L’air était sec et lourd. Pourtant il faisait froid, le soleil manquant à l’appel. Le voile de la nuit recouvrait chaque centimètre de cette ruelle, si bien qu’on distinguait difficilement quelque chose. Je peinais dans cette obscurité infâme, regrettant parfois, le temps d’un soupir, d’être venue. Quelle idée franchement ! Ma curiosité m’amenait dans des endroits sinistres, mais elle me permettait de temps à autre de découvrir quelque chose d’inespéré. Allait-elle endosser ce rôle ce soir ? Je l’espérais. Je suivais une piste sérieuse. Mon petit ami , Julian Delmonico était impliqué dans diverses affaires criminelles sur lesquelles il travaillait depuis plusieurs semaine . Mais son retard n'était certainement pas du à cela . J’avais appris il y a quelque temps les raisons du pourquoi il n'était pas là , et depuis la situation se révélait délicate. Je prétendais agir normalement en sa compagnie mais ce n’était pas le cas. Je faisais semblant, de sourire, de rire, de parler, alors qu’en réalité ma tête manquait d’exploser sous le poids des questions. Je désirais mettre un terme au doute, mais comment ? Je ne pouvais pas me contenter de lui demander s’il voyait quelqu'un d'autre… non. Je n’arrivais même pas à encaisser la chose. Comment ? Il n’aurait pas fait de mal à une mouche. Il était certes agaçant et audacieux mais pas infidèle et menteur .. Je n’arrivais pas à croire toutes ces histoires pourtant elles semblaient réelles. J’avais alors pris la décision sans en parler à personne, surtout pas à ma meilleure amie , de traquer mon fiancé. Je détestais cette idée mais elle paraissait assez simple pour être envisageable.

Je me trouvais dans une ruelle sombre et téméraire à une heure avancée de la nuit, parce que ma curiosité dépassait les limites de l’entendement. Je voulais des réponses, peu importe le comment, peu importe le quand, peu importe le où (?) J’avais même mis ma morale de côté afin de pouvoir m’engager dans cette poursuite silencieuse et stupide. J’étais odieuse s’il se révélait innocent, et inconsciente s’il se révélait coupable. J’avais tendance à ne pas mesurer les risques et à les contourner d’un banal revers de la main, comme s’ils n’existaient pas. Je soupirais en continuant d’avancer, trop près pour reculer, trop loin pour rentrer. Je ne pouvais pas partir alors qu’il devait sans aucun doute voguer dans les parages. Sa voiture était garée à quelques rues d’ici, et sa silhouette avait fini par disparaître dans ce périmètre. J’en étais certaine. Je devais simplement retrouver sa trace avant de me perdre d’avantage ou de tomber sur lui en me grillant par la même occasion. Bon dieu que faisait-il à l’ouest de la ville ? Je l’imaginais mal dans un bar de strip-tease ou une morgue. Ce n’était pas du tout son genre. Mais après tout peut-être qu’il avait une face cachée ? Un visage qu’il ne voulait pas me montrer . Quoique non impossible.. On se connaissait depuis trop d'années . J'aimerais lui faire confiance , faire demi-tour et me dire qu'il me prépare peut-être qu'une surprise . Pas de quoi paniquer mais étant donné les ragots que j'entendais je ne pouvais pas me permettre de faire demi-tour.

« Peut-être qu’il ». Je me coupais subitement, interpellée par un bruit sourd. Je pivotais sur mes pieds en prenant mon courage à deux mains pour me retourner et faire face à une potentielle rencontre nocturne. Rien. Personne. Pas le moindre moustique ne volait autour de moi. Je commençais à douter de ma propre perception sensorielle … entachée par la fatigue certainement. Les êtres humains se rassuraient comme ils pouvaient mais parfois ce n’était pas suffisant pour se sentir en sécurité. En tout cas, cette manœuvre ne fonctionnait pas à l’heure actuelle dans mon cas. Donc je décida de m'arrêter pour ce soir . C'était la meilleure des décisions . Je finis par quitter la rue d’un pas décisif bien pour regagner ma voiture dans les plus brefs délais. Je ne tenais pas à passer le reste de ma nuit ici. Il devait me rester quatre heures avant le lever du soleil alors autant en profiter pour chercher le sommeil dans mon lit . Je regrettais de plus en plus mon comportement, m’apprêtant à ouvrir la portière de ma voiture lorsque tout à coup son reflet me frappa. Julian. Il se tenait derrière moi, silencieux et immobile. Je dus me contrôler pour ne pas sursauter, surprise de le voir si subitement. Je lui fis face en sachant pertinemment que mon visage trahissait mes émotions, mais dans l’espoir qu’il les interprète de façon erronée. « J’ai failli faire une crise cardiaque, qu’est-ce que tu fais là ? Je.. je n'arrivais pas à dormir donc je me suis dis autant allé faire un tour » dis-je avec un sourire maladroit .

