Parfois un geste,

une parole suffisent à

sortir la tête de l'eau

pour quelques secondes...

Voila maintenant un mois que mes proches m'avaient fait interner à l'hôpital de Saint James. Ils estimaient que la déprime dans laquelle la mort de Liam m'avait plongée n'était pas normale. Effectivement, je refusais de m'alimenter, refusais de voir les personnes, même mes amies les plus proches, même mes triplettes. J'étais entrée dans un cercle vicieux, celui où les idées noires submergent toute volonté de se battre. C'est pour toutes ces raisons que mes proches avaient décidés de m'envoyer à l'hôpital, dans le service de psychologie. La première semaine ne changea rien pour moi, je continuais de refuser de manger et de parler, vu que plus personne ne se gênait pour venir me rendre visite. Les médecins finirent par me perfuser tellement mon cas les inquiétait. Il faut dire que cela commençait a faire un moment que je ne m'étais plus rien mis sous la dent. Le jour où j'acceptai de me nourrir, le psychologue est venu immédiatement après pour voir l'effet que cela me faisait. Quel curieux ! Les séances quotidiennes commencèrent alors et il me faisait raconter ma vie, chronologiquement. Un jour je prononça le nom du docteur Sutton. Le médecin se redressa et me posa quelques questions sur ce médecin qui m'avait soutenu lors des pires périodes. Son attitude me mis la puce à l'oreille. Pour la première fois depuis que j'étais arrivée à Saint James, je sortis de ma chambre et me balada dans l'hôpital jusqu'à l'accueil. Pour une raison inconnue, je regarda le panneau indiquant les lieux de chaque service malgré que je sache déjà où était le service concerné. Je pris ensuite l'ascenseur et monta jusqu'au deuxième étage. Je me dirigeais enfin vers le service le plus bruyant de l'hôpital. Un service où j'étais déjà venue plus d'une fois lorsque j'étais plus jeune. Le service de Pédiatrie. Je regardais un nouveau panneau, celui indiquant le nom des médecins en service présent ce jour dans l'hôpital. Je vis le nom de mon médecin lorsque j'étais enfant et ceux sans vraiment être surprise. Je demanda à la dame de l'accueil pédiatrique s'il était disponible. Elle vérifia le planning avant de passer un appel via l'interphone. Le médecin demanda mon nom, l'aide soignante me communiqua la question à laquelle je répondis simplement : "Pimseen" elle voulu savoir aussi mon prénom et elle insistait lourdement pour remettre à plus tard mon entretien avec le médecin qui avait une tournée à faire. Cela ne m'aurai pas dérangée, j'habitais à l'hôpital un peu maintenant. Néanmoins, le docteur insista pour que j'entre immédiatement dans son bureau. Surprise, l'aide soignante bougonna que cela ferai juste attendre de vrai patient qui avaient vraiment besoin d'un pédiatre eux. J'entrai dans le bureau du docteur. Je devais avoir les yeux rouges, ou peut être fatigué, à moins que cela ne soit les deux. Toujours est il que le médecin congédia l'aide soignante un peu lourde en lui demandant du café qu'elle s'empressa de nous servir. Je voyais bien qu'elle voulait écouter ce que j'avais de spécial à raconter et le pourquoi le médecin accepté de me voir si rapidement. J'attendis pourtant que la porte soit refermée pour exposer mon histoire à celui-ci depuis le temps que je ne l'avais pas vu : "J'ai contaminé Liam... Il... il..." est mort mais je ne parvenait pas à finir ma phrase et sanglotais comme le jour où ce même médecin m'avait annoncé la terrible nouvelle de ma maladie. Pour moi, j'avais tué mon mari, mon coeur et cela me déchirait toujours autant le coeur.

Parfois un geste,

une parole suffisent à

sortir la tête de l'eau

pour quelques secondes...

