ainsi et pas autrement. Je tenta de forcer un peu la main de mon amie : « Viens au moins y passer le weekend, ça te fera du bien de changer d'air. On se fera des virées comme au bon vieux temps. » finis-je avec un large sourire et bon espoir de la convaincre avec ce dernier argument. Il faut avouer que nous en avions fait de bien bonne à cette fameuse bonne époque. J'admets sans problème d'ailleurs que ces virées me manquées. Nous les avions espacées à l'époque où Florence et Travis s'étaient rencontrés, jusqu'à les arrêter depuis leur mariage et surtout depuis que nous étions toutes les deux entrées à plein temps à Saint James. Ce job tant pour elle que pour moi, nous prenait à coeur au point qu'il en était devenu notre priorité. Ainsi, nous ne nous voyons plus qu'à l'occasion de nos pauses dans la cafétéria comme ce jour ci ou dans les couloirs de l'hôpital. Une voix de l'autre coté de l'interphone de la salle demanda après le Docteur Rob en salle de consultation numéro 4. Je pensa de ce fait : *Ah non pas une nouvelle journée avec lui dans les parages*. Faisant la mou, je reporta ensuite mon attention sur mon amie attendant sa réponse que j'aimerais tant positive...

Nous tournions la page sur ce patient totalement inconscient qui ne prenait pas la mesure de son... Non ! Plutôt de ses actes. Je réitéra ma demande de week-end, c'était tant pour elle que pour moi. J'avoue que ce week-end avec ma Florence serait bien bénéfique et qu'il me permettrait de penser à autre chose qu'aux disputes entre Kaylee et Darcy. Je constata avec bonheur que ma meilleure amie acceptée ma proposition. Nous allions nous faire un de ces programmes du fut du diu du bondiu (en français ça donne un programme de fou) histoire de pouvoir en reparler pendant quelques temps - ou pas si nous commencions par nous bourrer la panse a l'alcool -. La condition de ce week-end était que nous surviviâmes à ce très cher Docteur Rob. Le médecin ne se portait pas au mieux dans nos deux coeurs. Il était constamment désobligeant et cynique avec Florence, quant à moi, il avait réussi à me coincer dans son bureau un jour ou j'allais lui demander conseil et nous avions terminé par coucher ensemble. Depuis ce jour, je l'évite avec un soin méticuleux, préférant demander conseil a des personnes mieux avisées et qui ne s'amusent pas de la situation. Il faut préciser qu'il est totalement impossible de ne pas croiser le médecin dans l'hôpital, d'ailleurs il ne pouvait s'empêcher de me faire des propositions même devant les patients et les collègues. Cela avait toujours le dont de me mettre encore plus mal à laisse qu'à l'accoutumée ce qui semblait lui faire le plus grand plaisir. Je fini par sourire a mon amie et lui repondi : « survivons et rigolons de lui pour une fois. Je ne sais pas pour toi, mais j'en ai raz le bol de ses petitesses et de sa mesquinerie. Il faudrait qu'on se crée un groupe des victimes de Rob, je suis persuadée que nous ferions sensation ! » fini je presque en tapant du poing sur la table. Rien que de penser à une éventuelle revanche me faisait un bien fou au niveau du moral. J’espérais donc que l'on me suive en masse dans cette aventure..

