Parfois, on me dit que je suis doté de deux personnalités, totalement opposées l'une à l'autre. Je pense que c'est vrai. Je suis aussi doux, tendre, généreux et gentil, que je peux être impulsif et violent. Il faut dire que je ne me laisse vraiment pas marcher sur les pieds. Malheureusement, nombreux sont ceux qui ont tenté, se laissant flouer par mes dehors sympathiques. Mais c'est à leurs dépends qu'ils ont compris qu'il ne fallait jamais se fier aux apparences. J'ai tendance à régler mes histoires, à grands renforts de coups de poings. Un mot de travers et je m'emporte illico presto. C'est comme ça que ça marche. Je tente de prendre sur moi parce que bon ... Ca ne fait pas vraiment très sérieux de la part d'un médecin. Mais c'est parfois plus fort que moi. Précisons que quand c'est une femme qui m'énerve, c'est l'homme qui l'accompagne qui subit. Ou un mur à défaut. Je me suis déjà sacrément abîmé la main droite, à cause de ça ...

A part mon côté violent, je suis quelqu'un de souriant, posé et prévenant. C'est le cas avec mes patiences et les femmes en général du moins. J'aime mon métier et je l’exerce avec la plus grande minutie et le plus grand sérieux. De plus, je suis vraiment travailleur. Parce que j'aime ce que je fais, je ne m'inquiète pas du temps que je passe avec chaque patiente. Raison pour laquelle j'ai souvent du retard et que mes consultations se terminent assez tard le soir, pour reprendre très tôt le matin. Je suis vraiment impliqué dans ce que je fais, concernant mon boulot.

Sinon, il paraît que je suis drôle. Je ne suis pas non plus le boute-en-train du coin, mais j'aime à plaisanter pour remonter le moral des gens qui me semblent un peu trop tristounets à mon goût.

Comme tous les plus beaux contes de fée, mon histoire débute par un "Il était une fois". Toutefois, ne vous attendez pas à une Happy end retentissante et à un joyeux "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Attendez vous davantage à une histoire très terre à terre, avec des choses comme en vivent des millions de gens de par le monde. Maintenant que vous êtes prévenus, je vous laisse à votre lecture ...

Il était une fois, dans une ville anglaise nommée Oxford, un couple qui semblait toujours aussi éprit l'un de l'autre, malgré leurs vingts ans de mariage. Souvent, l'on pouvait les voir se rendre à l'opéra main dans la main. Madame dans une robe de soirée de haute couture, parfois Gaultier, parfois Chanel et parfois aussi, Yves Saint Laurent et bien entendu, Louboutin aux pieds. Monsieur quant à lui, ne portait que des costumes hors de prix, réalisés en parfait sur mesure. Ils étaient beaux, ils étaient riches, ils avaient tout. Ou presque ... Ces deux personnalités qui semblaient sortir tout droit des pages d'un magazine de mode, n'allaient jamais nulle part l'un sans l'autre. Quand Monsieur Poesy était en déplacement professionnel à travers le monde, il en allait de même pour Madame. S'ils avaient l'air si heureux, ils ne l'étaient pas tant. Car si d'une chose ils manquaient bien, c'était d'un fils. Si une fille avait vu le jour, ils auraient été heureux bien entendu. Mais Monsieur comme Madame, aurait tant souhaité un petit garçon, pour venir égayer leurs jours et hériter de tous leurs biens, quand la mort choisirait de venir les faucher. Bien des personnes pensaient que c'était un choix du couple, que de n'avoir aucun enfant. Mais c'était une erreur que d'imaginer cela. A trente sept et trente huit ans, l'heure tournait. Ils n'avaient plus beaucoup de temps pour concevoir et ils le savaient bien. Pourtant, ils avaient toujours foi et se savaient encore capables d'avoir un enfant, avant que l'horloge biologique de Madame, ne mette un terme à tout espoir.