L'aide soignante sortie et je ne pus me retenir plus. Les larmes et les sanglots sortirent tout seuls. Tout ce que j'avais réussi à contenir un temps sur la route. Tout ce qui aurai du sortir avant mais qui ne pouvait pas du fait que je ne pouvais pas parler tant que cela avec tout mon entourage. Je ne parlais qu'avec mon psychanalyste et encore je ne parvenais pas à lui parler de tout. Il m'avait déjà fait la remarque qu'il savait que je ne lui disais pas tout. Mais comment est il possible de raconter sa vie en détail à un homme, qui plus est un médecin. Je ne comprenais vraiment pas. Mais je réalisais aussi que l'une des personnes qui me connaissait le mieux était tout de même un médecin et qu'il se trouvait à l'instant face à moi. Pour le moment en tous les cas, je ne parvenais pas à me confier plus. Le docteur Sutton me présenta ses condoléances et me proposa son aide. Je le regardais avec mes yeux tristes qui voulaient dire tant de choses et je finis pas accepter son message d'un simple "Merci docteur" Que pouvais je dire. Je ne savais même pas moi même ce que je faisais ici. J'y avais été attiré malgré moi comme si une force voulait que je vienne voir ce médecin en particulier, celui qui m'avait soigné pendant si longtemps lorsque l'on été aux Etats Unis. Le médecin me demanda pour m'examiner. Il me signala que mon état l'alarmer. Pour me défendre, je répondis : "J'ai recommencé à manger ihn ! " Mais c'est mots trahissaient aussi que j'avais arrêté de m'alimenter un temps. Du coup, sans opposer plus de résistance, je finis par lacher : "allez y" pour autoriser le docteur Sutton de faire son travail. Il vérifia mon pouls et autres constantes. Je commençais à avoir l'habitude, tous les médecins qui venaient dans ma chambre exécutaient le même rituel. Tous ceux aussi que j'avais du voir jusqu'alors à cause de ma soeur et aussi à cause de ma maladie. Tous répéter toujours ces même gestes, comme s'ils avaient tous fait ces sept années d'étude de médecine dans le seul but d'apprendre cette pseudo danse. Il termina ses examens en me demandant si je voyais quelqu'un. S'il n'avait pas argumenté en s'expliquant je l'aurais très mal pris cependant, il enchaina en précisant un psy. Je répondis d'un signe de tête positif en précisant : "J'habite ici en quelques sortes depuis quelques semaines maintenant..." commençais je avant de souffler un petit coup signe que cela m'ennuyer fortement d'ailleurs. Puis je repris : "Je vais chez le médecin du Quatrième quand il ne vient pas me voir quand je suis trop en retard en fait..." finis je avec un air pincé. J'essayais de ne pas trop regarder le docteur de mon enfance. Il savait trop de choses sur mon compte que j'en avais parfois un peu honte et cela me donner quelques vertiges.

Parfois un geste,

une parole suffisent à

sortir la tête de l'eau

pour quelques secondes...

Le médecin fit son examen sans commentaire ni sur ses constatations, ni sur ce que je venais de dire. C'est vrai que je ne voulais pas m'étendre sur le sujet. C'était devenu une habitude de parler de ma maladie et une torture de devoir manger à cause d'elle. Le psychanalyste du quatrième m'avait clairement expliquer d'ailleurs que si je ne mangeais pas, la maladie prendrait le dessus et le bras de fer que je menais depuis des années contre celle-ci aurait été inutile. J'avais encaissé l'information et quelques jours plus tard j'avais recommencé à manger, le temps que l'idée fasse son bonhomme de chemin et de peser le pour et le contre. Manger ou laisser la maladie m'emporter. Je voulais me battre un peu au moins, mais comment faire ? J'avais fais le vide autour de moi et refusais de voir mes amis, de peur qu'ils ne me parlent de Liam. Le docteur Sutton me demanda si j'étais suivi et ma réponse sembla le surprendre vu qu'il répéta l'étage que je venais de lui citer. Il avait certainement fait le rapprochement et savais donc dans quel service j'avais été admise, maintenant. Le docteur ne fit aucun commentaire sur le sujet. Cependant, il me mit ses mains sur mes épaules pour me signifier que si j'avais besoin de parler, il était là et qu'il n'irait rien répéter à son collègue. Je regardais mes mains, puis les yeux brillant de tristesse et de colère contre moi-même, je le regarda et demanda : "Comment je peux faire ? Comment je dois faire pour arriver à me battre sans en avoir vraiment envie ?" La question était clair, je ne voyais pas l'intérêt de me battre. Je ne trouvais pas de raison de... vivre. Je n'avais donc aucune raison de me remuer et donc le courage ne venait pas. Je regardais à nouveau mes mains, consciente de ce que je venais de dire, consciente que mes mots n'étaient guère encourageant également. Moi même je ne me reconnaissais plus. Finalement le médecin me suggéra de parler avec mes parents. J'eus un de ces petits rires courts qui marquent le désarroi, certains appellent cela un rictus, et toujours en regardant mes mains, je lui répondis : "Mes parents ? Ils me considèrent comme une erreur de la nature. Celle qui a contaminée les autres..." J'essuya furtivement une larme qui avait coulée sur ma joue avec le dos de ma main avant de poursuivre : "Ils ne savent même pas que je suis ici. Ils s'en fichent pas mal de moi. Ils n'ont même pas cherché à savoir d'où j'avais eu cette putain de MST !" Effectivement depuis le jour où mes parents m'avaient reniés, ils ne s'intéressaient plus du tout a ma vie. Seules mes triplettes gardaient un contact avec moi. Après tout j'étais une part d'elles comme elles disaient toujours, me rendant presque coupable de cela. Je lâcha finalement sans même m'en rendre compte au début : "Le jour où ils ont appris de votre bouche que j'avais cette maladie, ils m'ont enfermés et quand j'ai pu sortir ce n'était que pour mieux me mettre à la porte..." Je ne voulais pas dire ces mots, je les pensais certes mais ils étaient sortis tellement mes pensées étaient fortes. Il fut un temps où j'avais tenu ce médecin se trouvant face à moi comme étant le responsable de tous mes problèmes. Mais lorsqu'il m'avait tendu la main dès le début, j'avais effacé cette idée de ma tête et lui avait juste caché la réaction de mes parents. Peut être n'aurais je pas du faire ainsi à l'époque, il aurait peut être pu faire quelque chose, lui. Mais je ne pouvais plus revenir en arrière et c'était peut être mieux ainsi jusqu'alors.

