J'avais vraiment de plus en plus l'impression d'habiter en ces lieux. L'hôpital était devenue ma nouvelle maison, depuis l'annonce de mon diagnostic, et je commençais déjà parfois à en avoir marre. Je restais toujours d'une humeur agréable pour le personnel, mais quand le rideau se fermait en me laissant seul à moi-même, mon regard changeait et mon attitude aussi. Je perdais mon sourire et fermais mes yeux dans l'espoir de m'endormir et ainsi, que le temps écoulé pour l'examen passe plus rapidement. Cependant, j'avais toujours de la difficulté à le faire puisque ces tests me rendaient pour la plupart du temps malade et me donnait souvent envie de vomir mes tripes. Je me relevais donc en position semi assise et tentais de respirer lentement pour faire passer mon malaise. C'était ainsi presque à chaque fois et je dois dire que je commençais réellement à en avoir marre, même si je savais pertinemment que ce n'était que le début. Que le pire allait suivre.

J'avais perdu les dernières couleurs qui me restait quand le rideau se rouvrit en laissant apparaître une gentille infirmière que je connaissais déjà très bien, devant moi. Celle ci me regardai et relevai doucement mon menton pour examiner mes pupilles en demandant d'un ton maternelle «Comment tu te sens?» et la regardai d'un air neutre, tout en souriant légèrement en coin pour finalement dire «Je me suis jamais senti aussi bien que maintenant ...» mais bien sur, c'était du sarcasme! J'avais mal partout, dans l’entièreté de mon corps. Je devais aussi boire un truc car je sentais devenir ma bouche horriblement sèche et un goût de sang commençait à apparaître. Elle me passai alors une éponge sur le front en disant «Ça ira ...Tu peux aller à la cafétéria ou à l'extérieur respirer un peu, mais reviens pour 14h30. Je dois te passer un autre test.» Elle me débranchai ensuite de la machine et m'aidai à enfiler ma veste par dessus la chemise d'hôpital, avant de me faire prendre place dans une chaise roulante. Elle se penchai ensuite sur moi en me regardant droit dans les yeux pour ensuite dire «et ne te lève surtout pas, compris? Tu es trop faible, pour l'instant.» et j’acquiesçai en souriant doucement. Je n'avais pas vraiment l'intention de la contredire ...mais me connaissant, je savais très bien que rendu à la cafétéria, j'allais refuser de demander de l'aide à qui que ce soit! Je roulai donc vers l'ascenseur où je débarquai au niveau désiré.