Et puis ... Le miracle se produisit. Par un beau jour d'été, alors qu'elle pensait avoir attrapé une saleté de microbe dans le pays d'où elle revenait d'avec son cher et tendre, Madame apprit la nouvelle ... Elle allait avoir un enfant. Heureuse comme elle ne l'avait plus été depuis bien longtemps, elle ne perdit pas de temps avant d'appendre la nouvelle à son époux. Pendant des jours et des jours, ils célèbrent cela comme une immense victoire. Une revanche sur la vie qui leur avait refusé ce merveilleux cadeau, depuis tellement d'années. Et puis les mois passèrent ... Les symptômes ennuyeux des débuts de grossesse, laissèrent place à un aspect plus plaisant de l'enfantement. Le visage épanouie de la future mère, était beau à voir. Tout autant que son ventre qui s'arrondissait de semaine en semaine. Arriva le cinquième mois de grossesse. Celui où l'on apprend le sexe de son enfant. Mais contre toute attente ... L'échographie leur apprit que la vie avait été doublement généreuse avec eux, finalement. A défaut d'avoir su leur offrir un enfant plus tôt, elle leur en offrait deux. Deux petits garçons. Le couple n'avait, semble-t-il, jamais été aussi heureux et aussi amoureux. Leur famille allait bientôt compter quatre membres ...

Avec un chef de famille, ambassadeur, il était forcé que tout ce beau monde soit en constant déplacement tout autour du monde. Cela s'avéra quelques peu difficile durant les premières années de vie de leurs deux chers enfants. Mais ce cap fut rapidement passé et tout se simplifia de façon tout à fait naturelle. Madame et Monsieur Poesy, employaient une maîtresse d'école retraitée, pour faire des cours à domicile, à leurs deux enfants. Elle pouvait également être considérée comme une nounou, compte tenu du fait que c'était elle qui s'occupait à les nourrir au déjeuner et jusqu'au retour des parents le soir. Cette dame -Madame Carter- suivit la famille durant bien des années. Quand ils se rendaient en Asie ou sur d'autres continents également, elle les suivait pour continuer son emploi de maîtresse à domicile. Elle devint comme une grand-mère pour les deux jeunes enfants, qui l'appelaient Nanny. Très vite, ils réalisèrent qu'à constamment voyager de la part le monde, de la sorte, les jumeaux étaient ouverts d'esprits et très cultivés, en plus d'apprendre facilement de nouvelles langues. Vivre un an au Japon, ne pouvait que les aider à assimiler cette langue pourtant compliquée. De même avec tous les autres pays dans lesquels ils s'installaient pour quelques mois ou quelques années.

C'est en 1988 que le drame se produisit. C'était un jour comme un autre et rien ne laissait présager le drame qu'allait connaître la famille Poesy. Les jumeaux étaient en train de travailler avec leur Nanny et étaient seuls à la maison, quand un incendie se déclara à l'étage inférieur. De cause accidentelle, comme en attestèrent les rapports de police par la suite. Mais il n'en demeura pas moins qu'il fut mortel. Madame permit rapidement le contrôle des deux enfants de sept ans, qui commencèrent à se disperser. "Calmez-vous ! Revenez ici ! Allez, suivez-moi !" Hurlait-elle encore et encore. Mais rien n'y faisait, les deux enfants étaient trop terrorisés pour obéir. Dans la pagaille que ça provoqua, l'un des deux enfants disparut. Comme elle ne pouvait prendre le risque de périr là ainsi qu'avec les jumeaux, elle sortit rapidement de la demeure, avec Jamie. Ils étaient dehors depuis quelques minutes à tousser toute la fumée qu'ils avaient inhalés, quand du bruit attira leur attention. Quand ils levèrent la tête, ils découvrir Devon, le second enfant, en train de taper au carreau de leur chambre d'enfant. Nanny ne perdit pas de temps et entra dans la maison en hurlant des "Reste ici et attend les secours ! Reste ici !" à Jamie. Quelques minutes plus tard, il put la voir derrière la vitre, aux côtés de Devon. Ils se détournèrent et disparurent ... Mais ne sortirent jamais de la maison. Quand les secours arrivèrent quelques minutes plus tard et une fois qu'ils eurent interrompu l'incendie, ils trouvèrent deux corps calcinés. La troisième victime de cet accident, fut Jamie lui même, qui en ressortit totalement choqué. Il venait de perdre son frère jumeau. Un lien indéfectible et puissant.