Parfois un geste,

une parole suffisent à

sortir la tête de l'eau

pour quelques secondes...

Me battre pour mes sœurs avait dis le médecin. Mouais, faut il encore quelles m'acceptent. Sasha a beau vivre dans le même hôpital, elle ne vient me voir qu'une fois par semaine, et encore, quand elle y pense. Zarrah elle est totalement paniquée dès quelle me voit. Elle est la seule a qui je n'ai pas refilé le sida et elle semble sur que ça se transmet par une poignée de main. Elle évite aussi Sasha. Pourtant, la seule à savoir ce que j'ai vécut et pourquoi j'ai attrapé cette horreur de maladie, c'est quand même elle. Nous n'en avons jamais reparlé en fait. Elle semble plus traumatisé que moi alors quelle n'avait à l'époque que eut à regarder. C'est moi qui ai subit les sévices de cet homme, de ce déséquilibré plutôt. C'est moi qui ai choppé sa MST, c'est moi qui ai tué l'homme de ma vie à cause de tout ça... c'est moi qui aujourd'hui est au fonds du trou à cause de tout ça. Et elle prétend être traumatisée ? Si elle n'avait pas honte d'avoir regarder sans bouger le petit doigt, elle en aurait déjà parler aux parents. Mais non, elle préférait occulté ça de sa mémoire plutôt que de me laisser vivre normalement. Enfin soit. Toujours est il que me battre pour mes sœurs ne me semblait guère vraiment envisageable. Je suis certes une partie d'elle, mais visiblement elles vivent mieux sans moi. Je fis pars de mon point de vue au médecin : "Pour mes sœurs ? Non, mauvaise idée, ça ne fonctionnera pas. Elles n'ont plus la place qu'elles avaient à l'époque..." Je regardais toujours mes mains s'agiter à tordre un élastique à cheveux. Le docteur me précisa qu'il n'abandonnerait pas pour autant. Je fis une mou, sachant pertinemment que ses propos étaient juste et connaissant également très bien sa détermination à aller au bout des choses. Mais pourquoi donc étais je venue ici moi ? Je devais être maso, à moins qu'inconsciemment je voulais m'en sortir. Ça pourrait être une raison envisageable mais pas une fin en soit. Il enchaina en s'excusant d'avoir disloqué la famille. Non il n'en était pas responsable, pas plus que moi, mes sœurs ou mes parents. Le seul responsable c'était ce con qui avait pris une part de moi ce jour là. Les responsables de leur propre délire étaient mes parents et mes sœurs aussi, certes. Et pourtant, je ne peux leur en tenir rigueur. Leur réaction était juste ... humaine. L'aide soignante réclama le docteur Sutton dans une chambre. Je promis de ne pas bouger. Cependant, après quinze minutes, l'aide soignante entra dans le bureau pour m'en chasser. Elle m'informa de sa voix aiguë que le médecin en aurai pour un moment. Je lui signala que j'avais le temps, mais comme elle insistait, je sortis donc du bureau...

Parfois un geste,

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sortir la tête de l'eau

pour quelques secondes...