Bon sang qu'il y avait du monde! Tous ces gens, cette activité soudaine réussi à me donner le tournis et le vertige. Je dû même m'arrêter un moment pour refermer mes yeux et respirer lentement avant de continuer ma route, car sinon j'allais vomir de nouveau. Plus je roulais, plus je réalisais aussi qu'il y avait une longue file d'attente à la cafétéria mais je ne pouvais pas attendre plus longtemps. J'avançai donc vers l'entrée puis me dirigea vers la machine à jus de fruits la plus proche pour m'en prendre un aux fruits des champs. Juste l'idée d'avoir ce liquide dans ma bouche me faisait baver d'avance! Cependant, comme la machine était trop haute pour que je reste assis, je dus me lever en me tenant fermement au comptoir afin de ne pas basculer par derrière. Ce mouvement me fit tourner la tête encore une fois mais cette fois-ci, un rire anxieux passai le barrage de mes lèvres. Je secouai ensuite lentement ma tête pour tenter de me ressaisir, prit un verre et fit couler le liquide à l'intérieur tout en tremblant légèrement. J’espérais vivement ne pas le faire tomber! Je devais me concentrer ...donc je plissai quelque peu les yeux tout en sortant un peu ma langue pour plus de précision et réussi enfin à le remplir convenablement. Je soupirai alors de satisfaction puis amenai doucement le verre à mes lèvres pour en boire une gorgée tout en prenant mon temps pour bien m'en délecter. C'était si bon, seigneur! Seulement, je sentis soudainement que mes jambes allaient me lâcher d'une minute à l'autre alors je me retournai pour saisir le bras de ma chaise quand une personne que je n'avais encore jamais vue, fut aspergé entièrement de mon jus de fruits lorsque je lui rentrai dedans, sans le faire exprès. Bon sang, mais que faisait-elle derrière moi, aussi!? Les yeux ronds comme des billes, je laissai tomber mon verre maintenant vide au sol et me confondis en excuse immédiatement en disant «Oh, merde! merde, pardonnez-moi! Je suis vraiment désolé! Je ...vraiment! Je ne vous avais pas vue! J'aurais dû regarder avant de me retourner comme ça! J'suis si con, désolé!» puis, dans un élan de maladresse pour me faire pardonner, j'attrapai des napkins qui se trouvaient sur le comptoir, et tentai désespérément de lui essuyer sa belle blouse blanche de mes mains tremblantes, sans penser une seule fois que j'étais entrain de frotter ses seins. Je voulais seulement bien faire, et me faire pardonner de la faute commise! Au moins, je devais avoir retrouvé quelques couleurs car je sentais mes joues s'empourprer de plus en plus et devenir bouillante de honte! Oh oui, j'étais clairement honteux. Déjà que j'étais à l'hôpital ...dans une jaquette d'hôpital ...devant une magnifique jeune femme blonde probablement médecin ...Je voulais carrément disparaître, quoi! Je fini par cesser mon mouvement en baissant ma tête tel un gamin prit en faute et me mordillai la lèvre en faisant une boule avec les napkins, que je gardai bien coincés entre mes doigts et ma main. J'avalai ensuite et reprit parole en disant «J'suis patient ici je ...Je m'appelle Jude Holloway.» puis toujours d'une main tremblante, j'en tendis une à la pauvre femme enduit de mon jus de fruits, afin d'être un tant soit peu poli. Il fallait qu'elle me pardonne. Ma mobilité était réduite pour l'instant, quand même! et de plus, avec le regard de chat botté que je lui avais lancé en lui tendant la main ...Elle ne pouvait que vouloir me faire un câlin et des papouilles! Bon ...peut-être pas des papouilles mais au moins sourire un peu!

” I wanna kill you ! But I love your smile ”

Après avoir quitté Elias, j'étais retournée travailler, ce n'était pas vraiment ma journée, on avait eu 3 césariennes, et deux accouchements dont un pour des triplés par voie basse. Une boucherie. Richardson était un con par moment, et il préférait jouer au barbare qu'admettre qu'il avait tord, ou encore que je pouvais avoir raison. Certes je n'étais là que depuis presque 2 mois mais merde ! Je passais mon temps à apprendre et à m'améliorer, et on pouvait voir mes progrés même si j'apprenais toujours. Et même Ivy m'avait dit que j'étais un bon futur médecin mais celui là était tellement matcho et buté, et borné... bon il était sexy c'était un avantage pour lui, mais quand même... Il m'énervait au plus haut point. Et puis j'avais clairement compris qu'il voulait coucher avec moi ! Mais no way ! De une il était marié et papa, de deux, vu comment il me traitait, il pouvait franchement courir pour ça ! Il fallait cependant qu'on s'accord pour un accouchement, je voulais qu'il fasse une césarienne, oui encore, et lui il refusait. "Mais son bassin est trop étroit ! Le bébé ne passera pas !" "Mais bien sur Jones ! et vous êtes obstétriciennes depuis combien de temps ?" "Je sais ce que je vois ! Il ne passera pas !" "Ca suffit Jones ! Elle accouchera naturellement comme les 3/4 des bonnes femmes ici !!" J'avais la rage, mais vraiment... Je sortis du bureau en claquant la porte violement, faisant sursauter une sage-femme. "Pardon..." Autant m'occuper de cette pauvre future maman, elle avait à peine 17 ans, et je savais que Richardson détestait les mères ado, mais elle était vraiment menue avec un bébé qui faisait presque 4 kilos... c'était énorme...

