Chapitre premier : naître est une épreuve

Je me souviens encore le jour où maman m'a raconté ma naissance. J'étais assise par terre sur la plage, les mains dans le sable, concentrée à faire un château. Je m'en souviens encore parce que c'était la seule fois où nous sommes allés tous les quatre à la plage. C'était à l'époque où tout semblait encore aller. Maman était allongée sur le sable dorée et se faisait bronzée. Elle s'était redressée pour me surveiller le temps que les garçons étaient dans l'eau. C'est alors qu'elle m'avait raconté. Selon elle, j'avais été tellement désirée comme enfant que le jour de ma naissance, tout le monde m'avait offert des cadeaux. J'avais alors éclaté de rire quand elle m'avait raconté ça et dit que je ne me souvenais pas de tout ça. Elle m'avait disputée, j'avais alors repris mon sérieux et je m'étais donc concentrée sur mon château. Elle a poursuivit. La veille de l'accouchement, papa et maman étaient venue au même endroit, sur cette plage où nous nous trouvions. Papa avait fait des câlins au ventre de maman. J'étouffais un nouveau rire. Et le jour de ma naissance, il parait que j'étais le plus beau bébé de Saint James. Oui oui, il parait parce que soyons honnête, un bébé reste un bébé et les parents sont toujours sur que le leur est le plus beau de tous alors qu'il n'en est rien.
Les garçons étaient revenus à ce moment là et j'avais demandé à papa si tout ça était bien vrai, si j'étais vraiment le plus beau bébé du monde, il avait sourit, m'avait ensuite embrassé sur le front et répondu que oui. Sur le chemin du retour, papa et maman discutaient et nous autres enfants dormions, ou du moins faisions semblant de dormir. J'avais entendu des bribes de leur conversation. Papa disputait maman. Ce n'était pas la première fois qu'ils avaient une altercation, nous les entendions souvent se disputer depuis notre chambre lorsqu'ils croyaient que nous dormions. Dans ce que je compris, papa reprochait à maman de m'avoir menti, de m'avoir dit tant de mensonge sur ma naissance. Non, je n'avais pas été désirée, pas plus que mon petit frère. Il lui demanda plus tard si elle m'avait aussi raconté que c'était à cause de moi qu'ils étaient devenu des étrangers l'un pour l'autre. Il lui demanda également si elle m'avait dit qu'alors qu'elle était entrain de me mettre au monde, ils s'étaient disputés comme des chiffonniers. Je continua de faire semblant de dormir. En rentrant à Londres, je monta directement dans ma chambre et je pleura toutes les larmes de mon petit corps de cinq ans.

Chapitre second : drôle d'enfance

Je n'ai que des bribes de souvenir de mon enfance. Parmi ceux-ci, la naissance de mon petit frère et le gros ventre de maman fut l'un des seuls bons moments dont je me souvienne. Effectivement mon enfance a plutôt été bercée de promesses non tenues, de cris et de pleures. Tout à fait normal me direz vous. Mais lorsqu'on croit former une famille et qu'on la voit se disloquée en mille morceaux et qu'on reste là impuissant et spectateur de notre propre déchéance, je vous jure que ça fait mal. Nous passions beaucoup de temps avec les amis de papa et maman, les Nasàan. Et un jour, on a arrêter de les voir, comme ça, du jour au lendemain. Quelques temps plus tard, papa nous a annoncé qu'il partait, seul mais qu'on le reverrait bientôt. Maman a beaucoup pleurée. Je m'en souviens malgré que je n'avais que six ans. Oh oui, j'entends encore les pleurs de maman qui duraient toutes les nuits du soir au matin et qui ne s'arrêtaient pas parfois le matin, continuant ainsi jusqu'au soir. Maman nous envoya un temps chez papa. Elle avait besoin de respirer et notre présence lui faisait du mal. Nous ne comprenions pas ce qu'il se passait avec mon petit frère et nous déménagions dans la villa de papa. C'est à partir de ce moment là que nous revîmes régulièrement les Nasàan. Un peu trop régulièrement à mon goût. Ils avaient une fille, un bébé. Je devais souvent m'en occupé malgré mon jeune âge. Un jour, je devais avoir autour des sept ou huit ans, je ne me souviens plus très bien, papa nous dit que la famille allait s'agrandir. Puis, il nous présenta Madame Nasàan, que nous connaissions déjà, raison pour laquelle nous ne comprenions pas son manège. Cette dame avait maintenant deux filles et son ventre n'était pas fort plat. Elles virent toutes les trois s'installer chez nous. Heureusement que la maison était grande, mais je du néanmoins partager ma chambre avec mon petit frère pour laisser l'autre chambre aux deux filles de Madame Nasàan. Au début, j'avoue que je haïssais l'idée d'avoir deux soeurs et une nouvelle maman. Mais les choses sont ainsi et je me résigna bien vite à accepter les nouvelles venues. A peine ce changement fut il intégré dans ma petite tête de petite fille de neuf ans que cette nouvelle maman nous apporta un nouveau bébé. "ENCORE UN !" avais je lâché quand ils nous avaient annoncé la nouvelle. Mais ce bébé là était spécial. C'était ma petite soeur et quand je posa mes yeux sur elle, je la trouva immédiatement à croquer.