J'avais commencé par attendre sagement que le docteur Sutton revienne, mais après dix bonnes minutes, l'aide soignante avait décidée de me faire sortir de son service. Elle m'avait signifiée que le médecin en aurai pour un moment et qu'il me recontacterai. Au point de départ j'avais voulu camper sur mes positions et rester là comme le docteur me l'avait demandé, puis devant l'insistance de cette dame, je m'étais levée du siège sur lequel j'étais installée et j'étais sorti du local et avait pris la direction des ascenseurs qui se trouvaient à coté de l'accueil pédiatrique. Je venais tout juste d'y arriver lorsque le médecin revint. Il me demanda à nouveau de l'attendre pour sermonner l'aide soignante zélée et la remettre à sa place. L’ascenseur était arrivé avec une petite sonnerie indiquant sa présence. Il attendait avec ses grandes portes béantes, comme si le bruit qu'il avait fait auparavant n'était pas suffisant. Je ne le retint pas lorsqu'il referma ses portes métalliques et reparti dans sa course à l'homme. Le docteur Sutton fini par me rejoindre et s'excusa à la place de l'aide soignante. Il me proposa d'aller manger un petit quelque chose à la cafeteria de l'hôpital. Cela ne servirai à rien, je ne mangerais pas pour autant plus parce qu'il me surveillait. Mes joues prirent un petit ton pourpre et je haussa les épaules impuissantes pour annoncer : " J'ai déjà mangé mon repas mais je peux vous accompagner si vous avez faim... " Je devais manger mes repas à heures fixes du fait de ma soit disant anorexie. C'était dans le protocole. Je n'avais certes pas manger grand chose, mais cela était de trop déjà pour mon corps. Je savais qu'il fallait que je mange plus, mais sur le papier, il était noté de réapprendre à manger à heure fixe et à tous les repas. J'appuyais à nouveau sur le bouton d'appel de l'ascenseur qui sonna à nouveau pour signifier sa présence en ouvrant ses mâchoires. Je montais à l'intérieur et laissais le médecin le soin d'appuyer sur le bouton d'étage du rez de chaussée.

Une fois en bas, je suivis le médecin jusqu'à la cafeteria en observant au passage les personnes affluer

Parfois un geste,

une parole suffisent à

sortir la tête de l'eau

pour quelques secondes...

La descente de l'ascenseur me sembla durer une éternité. Nous avions échanger quelques banalités que nous avions déjà échangé dans son bureau quelques minutes auparavant. Je savais que cela était en rapport avec le secret professionnel et j'appréciais le geste. En descendant au rez de chaussée, je marquais une courte hésitation mais le docteur m'entraina dans sa course. Il se servit une tonne de nourriture. Je me posa la question s'il n'allait pas m'entrainer à manger avec lui. De ce fait, je préféra ne pas le regarder se servir et choisir une table un peu a l'écart. Je m'installai sans rien dire et attendis que le médecin s'installe à son tour... enfin lorsqu'il aurai fini de se servir une assiette magistrale. J'avais largement eu le temps de faire le vide lorsqu'il pris place en face de moi. Il commença à manger puis me demanda si je voyais toujours mes sœurs. Je le regardais comme si je n'avais pas compris sa question, je voulais juste savoir ou cela menait. Je lâcha pour toute réponse un : "Je vois juste Sasha une fois par semaine... enfin quand elle veut bien me voir... ou quand elle y pense..." Les temps de pauses que j'avais marques n'étaient pas pour reprendre ma respiration quoique cela aurait pu être nécessaire, ni pour réfléchir. Non c'était juste des micro secondes d'hésitation. Devinant que le docteur Sutton allait probablement se sentir coupable de mon isolement, je pris les devants d'une nouvelle question sensible en ajoutant : "J'ai su me construire une famille de cœur depuis le temps..." Je savais que cela ne lui enlèverai pas de la culpabilité, mais je ne pouvais pas dire plus. C'est vrai, ce sont mes amis les plus proches qui viennent me voir régulierement. Ce sont eux qui m'ont envoyés à l’hôpital en voyant mon état. Ce sont eux qui ne m'ont pas tourné le dos au moment le plus difficile de ma vie. Si bien que j'avais fait le ménage dans mon cercle d'amis et tout autour de moi. Beaucoup n'avaient pas cherché midi à quatorze heure, ils s'étaient juste détournés de moi. Moi la jeune fille si joyeuse et déterminée qui m'était laissée aller. Cela ne leur avait pas posé de problème, au contraire, je n'avais plus d’intérêt. Il ne me restait plus grand monde en réalité, mais le peu de personne étaient vraiment les seuls amis sur lesquels je savais que je pourrais toujours compter.