Par la suite, Jamie ne fut évidemment plus tout à fait le même. Il lui manquait une chose indispensable et sans laquelle il ne pouvait pas avancer sans mal. Alors il continuait de vivre pour ses parents bien entendu. Et parce qu'il était beaucoup trop jeune pour se laisser aller à la déprime ou autre connerie de ce genre là. Il continuait de s'enrichir culturellement dans chaque pays où il se rendait avec ses parents. Ceux ci renoncèrent à l'idée d'embaucher une nouvelle personne pour faire la classe à leur enfant. Au lieu de ça, il allait désormais dans les écoles anglaises qu'ils trouvaient, dans les pays où ils s'installaient. Le manque d'habitude des autres enfants, ajouté à la perte de son jumeau, Jamie ne s'épanouissait pas tout à fait à l'école. Il était distant avec les autres et passait son temps seul. Ce qui ne l'empêchait pourtant pas d'avoir de bonnes notes. De toute façon, il savait qu'il ne passerait pas beaucoup de temps dans ces écoles, puisqu'il en changeait régulièrement, avec tous ces déménagements. Ses parents ignoraient s'ils devaient s'inquiéter pour lui ou pas. Pour eux aussi, la perte de Davon avait été difficile. Ils tentaient souvent de faire parler leur fils désormais unique, pour savoir comment il vivait la chose. Mais à tous les coups, il répondait qu'il n'avait pas envie. Pas envie de parler de l'incendie, pas envie de parler de ce frère qui n'était désormais plus, envie de pas grand chose ...

Les années passèrent sans que quoi que ce soit de notable ne se déroule au sein de la petite famille. Tous tentaient tant bien que mal, de faire le deuil de l'enfant perdu. C'était évidemment pour Jamie que c'était le plus difficile. Mais ses parents voulaient croire que tout finirait par s'arranger et qu'il saurait aller de l'avant. Malheureusement, leurs espoirs ne furent jamais entendu puisqu'arrivé à l'adolescence, leur cher petit enfant adoré, laissa place à un jeune homme à l'esprit rebelle et de contradiction à toute épreuve. Impulsif, il se battait souvent en classe et fut renvoyé de l'école à plusieurs reprises. Au départ, ils pensèrent que ce n'était qu'une petite crise d'adolescence qui allait rapidement passé. Ils lui laissèrent donc le temps qu'il fallait pour se calmer et lui autorisèrent même à reprendre les cours à domicile, durant quelques mois. Mais chacun des professeurs particuliers qui venait lui faire cours, décidait de démissionner après quelques semaines à peine, à chaque fois. Selon eux, Jamie était trop dissipé, incapable de concentration et refusait net tout apprentissage. Il était vulgaire, n'hésitait pas à hurler que tout le monde le faisait chier, qu'il allait se barrer, qu'il en avait marre de tout et tout le monde. Arriva l'étape où il cessa même de respecter ses parents. Il leur parlait mal, leur lançait des regards dédaigneux, les appelait par leur prénom. Quand il eut seize ans, ses parents craquèrent. Ils savaient qu'ils ne pouvaient rien faire pour lui, puisqu'il refusait tout en bloc et semblait incapable de revenir tout à fait à lui et redevenir l'enfant gentil, respectueux et avide de savoir, qu'il avait toujours été. Leur choix fut vite fait. Ils l'envoyèrent dans un pensionnat militaire, dans l'espoir qu'ils soient capables de le redresser et le faire revenir à la raison. Si eux n'y parvenaient pas ... Qui le pourrait ?