Ma meilleure amie avait finalement acceptée mon invitation à venir passer le weekend à la villa. Enfin, weekend à la maison si l'on veut, la probabilité que l'on passe plus de cinq heures sur le weekend a la maison était faible et les cinq heures en question étant celle que nous réserverions à nous reposer un court instant. Cette idée me mettait de fort bon humeur. Puis je proposa de faire la peau à notre très cher docteur Rob. Le médecin étant tellement insupportable avec tout le monde qu'il ne serait pas difficile de trouver un lot de personne souhaitant se venger. C'est d'ailleurs exactement la réflexion que me fit ma meilleure amie Florence. Les alliances ont toujours ça de bon : faire la connaissance de personnes auxquelles nous n'aurions pas parler en d'autres circonstances. Je ferais peut être la connaissance du prince charmant... ou de la princesse charmante, même si ça sonne moins bien, je n'avais pas de préférences de ce coté la. Bon même si je suis actuellement avec Samuel, je ne me leurre qu'à peine sur le fait que nous ne ferons pas notre vie ensemble. Il faut être réaliste, je me voyais mal finir avec l'enfant d'une autre qui plus est quand nous ne nous supportons pas avec Gavyn. Je prenais déjà bien sur mon grade avec ce môme lorsque je le voyais, pas la peine d'en rajouter. Mais Samuel quoi. Je commençais vraiment à divaguer là, je m'étais promis d'arrêter de penser à lui au moins pendant que j'étais à l'hôpital. Le travail, ce n'est pas et ce n'a jamais était fait pour penser à son chéri. Je secoua ma tête en faisant le vide et avala la fin de mon café et de ma viennoiserie. Je reporta mon attention sur Florence et lui demanda : « Tu as un break de combien de temps ? Non pas que je m'ennuie, mais... il est un peu beaucoup l'heure que j'aille me préparer, j'ai mon premier patient dans moins d'un quart d'heure et je dois passer à la réserve pour reprendre de la crème avant... » Je montrais ma montre et tout en récupérant mes affaires, je lança à mon amie : « Ce soir, je t'emmène, on ira te chercher tes vêtements de rechange et ca sera partie pour un weekend de folie ! Préviens Travis ! »

En discutant, j'avais fini par regarder ma montre et m'était fait peur toute seule. Je demandais de combien de temps était la pause de mon amie et elle sursauta et fit comme moi, regarda sa montre. Nous finîmes notre dernière gorgée de café et nous dirigeâmes vers nos services. Il me fallait passer par la salle de repos où se trouvait ma blouse puis par la salle de soin du troisième étage afin de prendre mon chariot de kinésithérapie contenant mes différents produits et matériels pouvant toujours être utile lors de mes séances. Mon amie me fit une réflexion sur le fait que le docteur Rob était dans son secteur aujourd'hui,même si j'avais entendu toute à l'heure l'appel pour le médecin, je savais que Florence ne parlait pas de cela. Il y avait fort à parier qu'elle travaillait aujourd'hui dans son service, la pauvre. J'avais quand même de la chance puisqu'en ce moment je ne le croisais plus que très peu, puisqu'il n'avait rien à faire dans le service des leucémiques et que j'y avais une attribution pour une majeure partie de mes patients. Certes, il me restait toujours quelques patients dans d'autres services, mais je prévoyais peut de temps pour les rejoindre dans leur chambre d'hôpital et du coup, je marchais toujours d'un bon pas, assuré et rapide. Tout cela afin d'éviter ce très cher docteur Rob.

En chemin, Florence m'informa qu'elle prévenait Travis de notre petit weekend et termina sur une question concernant Samuel. Tout n'était pas parfaitement rose avec mon petit ami en ce moment, d'autant plus depuis que Gavyn, son fils, avait fait son entrée dans nos vie. Il était devenu très distant, refusant de montrer des marques d'affection à mon égard en présence de ce petit garçon, chose que j'estimais tout à fait légitime, d'autant plus que Gavyn semblait ne pas m'aimer et tout faire pour me séparer de Samuel. Encore heureux que nous ne vivions pas ensemble. Pour toute réponse à ma meilleure amie, je lui fis un sourire presque forcé en demanda sans détour : " On en reparle ce weekend si tu veux bien... " puis je m'arrêta au moment de la bifurcation où nous devions nous séparer pour préciser : " C'est tendu en ce moment avec Samuel. Gavyn fait tout pour me rendre dingue ou folle, comme il préfère... " Je laissa ma phrase en suspend et termina immédiatement en enchaînant sur notre séparation à Florence et à moi même : " Je te souhaite une bonne journée ma chérie ! Bon courage avec Rob. On finira tous par en venir à bout, ne t'en fait pas ! A ce soir !" Puis je lui envoya un bisous "volant" (un bisous sur mon index et mon majeur pour lui envoyer en faisant un léger souffle et en lui faisant un signe de la main) et je m’éclipsa rapidement, j'étais à la bourre ! Mon premier patient m'attendait déjà et je devais encore passer me changer et prendre mon matériel...