Je savais que j'avais raison, et elle était paniquée aussi ce qui n'aidait en rien. Mais le bébé commençait sa descente vers le col et le vagin, on avait plus vraiment le choix. Je restais avec la sage femme prétextant à la maman que quand un bbé de presque 4 kilos venait au monde on préférait avoir un médecin ou un interne à coté, et qu'elle devrait me supporter. Honnêtement, je regrettais Joe pour le coup... Il était pot de colle, et trop sentimental, mais au boulot, c'était un chef, le meilleur de tous ici... Je lui souriais cependant à cette jeune fille en lui tenant la main disant que tout irait bien, qu'elle devait faire de son mieux. Mais au bout d'une demie heure le bébé n'était toujours pas sortit, malgré l'aide qu'on lui apportait, et après une échographie, je le voyais coincé... j'avais raison, et je m'en voulais d'avoir vu juste. "Bippez Richardson ! De suite !" Il est arrivé 5 minutes après comme un prince et en voyant ça, il s'est mis à hurler, bien sûr, c'était ma faute selon lui... Je le haissais ! "C'est trop tard pour une césarienne maintenant ! Bien joué Jones !" Je voulais lui arracher la tête, jusqu'à ce que les monitos ne s'affolent, la maman était en train de faire un arrêt et le bébé tachycardait. On les perdait tout les deux. "Vous êtes un abrutit !" Une boucherie, c'était ça.. et au final, je devais aller annoncer à un jeune papa de 19 ans que sa fiancée et son bébé venaient de mourir... "Je suis désolée..."

J'allais me prendre une gifle lorsqu'il arrêta son geste, mais il était furieux et dévasté... et je comprenais... Pour ma part, je n'allais pas en rester là même si on me virait du service. Je pris mon courage en main et alla en parler à Teddy, il m'a dit qu'il avait reçu une plainte de Richardson qui me trouvait irrespectueuse, mais oncle Teddy avait bien compris que je disais la vérité, je lui avais tout raconté en détail, et je n'allais pas être celle incriminé. Cet abrutit venait de tuer deux personnes et ça allait retomber sur lui qu'il le veuille ou non. Après 6h de boulot sans pause, en sachant qu'il m'en restait encore 10, j'avais pris la décision de partir à la cafet pour me reprendre un peu. J'avais juste envie de pleurer après se double décès, mais il ne fallait pas. La cafet était pleine, je pris une glace et une bouteille d'eau, et en me retournant, un idiot me renversa son jus d'orange en plein sur mes seins. Seins qu'il tripotta par la suite pour tout essuyer. Je le regardais avec de gros yeux et la bouche ouverte en mode choquée. Et lui qui se confondait en excuses comme un petit enfant, il était mignon fallait l'avouer, mais quand même.... Jude alors... "Comme la chanson des Beattles ?" Je souriais un peu, j'avais eu une journée merdique, je n'allais pas passer mes nerfs sur lui. "C'est pas si grave" Mettant la bouteille d'eau dans une poche, j'ouvrais ma blouse, heureusemement qu'elle était épaisse, ma belle tunique rose n'avait rien subit ! Oui, là bas on était en rose ou en mauve ! Sexy hein ? avec la blouse blanche en plus je ressemblais à un gros chamallow. " Moi c'est Neela ! C'est pas grave tu sais, j'en ai tellement vu aujourd'hui que je peux pas te tuer... je suis au delà de ça... enfin je crois..." Je souriais encore un peu en voyant une table pour deux se libérer. "On va s'asseoir ?" Je ne lui laissais pas vraiment le temps de dire oui et m'installa pour manger ma glace. "Tu es ici pourquoi ?" J'entamais ma glace avec appétit alors que j'avais les larmes aux bords des yeux. C'était un trop plein de tout pour cette foutue journée...