Jamie prit cela comme une trahison. Il haït ses parents du plus profond de son coeur, durant les premiers jours de son internat. Il jurait de ne plus jamais leur adresser la parole, une fois qu'il serait sorti de cette école de barbares, comme il le disait lui même. Mais à l'aide d'une discipline de fer et de règles strictes desquelles il était préférable de ne pas déroger, il commença à se calmer. Ce n'était pas encore gagné toutefois, puisqu'il fallut de longs mois pour qu'il commença enfin à redevenir le Jamie de ses parents. Il ne les voyait que peu souvent. Ils étaient trop prit par leurs éternels voyages et leurs emplois très prenants. Et puis cet internat limitait les contacts des jeunes avec leur famille, par peur que ça ne mette à mal leur éducation sévère. Se lever tous les jours à cinq heures, passer la matinée à suivre des cours théoriques, l'après-midi pour des sports vraiment crevant et physiques et terminer par se coucher à vingt et une heures ... Il y avait de quoi changer un homme. Alors des adolescents, c'était presque trop facile. Jamie quitta le pensionnat à dix huit ans. Ses parents retrouvèrent leur vrai fils, celui qu'ils avaient élevés et non pas cet adolescent qui extériorisait toute la peine qu'il avait eut suite à la perte tragique de son jumeau.

Arriva le temps où il fallut faire quelque chose de sa vie. Le couple Poesy qui approchait désormais de la soixantaine d'années, décida de prendre sa retraite. Pour se faire, ils décidèrent de retourner vivre à Oxford en Angleterre. Là, Jamie entra à la fac, décidé à suivre des études de médecine. Et petit à petit, il se tourna vers la gynécologie et l’obstétrique. Au fil du temps, il apprit à vraiment aimer cette spécialisation et décida tout naturellement, de poursuivre là dedans. Il était un interne assidu et modèle, il vivait sur le campus, avait des amis, une petite amie, des parents présents pour lui ... Bref, tout allait bien pour lui et il avait largement de quoi être heureux. Il l'était d'ailleurs ! Mais ce fut un jour comme un autre, que sa vie bascula de nouveau. C'était un dimanche et il était en route en direction de chez ses parents, pour le sacro-saint repas dominical. C'était en pleine campagne, la route se trouvait entre deux champs. Raison pour laquelle il n'hésita pas à appuyer sur l'accélérateur, encore et encore ... Toujours plus ... Il accélérait, roulait toujours plus vite, trop vite, beaucoup trop ... Il dépassait largement la vitesse réglementaire. Raison pour laquelle il n'eut pas le temps de freiner quand une jeune cavalière traversa la route juste devant lui. Le cheval le vit, lui au moins. Il se cabra, totalement paniqué. Sa cavalière parvint à garder le contrôle plus ou moins et à rester accrochée à son dos. Mais ce ne fut pas ce qui les sauva elle et le cheval. Il eut beau freiner de toutes ses forces et même tenter de dévier, Jamie les percuta quand même. De plein fouet. Bien trop fortement. Beaucoup trop ... Le choc fut brutal, violent, implacable.

"J'aurais préféré être mort. J'aurais préféré donner ma vie, plutôt que d'avoir à vivre toute ma vie, avec ça sur ma conscience." C'étaient les pensées qui n'avaient de cesse de tourner dans l'esprit du jeune homme de vingt deux ans, qui venait de ruiner la vie d'une femme, à peine plus âgée que lui. Tétraplégique ... C'était ainsi qu'elle allait devoir supporter de passer le restant de sa vie. Alors que lui, de son côté, était remit sur pieds en trois petits mois à peine. Quelques côtes abîmés, un traumatisme crânien et un bras cassé. Rien de bien grave en comparaison de la jeune femme qui avait eut le malheur d'être sur sa route. Il s'en voulait à mort et savait qu'il en serait malheureusement toujours ainsi. Il allait devoir apprendre à vivre avec le poids de la culpabilité. Mais dans le fond, c'était bien fait pour lui. C'était tout ce qu'il méritait après tout. Parce qu'il était responsable d'une vie brisée à tout jamais. Mais pour sûr, on ne l'y reprendrait plus ! Et pour cause, il décida de ne jamais reprendre le volant, d'aucune voiture que ce soit. Sa crainte de faire une nouvelle bourde pareille et peut être de causer la mort de quelqu'un ce coup ci, l'en empêchait tout simplement. Pour sûr, on ne l'y reprendrait plus ! C'était une promesse qu'il s'était faite et qu'il comptait bien tenir. Concernant la jeune femme, il a rapidement trouvé normal et naturel, de lui rendre visite au moins une fois par mois. Façon à lui de "prendre de ses nouvelles" et se sentir un tant soit peu moins coupable. Même si ça ne changeait rien au fait qu'il était conscient d'avoir fait la plus grosse connerie de sa vie et qu'il n'oublierait pas de sitôt.