Mes paroles sonnaient tellement fausses que tout le monde pourrait le remarquer . Je n'arrivais pas à lui mentir mais je m'inquiétais tellement pour nous . Pour notre couple . J'ai peur de le perdre , tout comme j'ai peur d'apprendre une vérité qui me déplairais . « Huum...On devrais rentrer.. »

Le temps maussade ne me donnait qu'une envie : rentrer au plus vite chez moi, oublier mon travail – oui oui, c'est bien moi qui aie dit cela – et prendre Chanelle dans mes bras, passer le soirée avec elle et juste vivre une vie de couple normale. Normalement, ma voiture devrait me diriger dans mon chez-moi où je vivais avec ma fiancé. Cependant, malgré le brouillard étrange dont la ville était plongée depuis l'aurore, mon étrange impression que quelqu'un me suit me parvint une évidence quand la voiture à quelques mètres de moi ne me lâchait plus d'une semelle. Hors de question de prendre un quelconque risque en montrant à un étranger où j'habitais et de mettre ma petite amie en danger. Je passais après elle. Si je devais mourir à cause d'un criminel, j’espérais qu'elle comprendrait que c'était pour la protéger et en aucun cas que c'était un acte inconscient. Roulant encore, les fards identiques me poursuivaient encore. Un appel au poste pour les prévenir que j'allais au parking en dehors de la ville et que si jamais j'avais besoin d'aide, j'appellerais sur le bouton d'urgence. Nerveux ? Toujours. Ce n'était pas habituel que l'on me traque de si près et c'était le pire à mes yeux. Ne pas savoir qui était l'autre personne dans la voiture, ne pas savoir ce qu'elle veut – tuer, kidnapper – tout ceci fait que l'on se demande ce qu'il va se passer et si sa vie va être interrompu si vite et brièvement. Moi qui avais prévu de parler à mon amour d'un événement tellement important ce soir, me voilà encore entrain d'arriver en retard à la maison et elle allait encore une fois me le reprocher. Heureusement que je suis policier, sinon l'excuse « Écoute chérie, je suis désolé, mais je me suis fait suivre par un inconnu, et je ne voulais pas rentrer à la maison car j'avais peur pour ta vie » ne marcherait pas.

Une fois sortie de la ville, ma voiture accéléra. Bon dieu, il ne veut toujours pas me lâcher !? Se croit-il réellement discret ? Si ce n'est pas une personne voulant atteindre ma vie, je lui aurais donné volontiers des cours mais bon. Arriver au parking, je vis – malgré l'heure tardive – une petite ruelle où je pourrais facilement me cacher pour voir si l'autre véhicule allait se garer aussi. Ce qu'il se passa effectivement quelques secondes plus tard. Juste à côté de ma voiture personnelle. Une silhouette sortit et mes sourcils se froncèrent. Chanelle, pensais-je. Alors là, pour me foutre la trouille de ma vie, très douée oui. Bordel, pourquoi m'avait-elle suivie comme ça ? Mon énervement passa très rapidement quand je la voyais repartir vers la voiture. Autant que je me montre. Sortant de l'ombre, je la suivais à mon tour. Quand elle remarqua ma présence, ses yeux me montrèrent toute la surprise possible. Pourtant, elle savait que c'était moi qu'elle suivait. « J’ai failli faire une crise cardiaque, qu’est-ce que tu fais là ? Je.. je n'arrivais pas à dormir donc je me suis dis autant allé faire un tour » Se foutait-elle de moi ou bien … ? Face-à-face, j'arrivais tranquillement à sa hauteur. « Je te retourne la question Chanelle. Depuis le poste de police, tu me suis. Cette coïncidence est juste impossible et tu le sais autant que moi » Mon ton était assez froid mais je ne voulais pas qu'elle me prenne pour un con. Certes, je lui avais souvent menti, mais de là à me suivre et me faire peur, ça ne me passait pas.