À vrai dire, j'avais eu vraiment peur qu'elle m'en veuille à m'en donner une claque sur la joue. Je venais tout de même de tacher sa belle blouse blanche et tapoter ses seins afin d'amoindrir la marque orange! mais hélas, je ne faisais que l'étaler encore plus malgré mon bon vouloir. En me confondant en excuses par la suite, je me nommai afin de me présenter convenablement et de préciser que j'étais un patient et du coup, subtilement la prévenir qu'elle ne pouvait me mettre à la porte comme ça. J'en avais les mains et les jambes qui tremblaient encore plus que normalement, tant cette histoire me stressait! et cette fille ...mais bon sang qu'elle était belle! Lorsqu'elle prononçai le mot «Beatles» je ne pu que sourire car en effet, ma mère avait choisi ce prénom à partir d'une chanson de ce groupe britannique. Elle connaissait donc ses classiques! Intéressant. Un rire s'échappa alors d'entre mes lèvres et, tout en hochant de la tête, je baissai mon regard vers le sol en avouant «Oui, comme dans la chanson ...» au moins, elle ne semblait pas trop choquée par ce que je venais de faire!

C'est alors qu'elle ouvrit sa blouse en laissant apparaître un joli uniforme rose bonbon qui semblait lui aller à merveille tant physiquement qu'avec sa personnalité souriante et attachante. Pinçant mes lèvres ensemble, mes yeux tombèrent quelques secondes sur sa poitrine serrée entre son haut d'uniforme, pour ensuite détourner rapidement mon regard en prenant une grande inspiration, comme pour faire semblant de rien. Il fallait dire qu'elle était aussi parfaitement bien roulée, disons ...puis mes pommettes ne tardèrent pas à rougir pour la cause. Lorsqu'elle se nommai enfin, je fis l'air étonné comme pour camoufler ma gène du moment et sourit grandement en disant «Hey, ça me rappelle Nala, du roi lion! J'adore votre prénom!» puis eu un mince sourire en demandant d'une petite voix incertaine mais tinté d'humour «Je crois que ...je peux me compter chanceux alors?» et j'allai m'asseoir dans ma chaise lorsqu'elle vit une table et suggérai d'aller s'asseoir. Parfait, je n'avais pas du tout envie de la quitter immédiatement! Elle semblait fort intéressante, et je m'emmerdais énormément ...donc c'était l'occasion idéale pour socialiser! Je roulai donc vers la table et m'installai à ses côtés, regrettant silencieusement de n'avoir rien à boire à cet instant même. Ma soif était telle que j'aurais pu boire un litre d'eau entier sans m'arrêter pour respirer. C'était presque douloureux, mais je n'avais pas envie de jouer au patient exigeant avec elle. De plus, je soupçonnais qu'elle travaillait dans un département destiné aux femmes ou aux enfants. Il était rare de voir des médecins porter un uniforme aussi coloré, normalement.