Malgré ce nouvel épisode douloureux dans sa vie, Jamie ne devait surtout pas dévier de son chemin. Ainsi se noya-t-il totalement dans ses études, bien décidé à penser le moins souvent possible, à cet accident qu'il payait durement, de par la culpabilité qu'il éprouvait. A l'hôpital d'Oxford, il trouva tout naturellement une place de médecin gynécologique. L'emploi de ses rêves, dans lequel il s'épanouissait réellement. Il aimait ce qu'il faisait et ne voyait aucune raison de changer quoi que ce soit. Ainsi entreprit-il donc de conserver ce travail, qui lui permettait au moins d'être heureux un minimum. Sauf que ... Du genre à ne pas se laisser faire et à être un brin trop impulsif, il n'était pas rare qu'il se retrouve impliqué dans des bagarres plus ou moins violentes. Ce fut à cause de ces traits de caractère là chez lui, qu'il se retrouva un jour à se battre, contre l'un de ses collègues. Mauvaise idée bien entendu. Puisque, l'un comme l'autre, ils ont été mit à la porte le jour même, par le directeur de l'hôpital. Jamie avait vingt cinq ans et ignorait ce qu'il allait bien pouvoir faire de sa vie, sans cet emploi qui lui plaisait tant. D'autant plus qu'un hôpital ne voudrait jamais plus de lui, en apprenant qu'il avait des tendances à la violence ... Il venait de foutre sa vie en l'air, purement et simplement. De ça, il en était tout à fait certain. Ont alors commencés, les mois d’errance du jeune homme. Persuadé d'avoir tout foiré pour de bon, il cessa même de chercher du travail, ne vivant que sur ses maigres économies et le peu d'argent qu'il acceptait de la part de ses parents. Sauf que la vie semblait avoir décidé de jouer avec ses nerfs ... Puisqu'elle lui ôta ses parents, alors que lui même vivait une passe de remise en questions.

Son père était malade. Un cancer fulgurant, qui lui ôta la vie en quelques semaines à peine. Et sa chère épouse le suivit bien trop rapidement, dans la tombe. Morte de chagrin. Jamie qui n'avait jamais été amoureux de sa vie, ne pouvait pas comprendre ça. Mais il avait toujours été témoin de la relation fabuleuse de leurs parents et finalement, ça ne l'étonnait pas tant que ça non plus. Il regrettait simplement le fait qu'ils le laissent de façon aussi brutale. L'héritage fou qu'ils lui laissaient, lui fit ni chaud ni froid. Rien ne comptait autant que la vie même de ses parents. Et pourtant, ils n'étaient plus ... Il se retrouvait donc brutalement seul. Mais au delà de son chagrin, cela fut une façon de le booster. Il devait à tout prix retravailler. Et ainsi trouva-t-il une place dans une petite clinique privée d'Oxford. Il venait à peine d'entrer en poste dans cet hôpital, quand il fit la rencontre de celle qui deviendrait, un an plus tard, sa fiancée. Ni plus ni moins que la charmante soeur de l'une des patientes de Jamie, elle se fit remarquer de lui, par son rire et son naturel à toute épreuve. Toujours présente aux visites de sa soeur enceinte, chez lui, il se surprenait à discuter davantage avec elle, qu'avec sa véritable patiente. Sans doute en raison du fait que la patiente elle même, n'était pas bien bavarde. Quoi qu'il en soit, il ne tarda pas à inviter la charmante jeune femme, pour un café, puis un dîner, puis un cinéma, puis chez lui. Bref, l'évolution classique d'une relation. Peut-être trop classique même. Puisque les sentiments qui s'installèrent peu à peu, furent plus ceux d'une amitié tendre, que ceux d'un amour passionné.