« Huum...On devrais rentrer.. » « D'abord je veux savoir la vérité. Tu te rends compte à quel point tu m'as fait peur !? Imagine ça aurait été quelqu'un qui veuille m'agresser ! Je n'osais pas rentrer à la maison pour que la personne ne s'en prenne à toi ! » Oui, je m'emportais un peu, mais j'avais eu si peur. Elle n'avait pas l'air de s'en rendre compte et ça m'agaçait. Soupirant doucement, ma colère se calmait. Comment en vouloir à la personne que l'on aime ? Impossible d'en vouloir à vie. Sauf si c'est bien pire que de faire une frayeur à son fiancé en le poursuivant. Abaissant complètement mes barrières, je prenais doucement ma fiancée contre moi. Le bonheur de la retrouver sera de toute manière toujours plus fort que tout autre chose. En aucun cas, je cautionnais ce qu'elle m'avait fait ce soir. « Ne fais plus jamais ça, s'il te plaît » lui demandais-je calmement en respirant son parfum. Ne lâchant plus son corps, je me rappelais de ma dernière discussion avec Travis. Ce soir serait apparemment le bon soir pour mettre les choses au clair. « J'ai des choses à te dire, chérie » Peut-être étais-ce pour cela qu'elle me traquait. Ma conscience me permit de me demander si c'était le premier soir qu'elle essayait de savoir où j'allais. Cette simple pensée ne me fit pas plaisir, mais il fallait que je lui dise tout. Absolument tout ou notre couple volerait très vite en éclat. Moi qui avais des projets d'avenir, ce n'était pas vraiment ce que je voudrais pour notre relation et notre futur commun.

Il se tenait derrière moi, silencieux et immobile. Je dus me contrôler pour ne pas sursauter, surprise de le voir si subitement. Je lui fis face en sachant pertinemment que mon visage trahissait mes émotions, mais dans l’espoir qu’il les interprète de façon erronée. Mes paroles montraient clairement la nullité de mon acte, moi même je ne savais plus pourquoi je le suivais . Je me disais peut-être que si je découvrirais son secret je comprendrais ses multiples retard . Ou peut-être que je voulais simplement savoir sans aucune arrière penser, sans aucune idée machiavélique en tête si il me trompais ou pas. Les rumeurs circulaient vite en ville et j'en avais été la cible principales . Comment ne pas doutait avec toutes ses rumeurs qui semblait si réelle. Je sais que j'aurais dû prendre partie pour Julian au lieu d'écouter ses baliverne mais c'était ainsi. Lorsque que j'étais entrain de me retourner vers Julian pour lui faire face, je ne pu m'empêcher de regarder tout les petits détails apparent et ma propre perception sensorielle ne fit pas effet - encore un fois - . Pour éviter tout soupçon de sa part, je posa mon regard sur lui affichant encore un petit sourire en attendant ses paroles. « Je te retourne la question Chanelle. Depuis le poste de police, tu me suis. Cette coïncidence est juste impossible et tu le sais autant que moi » dit-il d'un ton froid . Je n'avais pas besoin d'avoir une perception hors du commun pour comprendre que Julian m'en voulais de l'avoir suis . Il se posait des questions sur ma venue à l'ouest de la ville . Et il était vrai, que je ne me trouvais pas en très bonne posture , tout était contre moi. Julian sait que nous habitions à l’opposé de cet endroit et surtout qu'il était rare que je mette les pieds dans un lieu pareil. Je devais donc trouver une excuse valable et surtout réaliste. Qui tienne la route quoi. Finalement je n'ai préférée rien dire afin de ne pas me perdre dans mes propres mensonges et de jouer sur une toute autre carte. Je proposa alors à mon fiancer de rentrer à la maison car le lieu n'était pas trop approprier pour discuter mais, comme à son habitude Julian n'en faisait qu'à sa tête. « D'abord je veux savoir la vérité. Tu te rends compte à quel point tu m'as fait peur !? Imagine ça aurait été quelqu'un qui veuille m'agresser ! Je n'osais pas rentrer à la maison pour que la personne ne s'en prenne à toi ! » . dit-il en augmenta la voix . En temps normal, je n'aurais pas hésité à riposter mais là j'étais en tord ou du moins pas dans la mesure de riposter . Puis d'un seul coup Julian me pris dans ses bras , baissant le volume de sa voix comme si rien ne c'était passé . Je le regardais d'un air étrange car je ne comprenais pas pourquoi il c'était calmé qu'un coup . J'étais contente certaine mais je ne comprenais pas .. « Ne fais plus jamais ça, s'il te plaît » Pour être honnête, je ne savais plus quoi dire face à toute ses paroles qui me semblaient encensé. «  Promis. A condition que tu ne me mens plus. » dis-je en le regardant avec un petit sourire de satisfaction .