Je m'appuyai donc sur la table en croisant mes bras puis mordillai ma lèvre à sa question. J'étais ici pourquoi? Soupirant un peu, je pris le temps de passer mes mains dans mes cheveux blond afin de trouver mes mots, avant de dire «Des traitements ...J'ai la leucémie.» et je détournai encore une fois mon regard de sur elle mais cette fois-ci, pour voir aucun signe sentimental de sa part. Je ne voulais absolument pas qu'elle ait pitié de moi. Elle était jolie, gentille, douce, agréable à parler ...Elle me plaisait bien! Quoi de plus nulle que de tenter de séduire une femme en disant en premier lieu «Ouais euh, j'suis leucémique. Enchanté.» malheureusement, avec une maladie aussi grave, les gens oubliaient la personne elle-même qui vivait cela pour ne voir que le nom de cette pathologie affiché en gros dans leurs fronts. C'était inévitable. Désirant changer de sujet, je haussai les épaules et retournai mon visage vers elle en souriant légèrement ...seulement, je remarquai rapidement qu'elle avait les larmes aux yeux. Clignant des paupières, je fis le tri de ses paroles dans ma mémoire jusqu'à me souvenir qu'elle avait semblé avoir eu une mauvaise journée. Elle ne pleurait pas pour moi, non, mais par exténuation. Elle était non seulement fatiguée mais prenait quelque chose à coeur, c'était évidant. Humectant mes lèvres lentement, je m'avançai un peu plus vers elle et lui mit une main sur la sienne avant de dire d'une voix rassurante «Nala ...Peu importe ce qui s'est passé aujourd'hui, tu dois rester forte.» mais je sentais que mes mots n'étaient pas assez lourd de sens, pour le moment. Même moi parfois, lorsque je me disais cela, je ne me croyais pas. Rester fort, mais pourquoi? Quand tout va mal, il est souvent difficile de remonter la pante. Surtout quand nous sommes seuls. Je venais de rencontrer cette jeune femme, mais triste comme elle semblait l'être, elle ne devait pas avoir beaucoup de gens réconfortant autour d'elle. Je n'avais donc aucune intention de l'abandonner, même si je n'étais jusqu'à présent, rien pour elle.

Serrant sa main un peu plus fort dans la mienne, je lui fis un doux sourire en disant «Parfois, dans mes mauvaises journées, je me met à penser à un endroit que j'aime ...ou un film que j'ai adoré! Un bon souvenir qui me fait rire. Je me dis que malgré ce lourd moment à passer, j'aurai la chance de retrouver peut-être la journée suivante, ces même bonheurs.» et je pris une pause pour respirer car mes douleurs revenaient lentement, et dit d'une voix plus basse cette fois, tout en la regardant toujours «et ça va généralement mieux après.» Je voulais qu'elle garde espoir vers l'avenir. Qu'elle ne prenne pas tout ce qui se passait au boulot à coeur, alors je continuai «Tu as une vie, Neela. Tu as une vie en dehors de cet endroit. J'imagine que c'est dur, mais tu ne devrais pas prendre tout ce qui se passe ici, trop personnel. Tu es là pour les soigner, et ce qui arrive de malheureux ne dépend aucunement de toi.» J'avais peut-être l'air dur et sans coeur sur ce coup, mais étant à la place de son patient, je m'en voudrais de la faire pleurer ainsi, si jamais je mourrais sous son quart de travail. Elle ne méritait aucunement d'être aussi triste pour qui que ce soit. Cependant, une certaine angoisse me traversai le corps. Je ne voulais pas non plus qu'elle croit que je lui faisais la morale! Non! Rougissant, je repris donc ma main que je vains serrer contre moi en croisant mes bras contre mon ventre, et dit d'un ton maintenant intimidé «Je suis désolé ...parfois je parle trop ...» tout en baissant ma tête, comme un enfant honteux.

Spoiler:

Nala, il m'avait vraiment appelé comme ça ? J'eus un petit rire amusé, on me la faisait rarement très honnêtement. Mais c'était tout à fait adorable, je ne savais pas vraiment à quoi nos parents avaient pensé en nous donnant nos prénoms. Enfin je savais pour le Margaret et l'Ariana mais pas le Neela. Dans tout les cas j'aimais assez mes prénoms, sauf le troisième mais ce n'était qu'un détail, par contre depuis toujours j'étais jalouse du Darling de Thisbe, c'était tellement poétique comme prénom. Il était mignon en faite à dire ça, il avait l'air d'avoir au moins 25 ans mais il avait une âme d'enfant, c'était attendrissant. Il avait raison en disant qu'il était probablement chanceux, je serais tombée sur Philipp il s'en serait pris pour son grade, mais d'une je ne voulais pas faire subir ma vie personnelle à mes patients, de deux, je ne le connaissais pas, je ne devais donc pas passer pour un Caliméro, j'avais tellement horreur qu'on pense cela de moi. Je n'étais pas du genre à me plaindre, j'étais du genre à cumuler encore jusqu'à un point de rupture. Il fallait juste que je me défoule, que j'aille à la boxe peut être. Ca faisait longtemps, et ça ferait sûrement un bien fou. On se posait enfin, et je pus entamer ma glace lorsqu'il m'annonçait l'abminable vérité. Un leucémique alors... Je ne pus m'empêcher de le fixer sur le coup avant de me concentrer à nouveau sur mon Magnum. Je n'avais pas l'habitude de parler avec des patients adultes. Quand on est externe on ne vous laisse pas faire grand chose, aux urgences on vous en demande tellement que vous vous souvenez à peine des visages, et là ou je suis maintenant je vois des mamans et des bébés, parfois des papas mais ils vont bien eux. J'avais un peu perdu se contact avec les patients adultes. Il était néanmoins un patient assez charmant, mais la suite de ses parles m'interpela quelque peu... c'était des conseils ou de la moral ? Je me sentais jugée alors qu'on ne se connaissait même pas, et puis, il me donnait se surnom tellemnt spontanément, comme si on se connaissait depuis toujours.

Je ne disais rien, me contentant de le regarder alors qu'il se léchait souvent les lèvres, elles paraissaient aussi extrêmement sèches. Il prit ma main dans la sienne, je ne pus m'empêcher de les fixer quelques secondes j'avais les joues rouges, on ne s'était jamais occupée de moi comme ça, surtout venant d'un inconnu... C'était assez surréaliste, discrétement je cherchais la caméra cachée des yeux. Ca devait juste être un gag.... non ? Cependant, entre sa douceur et ses paroles... Je riais nerveusement pour ne pas pleurer et montrer à quel point j'étais touchée par ce qu'il disait et faisait. Il faisait ça avec toutes les jolies filles inconnues ? ou juste cette fois par hasard ? Mais j'aimais se hasard, il me mettait du baume au coeur. Il avait raison, penser à des choses douces et tranquille ou drôle ça faisait du bien, mais je n'arrivais même pas le faire, il fallait bien avouer que j'avais aussi un état de fatigue avancer avec toutes les heures supplémentaires qu'on me faisait faire. Je l'écoutais encore parler, j'avais eu le temps de finir ma glace, et il se léchait toujours les lèvres, il avait raison, mais je n'allais pas mal à cause du travail. Mais il avait raison. Je restais cependant silencieuse, alors qu'il avait la tête basse comme un enfant attendant qu'on le gronde. Je me levais simplement partant vers les frigos, je pris une bouteuille d'eau et une autre de coca cerise, deux gobelets, un paquet de cookies, je revins avec lui, après tout, j'avais le droit à une pause comme tout le monde, autant se restaurer un peu. En revenant à table, il me regardait surpris. "Je ne comptais pas m'enfuir." Lui servant un verre d'eau, je lui tendais en souriant. "Bois... Je sais que les chimio assèchent énormément au niveau de la bouche, tu aurais pu le dire tu sais." Je passais ma main dans ma chevelure doucement en le regardant. "Le boulot c'est dur, mais ça va, c'est ma vie personnelle qui fout le camp. Tu as raison pour beaucoup de choses, c'est juste que même quand on est dort, parfois on craque juste..." J'eus quand même un tendre sourire en le regardant. "Dans tout les cas, merci pour ce que tu as dis. Et arrêtes de baisser ta tête, redresses le menton, tu es quelqu'un de bien... Jude." Je souriais avant de rire un peu. "Leucémie alors... ça va ?" Je ne pouvais m'empêcher de demander. "En tout cas, tu as beau ressembler à un Cullen à être tout blanc, tu as un sourire craquant !"