Mais le fait que Jamie ne se sente enfin, plus du tout seul, aidait à expliquer pourquoi il demeurait avec cette jeune femme qui l'amusait et lui plaisait malgré tout. Enfin, il avait l'impression d'avoir vraiment quelqu'un à ses côtés. Quelqu'un pour l'écouter. Quelqu'un à garder dans ses bras la nuit. Quelqu'un qui trouvait toujours comment le faire rire et l'amuser. Juste ... Quelqu'un. Et c'était peut être de l'idée d'être en couple et non plus seul, qu'il était véritablement amoureux dans le fond. Mais ça lui allait. A elle aussi, ça semblait lui aller.Et ça leur allait tant, à tous les deux, qu'ils décidèrent de se fiancer, un an plus tard. Aucune date de mariage de prévu. Juste la promesse de se marier un jour. En attendant, ils achetèrent un appartement près de la clinique où travaillait alors Jamie. Mais alors qu'il avait trente ans passés et qu'il pensait être tout à fait posé dans sa vie et prêt à conserver son emploi encore longtemps, il eut une désagréable surprise. Une promotion devait être faite au sein de la clinique. Tout portait à croire que c'était lui qui l'aurait, après trois années de travail acharné et d'un comportement exemplaire. Mais plutôt que lui, ce fut un homme de quelques années de plus que lui à peine, qui obtint la place. Arrogant au possible, il ne l'avait jamais supporté. Et dès lors, il le lui fit bien sentir. Jusqu'au jour où il décida de claquer la porte. Sur un coup de tête, il devait bien le reconnaître ...

Les mois suivants, elle écuma les hôpitaux et cliniques des environs, pour tenter de trouver une place de gynécologue. Mais toujours en vain. Quand il pensait trouver, il était gentiment ramené à la porte, à cause de ses antécédents. Récemment, et après des mois de galère, Camille sortit de l'ombre, avec une bonne nouvelle. Enfin ... Elle n'y avait jamais vraiment été. Mais disons plutôt qu'elle trouva comment l'aider, en faisant un forcing monstre, pour le faire entrer dans un hôpital, en tant que gynécologue obstétricien. Un médecin qui venait de prendre sa retraite de façon presque précipitée et que l'hôpital n'avait pas encore pu remplacer. Jamie avait toujours été assez proche de sa cousine. Pas au point de passer tout son temps libre avec elle. Mais au point de se perdre dans des conversations passionnantes avec elle, lors des réunions de famille. Finalement, elle était celle qui comptait le plus, dans leur famille, suite à la mort de ses parents. Elle était même la seule qui lui restait vraiment. Et elle venait de le tirer d'un sacré pétrin, en l'aidant à trouver un emploi. Et cette fois ci, il s'était juré de tout faire pour ne pas perdre les pédales. C'était un peu l'heure de la dernière qui venait de sonner. Jouer au con à vingt sept ans, n'était plus permit. Plus du tout ...

Je pourrais terminer par un joyeux "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Mais il semblerait que ma vie n'ait pas envie d'une tournure aussi heureuse. Plus les jours passent, plus je recule. Me marier avec elle alors que je n'éprouve pas un amour passionné pour elle ? Lui jurer fidélité alors que pour l'instant, je n'en suis pas encore tout à fait capable ? Lui faire des enfants alors que j'ignore où mènera notre relation ? Non, tout ça, je ne le peux pas. Parce que j'ignore si mon happy end se fera un jour. Et surtout, s'il se fera avec elle...

So ... To be continued.