« J'ai des choses à te dire, chérie » . En moins de deux seconde Julian avait réussit à me faire perdre toute certitudes pour laisser place au doute . Mon esprit basculait dans tout les sens , un millions de questions me traversais l'esprit . Qu'allait-il me dire? Avouera-t-il les rumeurs courante sur ses nombreuse conquêtes ? . En regardant de plus prêt on pouvait voir que toutes mes questions étaient négatifs . Je ne pensais que de manière négatives concernant notre relation. «  Je.. Je t’écoute.. » dis-je avec un sourire des plus maladroit.

Ma colère n'avait pas besoin de rester pendant des lustres. Si c'était le cas, ça détériorait notre soirée et la nuit se passerait très mal. Être tendu est habituel mais si je pouvais l'éviter, tant mieux. Gardant le silence jusqu'à ce que je la prenne dans mes bras – geste qui devait l'intriguer, mais qu'importe – ses mots me surprirent assez. « Promis, à condition que tu ne me mens plus. » Je ne pensais pas les entendre, mais elle n'avait pas tord en me demandant cette requête. Peut-on promettre quelque chose que l'on est pas certain de pouvoir respecter ? Le promettre et ne pas le respecter, est-ce de la trahison ? Oui, sûrement, et elle n'aurait plus confiance en mot, ni mes paroles. Son sourire me prouvait qu'elle acceptait le marché à condition que je respecte ma part du contrat. Elle était définitivement trop intelligente je crois bien. « Je promets que je ne te mentirai plus, Chanelle » annonçais-je, solennellement. Je n'avais pas le choix de toute manière et qu'elle me refasse une frayeur comme ce soir me tuerait tôt ou tard. Mieux vaut éviter alors.

« Je.. Je t’écoute.. » Apparemment, sa satisfaction s'en était allée quand je lui avais dit qu'il fallait que je lui parle. Oui, c'était la phrase qui faisait immédiatement avoir très peur. En quelque sorte, elle pouvait être un peu angoissée. Je doute qu'elle aime ce qu'elle va entendre, mais elle avait voulu la vérité, j'allais tout lui dévoilé. « Ces derniers temps, je n'étais pas présent du tout à la maison et l'incident de l'autre fois – quand j'ai braqué mon arme sur toi – t'a prouvé à quel point j'étais ailleurs. En fait … » Je me raclais un peu la gorge, regardant autour de nous pour être certain que personne ne nous écoute. Ne sait-on jamais. « J'étais sur un très gros dossier. Je ne sais pas si je t'en ai déjà parler, mais ça concernait un jeune garçon du nom d'Eliott. Aucune preuve ne l'accusait de meurtre, mais j'étais certain que c'était lui. Personne ne m'a réellement aider sur cette enquête et vu que je devais me débrouiller seul pour lui faire craquer le morceau, j'allais le voir très souvent » Dire la vérité, dire la vérité. « C'est-à-dire tous les soirs en sortant du travail. C'est pour cela que je rentrais si tard et ce n'était rien d'autre » admis-je.

Tout dire ou ne pas tout dire, telle est la question. Mon esprit me conjurait de tout balancer, mais mon cœur palpitait rien qu'à cette idée. « Il n'y a rien eu entre nous, si tu avais peur de cela. Disons que … je le trouvais attachant et mignon, mais j'ai gardé mes distances » Elle allait me tuer d'ici peu. « Je l'ai coffré il y a deux jours, ça n'a pas été facile mais j'ai réussit à avoir ses aveux écrire noir sur blanc. C'est tout ce que j'avais à te dire » finissais-je. Maintenant, je n'avais plus qu'à soutenir son regard sur moi, attendre sa réaction et espérer qu'elle comprenne quand même que c'était mon travail que de suivre et récupérer le maximum de preuve pour être un assassin en prison pour toujours. Je doutais qu'elle le prenne si bien, mais elle m'avait dit « plus aucun mensonge » alors autant corriger les erreurs passées assez proches dans le temps. Non ?

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