Hugo venait de se lever du lit et il se baladait dans sa chambre, le cul à l'air et je soufflais. Mais qu'est-ce que j'allais faire de cette pile électrique aux tendances nudistes ? Les enfants n'aiment pas être tout nus, Azylis n'avait jamais aimé cela mais en ce qui concernait Hugo, c'était totalement différent. Il aimait se balader ainsi, du haut de ses deux ans, et le rhabiller était un défi lorsque monsieur avait décidé qu'il allait rester les fesses à l'air. Attrapant mon garçon, ce dernier fronça les sourcils et je fis de même. Il savait que lorsque j'agissais ainsi, la punition ou la dispute arrivait et c'est – comme par magie – que le petit brun se mit à sourire. Je préférais largement cela et lui enfila rapidement une couche ainsi qu'un t-shirt avant de le laisser partir. Il était treize heures et – en toute logique – il allait bientôt tomber de fatigue et tout ce qui allait avec. En toute logique puisque bien entendu, le petit bout était tout sauf logique. Entendant une voix venant de l'étage inférieur de la maison, je pris Hugo dans mes bras et descendis. Azylis était devant la télé et son dessin animé venait de se terminer. Mademoiselle ne voulait pas aller dormir mais regarder le deuxième volet de son dessin animé préféré : Pocahontas. En tant normal, j'aurai définitivement refusé de remettre un dessin animé en route mais elle venait à peine de rentrer de dix jours à l'hôpital et j'avais donc énormément de mal à lui interdire quoi que ce soit. Attrapant des feuilles, des crayons de couleur et des boissons, j'emmenai Hugo à côté de sa grande sœur. Azylis était plongée dans l'écran télé, Hugo dessinait et moi, je comatais méchamment devant la télé lorsque j'entendis mon portable sonner. Où était-il, où était-il ? Merde alors ! Je fouilla quelque peu dans le salon et lorsque je mis la main dessus, c'était trop tard. Bien évidement, il fallait toujours que je perde ce fichu cellulaire. Écoutant le message du jeune homme, je fronça légèrement les sourcils. Quelque chose clochait avec Keane, il devait être totalement perdu pour me demander de venir deux heures en avance, ce qui voulait dire dans quarante minutes. Voyant mon reflet dans la vitre du four, je grimaça légèrement et dis « Azy, surveille ton frère cinq minutes, je vais me changer pour aller chez Keane » Je monta rapidement les quelques marches qui séparent le salon des chambres et quitta mon jogging de grand-mère pour un jeans slim bleu foncé et une tunique jaune moutarde. J'aimais les couleurs et je n'allais pas m'en gêner avec le temps radieux qu'il faisait dehors. Entendant la femme de ménage/nourrice/cuisinière de la maison rentrer de ses courses, j'étais soulagée. Je ne me voyais pas emmener ces deux crapules chez Keane surtout qu'ils n'auraient pas dormis et ça, c'était plutôt mauvais. Me dirigeant vers le salon, j'expliquai rapidement à mes deux enfants comment aller se passer cette après-midi. Je ne serais pas là, après le dessin animé, c'était direction le dodo pour une heure et je serai de retour pour le dîner. Azylis avait l'habitude de me voir partir mais pour Hugo, c'était totalement différent. J'avais l'impression de lui arracher les yeux à chaque fois puisque le jeune garçon hurlait et pleurait comme pas possible. Seulement, je savais que tout cela était de la comédie parce que j'avais à peine eu le temps de fermer la porte que les cris et pleurs cessaient. Me dirigeant vers ma voiture, je partis en direction de chez mon ami. Ce dernier m'avait avoué être attiré par les hommes il y a quelques temps et je me doutais que ses peurs et son besoin de parler venait de là. Je connaissais Keane depuis tellement longtemps que je pouvais prévoir ses actions et pensées. Là, il devait sûrement baliser que son père découvre quelque chose et lui fasse la peau. J'avais toujours eu un grand – voire énorme – respect pour M. Lorence mais s'il mettait son fils de côté pour un simple baiser, je n'étais pas trois fois sûre que je serais si calme et douce avec ce dernier. Je ne supportais pas les gens qui jugent à tout va et ce parce que j'avais longtemps été jugée pendant mon adolescente. Oui, j'étais une ancienne droguée, oui j'avais mis au monde un enfant sans cerveau, oui j'étais persuadée que la leucémie de ma fille était de ma faute et alors ? Je n'avais besoin de personne pour me rendre encore plus coupable que je ne l'étais déjà. J'avais appris à vivre avec le regard d'autrui mais ce n'était pas tous les jours facile et il fallait avouer que, sans mon père, je n'y serai jamais arrivée. Frappant à la porte du jeune homme, je souris et me laissa prendre dans les bras. Moi qui n'était pas très câline en temps normal, c'était différent avec Keane. Je le considérais comme mon frère après tout. « Moi aussi je suis contente ! Non, ils sont restés à la maison. Azylis était à fond dans Pocahontas et Hugo devait aller dormir donc bon... Et puis au moins, on pourra discuter sans avoir peur que ces deux paires d'oreilles chastes entendent quelque chose » Je lui fis un clin d'oeil avant d'entrer dans son appartement et de me poser sur le canapé. Lui faisant signe de venir à mes côtés, je dis « Bon, raconte moi tout. Que se passe-t-il beau brun ? » J'avais beau avoir un respect total envers le jeune homme, je ne pouvais pas rester insensible à son charme.