Chapitre troisième : adolescence

Avec quatre frère et demi-soeurs, je dus rapidement prendre mes responsabilités d'aînée et je dus donc aider ma "belle-mère" à changer les couches, à préparer les biberons, à faire faire les devoirs des plus jeunes lorsqu'ils furent en âge d'en avoir etc. J'appréciais tout le monde autant les uns que les autres et la charge de travail qu'ils me donnaient ne me dérangeait guerre au début. Cependant, jouer à la poupée, même vivante, ça ne dure qu'un temps et même si l'affection que j'avais pour mes soeurs et mon frère ne changea point, j'avais d'autres priorités comme d'avoir mon premier baisé, de faire de bonnes études pour faire le métier que je souhaitais. Tiens d'ailleurs au départ, je voulais être docteur puéricultrice, mais je me découvris un don : mes mains. Certes j'avais appris à écouter, conseiller, aider depuis que je faisais partie d'une famille nombreuse, mais ce que j'arrivais à faire avec mes mains, les massages que je pouvais faire étaient tout simplement réparateur. Je me vis donc changer d'orientation pour faire des études de Kinésithérapeute. Ma période d'adolescence, vous savez celle où les enfants sont en perpétuelle rébellion contre l'autorité parentale, et bien elle a été quasi inexistante chez moi, préférant la vie de famille que nous avions à une grosse engueulade. Je ne suis pas entrain de vous dire que je n'ai pas eu d'adolescence et de crise du même nom, bien au contraire, j'ai fais ma crise comme tout le monde, sauf que j'en ai étouffé une bonne partie grâce aux activités sportives que je m'obligeais de faire quotidiennement. Bref, ce moment de mon existence n'a pour le moins pas été très palpitant... Quoiqu'il y a bien eu ce garçon... oui mais je n'ai pas spécialement envie d'en parler, c'est encore un peu douloureux. J'ai donc passé mes belles années à seconder ma belle-mère et à étudier.

Chapitre quatrième : un métier

J'avais vingt cinq ans lorsque j'obtins mon diplôme de Kinésithérapeute. J'avais effectués quelques stages ça et là dans des cabinets privés. A la sortie de l'école, je tenta d'ouvrir mon propre cabinet, après tout c'était la raison pour laquelle je m'étais lancé dans un métier médical à l'origine. Cependant, après une année d'exercice plutôt catastrophique, je décida de sauver mes dernières billes et de me retirer de l'indépendance. Je postula à différents postes de Kinésithérapeute dans le secteur privé toujours, mais je ne parvenais à décrocher aucun entretien. Ce faisant, je décida d'y aller au culot et je postula à Saint James, la même clinique, le même hôpital où nous étions nés moi et mon frère. Je décrocha ainsi mon premier entretien avec la direction des ressources humaines, puis un second avec le grand responsable de clinique, et enfin avec le responsable de service Kinésithérapie. C'est donc après non moins de deux mois d'entretien en tous genre et un peu désespérer que je fus intégrée au service, à mon plus grand bonheur, mais visiblement pas seulement mon bonheur, puisque les patients semblent également bien apprécier les vertus de mes massages et de mes conseils. L'avenir ne nous dira pas le contraire, du moins je l'espère...